Après le lancement du manifeste, début septembre, et dans la foulée du colloque parisien d'octobre, les centaines d'économistes «atterrés» par le retour aux bonnes vieilles pratiques d'avant la crise, sortent leur texte salutaire en librairie (Les liens qui libèrent, 5,50 euros). Rien de neuf par rapport à ce qui existe déjà sur internet, mais c'est l'occasion d'y revenir à tête reposée, alors que l'Assemblée s'apprête à préciser les contours de la rigueur en France, lors du débat sur le budget 2011.
Démontage clair et net du «logiciel néolibéral» toujours en vigueur malgré la crise des subprime, argumentaire précis contre les politiques d'austérité en train d'être déployées en Europe, critique des ressorts idéologiques des G-8 et G-20 à répétition: il faut faire circuler ce manifeste, qui balaie large et touche souvent juste. Au passage, des traductions du texte, en anglais et en espagnol pour commencer, n'auraient pas été de trop, pour faire connaître ce document dont la portée dépasse largement le cas hexagonal.
Au 2 novembre, le texte, écrit par Philippe Askenazy (Ecole d'économie de Paris), André Orléan (CNRS), Thomas Coutrot (Attac) et Henri Sterdyniak (OFCE), était signé par 1700 personnes, en majorité des économistes universitaires. Un élan collectif qui peut surprendre de la part d'un milieu universitaire que l'on aurait pu penser plus frileux quant à ses prises de position publiques.
Signalons aussi la mise en ligne progressive des interventions réalisées dans le cadre du colloque du 9 octobre. Où l'on peut écouter, par exemple, André Orléan, Frédéric Lordon et Romain Rancière (non signataire du manifeste, mais précieux contributeur au débat).
Dans le «journal» de Mediapart, retrouvez ici notre compte-rendu du colloque, et là notre enquête sur les relations entre les «atterrés» et le mouvement social en cours contre la réforme des retraites.