LES SCHIZOS SOUS ANTIPSYCHOTIQUES : DES ZOMBIES À L'INTELLIGENCE ET L'AMOUR RABOTÉS
[...] président GIA
Lucien JEWCZUK
Paris, le 2 mai 2010,
[…],
J’ai lu ton témoignage de quinze pages que tu m’as adressé !
Je dois dire que si tu as eu raison de protester, le psy de [...] qui t’a collé un signalement à l'IPPP (le Pr ...) a eu raison de le faire : avec toi il n’y a que la force qui reste à utiliser pour te contraindre à stopper tes envois harcelants et totalement inutiles. En effet, et sur des décennies, tu te crois permis de tenter de persécuter des gens qui n’ont rien à voir avec toi, et tes affaires, tes affres, etc. avec tes courriers, dont on se fiche : chacun a sa vie à mener. En ce qui me concerne, tes écrits ne m’intéressent généralement pas. Je les trouve répétitifs et de contenu portant sur une situation que tu aurais dû trancher dans les années 1970 ou 1980 !
Bien sûr [...] n’a pas été thérapeutique ! Mais devait-il l’être ? Je ne le crois pas. Il devait être efficace. Il l’a été. Je parie que depuis tu ne te risques plus à écrire à ce psy. Si tel est le cas, c’est réussi !
Pour le reste, je trouve lamentable, je dis bien lamentable, un exposé incessant d’une coince volontaire dans une chronicité psychiatrique qui n’avait pas lieu d’être. Pour moi (et Philippe Bernardet te l’avait déjà dit en 2005) : non tu n’es pas un schizophrène ! Tu as été chronicisé dans les années 1960 comme tel et recruté comme patient à vie par des psychiatres travaillant avec des firmes pharmaceutiques comme consommateur à vie de cachets psychiatriques.
Si nous acceptions tous les uns et les autres de pareils deals, rends-toi compte dans quelle situation déplorable des millions de personnes seraient à être des cobayes volontaires du système psy, avec le cortège d’horreurs qui va avec, et la renonciation à la vie, à la lutte, à la bonne santé, qui va de pair avec ton genre d’acceptation.
Heureusement donc des gens refusent ce que tu as, par aberration, accepté. Et je fais partie de ceux qui refusent le genre de marché de dupes médiqué que tu as accepté et qui est lamentable !
Je te précise une fois de plus qu'au GIA, et sauf réserves personnelles et ponctuelles, nous sommes contre les prescriptions abusives et chronicisantes, inutiles la plupart du temps, de traitements psychiatriques. Nous sommes contre ces choses-là. Le GIA est traditionnellement pour des thérapies alternatives, choisies pleinement par les intéressés eux-mêmes, hors médications annihilantes. Le GIA est pour que les gens en sortent de la psychiatrie !
En tant que telle, cette organisation qu’est le GIA, ne peut pas, je le pense, c’est mon option, faire de la publicité pour ton cas, lui donner écho et donc te publier, puisque cela reviendrait à dire aux gens (ce qui est inadmissible pour nous et contraire à tout ce combat) :
"Acceptez d’être médiqué et diminué à vie, dans le cadre psychiatrique ! Acceptez d’être considéré même à tort (cela a été mon cas !) comme schizophrène chronique ; acceptez les saloperies qu'on vous prescrit !", etc.
Non, franchement, tout cela est inadmissible !
Ce n’est pas à nous de publier ton genre d’écrits !
Pratiquement du reste, un témoignage congru sur des faits précis, n’a pas à dépasser les quatre pages denses, précises, factuelles. Mais qu’au moins cela serve à dénoncer les aberrations du circuit psy !
À te lire. Mais pas trop fréquemment : je ne suis pas un de tes soignants, et mon emploi du temps n’a pas à être oblitéré par des actes d’écriture inutiles au niveau du job que j’occupe et de la lutte que nous menons. Si écrits il y a, ils doivent être congrus et pertinents, dans le cadre de cette lutte et des fonctions qui sont les miennes.
Bien amicalement à toi,
[...] président GIA
Lucien JEWCZUK
[...] président GIA
Paris, le 3 mai 2010,
Cher [...],
Je te remercie pour ton courriel en réponse à mon témoignage de quinze pages ! Je vais te répondre à mon tour, en essayant d’être bref, ce qui ne va pas être facile !
Sur quels éléments que je vous aurais communiqués autrefois, toi et Philippe Bernardet vous basez-vous pour affirmer avec une certitude quasi infaillible, que je ne suis pas un "schizophrène" ? Quant aux psys, bien sûr, eux aussi, ne peuvent-ils pas se tromper dans leur diagnostic, voire leur traitement ?
Mais peu importe le diagnostic ! J’ai eu deux crises graves en 1966-1967, ayant nécessité deux hospitalisations psy en urgence, alors que je prenais déjà des neuroleptiques, des tranquillisants, des somnifères, etc. depuis déjà un an, au cours desquelles, j’ai déliré, interprété, halluciné, souffert d’idées de persécution, de troubles graves de l’humeur, etc. Et surtout, j’ai failli tuer le veilleur de nuit !
Et à ma sortie (après environ trois mois d’hospitalisation psy en tout), je me suis dit :
"Je dois ma liberté à une camisole chimique : l’halopéridol !"
Tu me reproches d’être un dealer (je n’ai pas encore regardé dans le dictionnaire ce que signifie exactement ce mot mais mais je sais qu’il a un rapport avec la drogue dans mon imagination cela signifie : consommateur/revendeur de drogue). Mon problème pour pouvoir aller travailler c’était de surmonter les insomnies rebelles que j’avais depuis l’âge de dix-sept ans. Si je ne prenais ni neuroleptiques, ni tranquillisants, ni somnifères, etc. je ne pouvais jamais m’endormir. L’idée de me mettre alors en invalidité ne m’est pas venue, car à cette époque je ne savais pas que j’y avais droit et aucun psy ne me l’a jamais fait remarquer non plus. Par la suite j’ai fait trois tentatives jusqu’à actuellement pour supprimer d’un coup ou progressivement tous mes médicaments psy. Mais si on n’a pas supprimé ses problèmes psychologiques peut-on supprimer ses médicaments psy ? Ce n’est seulement qu’à la retraite, en 2005, que j’ai pu dire : "Je vois le bonheur !" En effet, c’est là que j’ai supprimé jusqu’à actuellement, tous mes tranquillisants et somnifères que je prenais depuis quarante-trois ans, ne gardant plus seulement qu’un peu d’antipsychotique, d’antidépresseur et de magnésium. Récemment (c’était la troisième fois), j’ai essayé comme tu le sais de supprimer ces trois derniers médicaments psy aussi. Malheureusement, des troubles et/ou des perturbations psy, même s’ils n’étaient pas psychotiques sont apparus (je les décris dans mon livre) et j’ai alors beaucoup souffert. Que devais-je faire ? À quoi sert-il de souffrir le martyre sans espoir d’en terminer avec ses souffrances ? J’ai donc repris mon antipsychotique, mon antidépresseur et mon magnésium à petites doses, comme auparavant. Et aussitôt, je me suis aperçu que j’étais très heureux ainsi, gérant facilement tous mes problèmes psy, sans souci.
Tu me reproches d’être un drogué enrichissant les laboratoires. Te rappelles-tu le mal que tu avais à t’arrêter de fumer autrefois ? Et pourtant ne disais-tu pas sportif ? Et sais-tu que le tabac et/ou l’alcool, c’est bien évidemment, ce qui remplace les médicaments psy ? N’enrichis-tu pas les gros industriels, pire que moi ? Ne fais-tu pas le trou de la Sécurité sociale, pire que moi ? Tôt ou tard, ne va-t-il pas falloir te soigner, voire aller à l’hôpital ? Et alors, à ton tour, n’enrichiras-tu pas, pire que moi, les médecins et les laboratoires ? Fumer un paquet de cigarettes par jour, c’est réduire sa vie de dix ans. Un fumeur sur deux meurt prématurément entre trente-cinq et soixante-neuf ans. Ne le sais-tu pas ? Mais que fais-tu ? J’espère que tu es enfin tiré d’affaire à ce sujet.
Tu me reproches aussi d’écrire, et pas seulement à toi, au point d’importuner ceux qui reçoivent mes courriers. C’est bien vrai, et sache que je ne le ferai plus, ne t’inquiètes pas. Mais si le besoin d’écrire est parfois plus fort que soi, comme aussi le besoin de parler, de prendre des médicaments psy, de boire, de fumer, etc. jamais la force, contrairement à ce que tu crois, ne peut agir sur ce genre de besoin. On n’agit pas d’ailleurs non plus par la force voire des menaces sur n’importe quel trouble psy quel qu’il soit. Je n’écris plus au Pr [...] et à bien d’autres, tout simplement, parce que j’ai réalisé qu’ils n’en avaient rien à fiche de la dégradation des soins, des services, de la relation médecin-malade, etc. à l’hôpital. Comme je le leur ai dit assez souvent ce qui compte pour eux n’est-ce pas : "la carrière, les honneurs, l’argent + rencontrer un(e) collègue en mal d’amour voire en manque de sexe" ?
Tu m’as fait remarquer que ma vie est "lamentable". C’est peut-être vrai, mais je ne l’échangerai pas contre la tienne ni contre celle de n’importe qui d’autre. Je suis très heureux actuellement même si je ne l’ai pas toujours été. Je suis enchanté que toi et bien d’autres au GIA soyez mieux tirés d’affaire que moi, dans la mesure, où, depuis longtemps, vous n’avez plus affaire à la psychiatrie. Nous n’avons pas tous la même vie. Et en matière de santé, il y a ceux qui comme vous se sont complètement tirés d’affaire (sauf pour le tabac), il y a ceux qui comme moi se sont tirés moins bien d’affaire (sans être dépendants du tabac), et bien d’autres qui ne seront jamais tirés d’affaire du tout (avec ou sans les effets du tabac). Ce qui est possible et vrai pour les uns ne l’est pas forcément pour tous les autres. Et cela quoi que fasse le GIA.
Je n’envisage pas de sortir de la psychiatrie avant ma mort : je vois ma psychiatre psychanalyste pour un peu d’antipsychotique, d’antidépresseur et de magnésium et un entretien d’environ trente minutes, une fois par mois. Je suis comme un diabétique qui a chaque jour besoin de son insuline. Quel mal y a-t-il à cela ?
Serais-tu parano ?
Bien cordialement à toi,
Lucien JEWCZUK
[...] président GIA
Lucien JEWCZUK
Paris, le 4 mai 2010,
Cher […],
Je rectifie quelques erreurs :
Je ne te reproche pas d'être un "dealer" (dans le sens de revendeur de drogue) mais d’être resté continûment sous l’emprise de "dealers" de psychotropes légaux : les prescripteurs (psychiatres) de ces traitements inutiles qui ne doivent être pris qu’à durée limitée, sauf un très petit nombre de cas, auquel d’ailleurs à mon sens, tu ne t’incorpores pas, à la base.
Tu ne te rends pas compte de ce qu’est une personne schizophrène chronique qui ne fait guère que délirer dès que possible. J’en ai connues pour ma part à [...]. L’étiquette de schizophrène te concernant est une tromperie pure et simple. Tu as eu des accès hallucinatoires de type schizophrénique, à certains moments précis comme beaucoup de gens dans la population. Accès qui pouvaient se résorber sur médications neuroleptiques pendant quelques temps (environ trois mois de suite en baissant les doses progressivement). Puis, à toi de faire.
On t’a vendu ta chronicité en te disant que c'était le seul moyen de ne pas rechuter : de prendre ces traitements neuroleptiques. C’était du baratin. Nos diverses affaires le prouvent, comme la trajectoire de tas de gens dans la population française qui ont eu adolescents et jeunes des problèmes graves, dont mentaux, lesquels se sont résorbés naturellement, sans plus ample chronicité… Pour ta part, on t’a intéressé à ta chronicité et donc à des traitements à vie. Ce qui était une monstruosité. Car à la fin ce genre de choses, c’est outre une aberration médicale, une monstruosité humaine, dans laquelle on joue, par psychotropes interposés, la déshumanisation des patients en atteignant en eux ce qu’il y a de plus sacré chez l'Homme (et qui nous différencie de l’animal) : l’intelligence. Qu’est-ce que l’intelligence d’un individu quand elle est continûment rabotée et limée voire carrément éliminée par des neuroleptiques puissants ? Plus rien pratiquement ! Les patients au long cours traités sous halopéridol, etc. sont de fait, déshumanisés.
J’en suis navré.
Et encore heureux, nous sommes tout de même nombreux à refuser ce genre de deals. Et si nous ne l’étions pas, je dis qu’en France, actuellement ce serait foutu, mais vraiment fichu, des libertés concrètes et individuelles, des patients et anciens patients psychiatriques. Point barre.
À te lire,
[...] président GIA
Lucien JEWCZUK
[...] président GIA
Paris, le 5 mai 2010,
Cher [...]
Je te remercie pour ton courriel en réponse au mien.
Tu dis bien des vérités :
- les médicaments psy usent réellement le cerveau. J’ai passé des tests de mémoire en 2001 à [...] puis je les ai repassés en 2009. Eh bien, le fait d’avoir en 2005, supprimé tous mes tranquillisants et somnifères jusqu’à actuellement a fait que mon quotient intellectuel est alors passé de 119 en 2001 à > 130 en 2009. Mais, ne te fais pas d’illusions, quoique je fasse je n’aurai jamais le quotient intellectuel d’Einstein : 160.
- ma schizophrénie n’est pas la forme la plus grave : je ne suis pas en état démence chronique comme 30 % des schizophrènes internés à vie à l’hôpital psy !
- la schizophrénie n’est pas forcément une maladie chronique ; je te rappelle ce qu’a dit le Pr [...] de l’hôpital [...] à [...], dans l’émission de France 2 où je suis passé le 20 novembre 2004 "Mieux comprendre la schizophrénie" : "10 % des schizophrènes ne font qu’une seule crise sans suite." C’est-à-dire, qu’ils n’ont pas écouté l’avis de leur psy, et heureusement, car sinon c’était pour eux l’invalidité à vie.
Je ne sais pas si toi et le GIA conseillez réellement aux psychiatrisés d’arrêter leurs neuroleptiques ou antipsychotiques. Car comment faites-vous pour prédire l’avenir avec une quasi-certitude infaillible ? Le Pr C. L. n’a-t-il pas dit aussi, toujours dans la même émission où je suis passé : "En général, lorsque les malades arrêtent leur traitement, c’est la rechute assurée dans un délai d’un à deux ans !" ? Quand on arrête tu sais très bien ce qui se peut se passer ensuite : délits, crimes, suicide, etc. Vous rendez-vous compte du risque et de la responsabilité que vous prenez ainsi ?
En réalité, à mon avis, quand on a des crises et qu’elles ne se répètent plus, probablement du fait des médicaments psy (mais comment le savoir me diras-tu ? réponse : les statistiques !), si on arrête ceux-ci, d’un coup ou progressivement, la suite n’est, en réalité, qu’une loterie : pour combien qui ne font pas de rechutes combien en font réellement ?
Les psys et les laboratoires ont-ils intérêt à entretenir la chronicité des schizophrènes en traitement ambulatoire pour se faire du fric sur leur dos ? Pourquoi pas ! Mais n’est-ce pas vrai aussi pour l’alcool et/ou le tabac et bien d’autres choses encore ? Et que fais-tu ?
Je me considère très heureux et assez intelligent comme je le suis actuellement, pour ne pas remettre en question le peu d’antipsychotique, d’antidépresseur et de magnésium que je prends. Je ne vois pas pourquoi je remettrai en cause ce bonheur pour être agréable à toi et au GIA.
Tu es content et heureux de fumer ? S’il y a des schizophrènes qui sont contents et heureux de suivre leur traitement médicamenteux, voire psychothérapique, c’est leur choix.
Bien cordialement à toi,
Lucien JEWCZUK
[...] président GIA
Lucien JEWCZUK
Paris, le 6 mai 2010,
Cher […],
Il n'y a pas de mal à ce genre de positions. Il y a juste que ce n’est pas nous, au GIA, qui sommes concernés. Et il y a que nous avons de bonnes raisons de rejeter ce genre d’options : nos vies, nos santés, nos intellects, nos combativités. À ce propos je te signale que j’ai arrêté de fumer en septembre 2007.
Merci de ne m’envoyer que des méls rares, et à propos. Une fois par semaine, si pertinence, c’est suffisant. Sinon, je cesserai de les lire, a fortiori d’y donner suite.
À te lire, mais seulement de temps en temps.
[...] président GIA
Avis du Pr Jean Luc Roelandt : "Les neuroleptiques gomment tout ce qui fait le bonheur et en particulier la vie amoureuse !"
Cliquez sur le lien suivant à ce propos : https://www.youtube.com/watch?v=H-8AEsoVZec