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Billet de blog 21 février 2010

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"Chant des Mers du Sud" de Marat Sarulu, une rareté venue de l'Est

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Déjà primé en 2002 à Nantes pour "Le Faisan d'Or", ce réalisateur kirghiz récidive avec "Chant des Mers du Sud", le prix du public au Festival des Trois Continents en 2008. Je me souviens de cette projection, moment collectif intense.

Décor planté en quelques images entrecroisées, à peine le temps de deviner une tension, et zoom sur une scène de ménage pas piquée des vers ! Suffisant pour reconnaître l'audace ainsi que la photo soignée, cette fois en couleurs contrairement à l'oeuvre précédente, avec un rythme plus alerte, comme s'il y avait urgence à déposer un fardeau.

Fil narratif imprévisible (où s'intercalent marionnettes et dessins naïfs du plus bel effet). Le petit hameau de départ restera le point d'ancrage. On sillonne les étendues désertiques en deux-roues, ce film, c'est un peu comme jouer à se perdre pour mieux se retrouver...

Nul doute que ce cinéaste d'origine soviétique sait parler du vivre ensemble. S'il met en mouvement des couples empêtrés, l'enfant trait d'union incarne l'éternel questionnement "qui suis-je ?", son cheval le comprenant mieux que ses semblables.

Fort heureusement, à mi-parcours, un aperçu historique vient éclairer le passé, instant de gravité, étonnante rupture de rythme. Des infos habilement glissées pour relier les parcours multi-ethniques antérieurs au drame présent : cette année 1916 par exemple, où les populations furent écartelées par le régime... Après les guerres, comment se reconstituer ?

Une série de douleurs qui n'empêcheront pas les spectateurs d'applaudir aux chants et danses locales, hommes libérant leurs instincts de cavaliers ou femmes réconciliées après étripage en règle !

Marat Sarulu connaît bien les rivalités de caractères, de cultures, de religions pour y avoir toujours baigné. Il souligne les incessants mélanges entre les peuples, un détail qui a son importance côté identitaire... Eternel farceur malgré ses plaies, il n'est pas loin de préconiser"la fraternité quand même" !

La bande-annonce donne une idée de l'ambiance, mais rien concernant la philosophie et la poésie globales. Il faut donc courir voir cette merveille tant qu'elle est à l'affiche.

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