Notre Ecole publique et laïque est malade. C’est devenu une banalité de l’écrire.
Le premier ministre a construit sa popularité sur le choix des vêtements autorisés à y être portés, le tri des élèves en groupes de niveaux, le port de l’uniforme et les coups de règle au bout des doigts.
Croire que ces remèdes pourraient apporter la moindre amélioration à un système surtout conçu pour reproduire l’organisation de la société qui l’a mis en place, reviendrait à prendre les vessies pour des lanternes.
Depuis Bourdieu, mais aussi avant lui avec Marx, nous savons que le système éducatif ne réduit pas les inégalités sociales, culturelles, géographiques que le capitalisme génère mais qu’au contraire, il les aggrave.
Il pourvoit à la reproduction de l’élite dont il a besoin et aux niveaux de qualifications nécessaires à la valorisation du capital privé pour pouvoir participer à une compétition mondiale régie par une concurrence libre de toute contrainte.
Tous les enfants ne sont donc pas placés à la même enseigne. L’Ecole les trie de façon plus ou moins visible, selon les périodes.
Elle est sans doute aussi, ceci expliquant cela, le service public dans lequel les mobilisations des personnels sont les plus fréquentes. Les parents, plus généralement l’opinion publique, les approuvent, les soutiennent.
La Seine-Saint-Denis, qui connaît une rupture d’égalité par rapport aux autres départements, vit le plus long, le plus déterminé mouvement revendicatif de son histoire.
Tout succès remporté par ces mobilisations populaires qui améliore la qualité du service public et élève le statut social de ses personnels porte un coup à cette logique, celle du capital.
Telle fut l’ambition, au sortir de la guerre, du plan Langevin-Wallon, conçu pour reconstruire le pays.
Dans les conditions d’aujourd’hui, n’est-ce pas la même ambition qu’il convient de retrouver ? L’ambition, pas toujours la lettre car c’est l’Ecole de la réussite de toutes et de tous qu’il convient d’inventer dans la situation actuelle, en se projetant résolument vers l’avenir.
Considérer que chaque enfant dispose des potentiels pour y parvenir est primordial. Ou ce sera l’affaire de tous ou ce ne sera pas.
Quels investissements notre nation entend-elle consacrer à la formation de sa jeunesse ? Quelle contribution y apportera l’Union européenne ? Que préfèrera-t-elle, investir dans les armes ou dans l’Ecole ?
Ce semble bien être le problème. Avoir le courage et l’ambition de l’affronter en grand serait déjà un progrès considérable.
Il n’en a pas été question dans la campagne électorale qui s’achève. Hier soir, Gabriel Attal n’en a dit mot sur France 5.
Il a plutôt été cherché comment faire taire nos étudiants.