Des municipales dans plus de 8.000 localités, et des régionales dans 13 communautés autonomes, sur fond d'extrême volatilité des électeurs… Voici les quatre enjeux de la journée électorale de dimanche, pour savoir qui, lundi matin, aura gagné ou perdu.
1 - Madrid, Barcelone: le score des candidatures d'« unité populaire »
L'« indignation » a-t-elle un avenir dans les urnes? L'attention sera braquée dimanche soir sur les scores de Barcelona en Comú, la candidature citoyenne portée par l'activiste Ada Colau à Barcelone, et de Ahora Madrid, emmenée par Manuela Carmena dans la capitale. Dans leur sillage, des centaines de ces plateformes citoyennes à géométrie variable, brassant mouvements sociaux et partis politiques de gauche (des listes dans certains cas soutenues par Podemos, parfois par les écolo-communistes d'IU, parfois par les écolos d'Equo, parfois par les trois) pourraient décrocher de bons résultats ici ou là. Par exemple à Saragosse, la capitale de l'Aragón, ou encore à La Corogne, en Galice.
• Nos reportages à Madrid avec Manuela Carmena (en mai 2015) et à Barcelone avec Ada Colau (en octobre 2014).
2 - Les résultats du Parti populaire à Madrid et Valence
Le PP (au pouvoir au niveau national) va-t-il limiter la casse, comme le prédisent les sondages, ou s'effondrer totalement? Pour le savoir, il faudra regarder en priorité les résultats des fiefs historiques du parti conservateur en Espagne: Madrid et Valence (les deux villes mais aussi les deux communautés autonomes), secouées par des scandales de corruption à répétition ces dernières années. A suivre également de près: le score de la secrétaire générale du PP, María Dolores de Cospedal, dans « sa » région de Castille-La-Manche. Sur les 13 communautés autonomes où des élections sont organisées dimanche, le PP gouvernait dans 12 d'entre elles avec des majorités absolues dans presque tous les cas.
3 - Y aura-t-il des régions où Podemos devance le PSOE?
Ce serait un joli coup pour la formation de Pablo Iglesias (qui se présente uniquement au régionales), mais c'est encore loin d'être fait. A Podemos, on espère de très bons résultats en Aragón, avec l'ex-eurodéputé Pablo Echenique, mais aussi dans les Asturies et en Navarre. A suivre aussi, le résultat de José Manuel López, dans la communauté autonome de Madrid (même si le candidat du PSOE jouit d'une forte popularité au sein de l'électorat de gauche). Pour rappel, Podemos avait accroché la troisième place (15%) lors des élections anticipées d'Andalousie en mars, derrière le PSOE (à 47%) et le PP (33%), mais ces résultats sont à prendre avec des pincettes, tant l'Andalousie est un fief historique du PSOE.
Une question subsidiaire se pose pour Podemos, et la réponse pourrait peser lourd dans la stratégie des mois à venir, d'ici aux législatives de la fin d'année: quels seront les scores en région des candidats proches d'Iglesias, et quels seront ceux des candidats de la ligne « critique », incarnée, par exemple, par Pablo Echenique?
• Notre entretien avec Pablo Echenique est ici.
• Et notre dernier article sur Podemos, après la démission du numéro 3, en avril dernier, est là.
4 - Dans combien de régions Ciudadanos sera-t-il en position de « faire » l'exécutif régional?
Le parti centriste du catalan Albert Rivera va-t-il mordre un peu, ou beaucoup, sur l'électorat du PP? Ciudadanos pourrait ainsi se trouver en position d'arbitre, pour former des majorités régionales, dans de nombreuses commutés autonomes où le PP perdrait sa majorité absolue. Des discussions s'ouvriront alors, dans lesquelles « C's » devra choisir au coup par coup, entre le PP, le PSOE et Podemos.
• Notre article sur le phénomène Ciudadanos.
• Et notre entretien avec Pablo Simón, sur le surgissement des deux nouveaux partis en Espagne.