A ceux qui n'en peuvent plus d'entendre parler «stimulus», «fonds propres», «Bâle 3» et autre «bailout plan», on conseille le dernier chantier de la revue Vacarme (n°54), consacré aux «fictions à l'œuvre», coupé en plein milieu (pp. 33-37) par une intervention euphorisante d'Eric Baudelaire. Le photographe plasticien a évidé les pages du Wall Street Journal de septembre 2008, en pleine faillite du géant bancaire Lehman Brothers, à une époque où une bonne partie de la presse économique découvrait, effrayée et tremblante, les perversités du capitalisme financier.
A partir des lectures d'une tribune de Karl Rove, ex-conseiller de George W. Bush, ou d'une longue analyse sur les failles des règles comptables des banques aux Etats-Unis, Baudelaire repère, et encadre au crayon rouge, des mots qui finissent par former des vers d'un classique de Verlaine, qui donne son titre à l'œuvre, Chanson d'automne: «Les sanglots longs/Des violons/De l'automne», etc. Ce collage réalisé en 2009 «effectue le geste même de la fiction, fait surgir d'autres textes à même les textes, et laisse entrevoir, rêveusement, d'autres possibles», écrit la revue. On respire un peu mieux.