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Billet de blog 11 septembre 2012

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Lu d'un trait hier soir le terrible "Assommons les pauvres !", récit laissant croire la presque quadragénaire rangée sans états d'âme du côté des nantis. Possible que son personnage central dise tout haut ce qui se trame dans bien des familles depuis que la globalisation gomme le passé de l'individu :

"Père, chemise bleue, chemise blanche, tu ne les mets plus. Ton corps doré, bronzé au soleil d'août, ton corps d'athlète, il ne te manquait que la perche, tu sautais, tu franchissais, tu traversais les années en riant. Je longeais les après-midi sur ton dos à petits pas, mes jouets au creux de ton corps, dans les cheveux étalés de mère, douce sorcière, qui coupait toujours trop court mes ongles, me forçait à boire du lait fumant, odeur de vache, mère, je savais même enfant que nous n'étions pas les miroirs l'une de l'autre, ton visage comme d'un autre clan me restait lointain, je n'y reconnaissais pas père, grand-mère, leurs signes d'affection, tes bras me serraient jusqu'à m'étouffer, tes larmes ruisselaient parfois sur mon dos et je frissonnais sans savoir quoi faire, sans savoir pourquoi le faire surtout. Père, ma petite mère, je ne vous aime pas, je ne vous ai pas aimés. Si aujourd'hui ma voix est aimante, c'est parce que je sais combien je ne sais pas vous aimer. Je vous ai utilisés comme une fusée utilise l'aire de lancement, avec mes jambes serrées je vous ai donné un coup de pied et je me suis propulsée dans le vide. Devant moi".

En refermant le livre, j'étais fumasse. C'est indigne de reprocher à des personnes de manquer d'instruction là où le sort a décidé de leur naissance, comme ça, sans approfondir au cas par cas. Sans doute la saturation d'avoir eu à interpréter des versions de demandeurs d'asile à cent lieues de la vérité ? Il n'empêche que c'est une vue trop courte en regard du rouleau compresseur à l'oeuvre partout.

Et puis, en découvrant cette vidéo ce matin où la romancière laisse deviner sa vulnérabilité, un peu plus de compréhension, surtout si je me réfère à ce malabar adolescent hier, planté de toute sa carrure devant chaque nouvel arrivant d'allure proprette à un arrêt de tram. La nouvelle manière de réclamer la pièce. Il n'était pas muet puisqu'il m'a maudite dans sa langue quand je lui ai dit non.

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