DEPLACEMENTS
Etranger
Toi qui n’es pas du coin
Bien des regards disjoints
Disent à mots couverts
« Tu ne fais que passer
Va plus loin
Sors de mon univers
Rejoins la terre qui t’a porté»
Ainsi vont les frontières
Toujours plus arbitraires
D’un monde sans étrangers
Etranger
Toi et les tiens
Sans sol et sans papiers
Le mot d’ordre est donné
Tu es l’indésirable
Agrippé à la bande de sable
De ceux qui y sont nés
Et entendent y rester
Ainsi vont les frontières
Toujours plus arbitraires
D’un monde sans étrangers
Etranger
Redeviens nomade
Rends-toi malléable
Au gré des circonstances
Et des lois de l’urgence
De capricieux nantis
Ne fais pas la fine bouche
Et ce soir tu coucheras
Dans un bon lit
Ainsi vont les frontières
Toujours plus arbitraires
D’un monde sans étrangers
Etranger
Toi qui prends la porte
Je ne t’ai pas tout dit
Sais-tu que l’on m’exporte
A mon tour hors d’ici
A coup de botte
Et par la grande porte
Ce soir je prends un train
Qui m’emportera loin
Dans un glacial pays
Avec six mois de nuit
Ainsi vont les frontières
Toujours plus arbitraires
D’un monde d'étrangers