Daniel Cohn-Bendit vient d'apporter un soutien appuyé au candidat écologiste Yannick Jadot en déclarant que "seule Valérie Pécresse pouvait battre Emmanuel Macron".
Nouvelle forme de soutien, très à la mode, du même type que celui de François Hollande à Anne Hidalgo !
Or, ce que dit Cohn-Bendit n'est pas faux. Mais cette victoire de la candidate de la droite, rendue possible par les tendances lourdes qui taraudent la société française, ne peut advenir qu'à plusieurs conditions.
La première, que Valérie Pécresse ne perde pas des électeurs tentés soit par le vote en faveur d'Emmanuel Macron, qui mène la politique qu'ils attendaient depuis si longtemps, soit par celui en faveur d'un des deux candidats d'extrême droite. Ce qui conduit la candidate de LR à de difficiles exercices de contorsionniste.
La seconde, tout aussi indispensable, exige que le sinistre Z reste à un niveau suffisamment élevé pour affaiblir sa concurrente d'extrême droite sans que cette dernière ne s'effondre afin d'abaisser la barre d'accès au second tour.
Les derniers soutiens à Z, venus de LR ou du RN, s'en fixent l'objectif.
Mais derrière cette partie de billard à plus de trois bandes, dont la gauche est exclue (ou s'est exclue), se cache, pour le coup d'après, une ambition beaucoup plus stratégique : rassembler la droite et une partie de l'extrême droite, alors que LR, à droite, prise dans un étau, et qu'à gauche PS et PCF, en prise avec une profonde crise d'identité, sont menacés d'implosion et peut-être même de disparition.
La nièce Le Pen porte cette ligne de longue date qui permettrait l'accès au pouvoir de l'extrême droite dans un des pays capitalistes les plus développés. En déjouant le piège tendu dès 1981 par François Mitterrand, le plafond de verre serait surmonté et le chemin en serait tracé dès le second tour de cette présidentielle, en avril prochain, dans 70 jours.
En effet, pour que Valérie Pécresse puisse l'emporter au second tour, non seulement il faut qu'elle l'atteigne mais aussi que suffisamment d'électeurs de droite et d'extrême droite s'y retrouvent ensemble dans le même vote en sa faveur.
Ce qui ferait de ce deuxième tour une préfiguration de l'objectif d'installer durablement dans la vie politique française, ce que rendait impossible le positionnent d'un Jacques Chirac qui n'a jamais oublié que l'extrême droite a voulu assasiner le général de Gaulle, qu'elle a collaboré avec Pétain et l'occupant.
Emmanuel Macron devra compter sur les 40% d'électeurs venus de la droite et les 40% de ceux qui avaient voté pour François Hollande qui lui ont permis d'arriver en tête du premier tour puis de l'emporter en 2017. De belles acrobaties en perspective dans les jours à venir.
L'apprenti-sorcier locataire actuel de l'Elysée, dans le sillage de ses prédécessurs, aura beucoup contribué à faire de la politique un foutoir. Pas sûr qu'il apprécie aujourd'hui le monstre que sa stratégie aura enfanté.
Elle n'a été rendue possible que grâce à la prise de distance de plus en plus de citoyens, dégoûtés par la conception dominante de la politique et aux institutions de la Ve publique, avec les divers aménagements qu'elles ont subies.