Ludovic SANCHEZ (avatar)

Ludovic SANCHEZ

Intervenant Climat Transition

Abonné·e de Mediapart

5 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 septembre 2019

Ludovic SANCHEZ (avatar)

Ludovic SANCHEZ

Intervenant Climat Transition

Abonné·e de Mediapart

Destructeurs contre Terriens, le dernier combat.

Après une énième marche pour le climat à travers le monde regroupant des millions de personnes, une jeune suédoise pleurant de voir son futur anéanti et incitant les jeunes à s’insurger puis observer le vide sidéral de la réponse politique apportée à ces maux, le constat est simple : Le 21 ème siècle de l’Humanité est placé sur l’opposition funeste entre Destructeurs et Terriens.

Ludovic SANCHEZ (avatar)

Ludovic SANCHEZ

Intervenant Climat Transition

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après une énième marche pour le climat à travers le monde regroupant des millions de personnes, une jeune suédoise pleurant de voir son futur anéanti et incitant les jeunes à s’insurger puis observer le vide sidéral de la réponse politique apportée à ces maux, le constat est simple :

Le 21 ème siècle de l’Humanité est placé sur l’opposition funeste entre Destructeurs et Terriens.

Qui sont les Destructeurs ?

Qui sont les Terriens ?

Quel degrés de pensée faut-il avoir pour apprécier les maux de notre Monde ?

Voilà les 3 questions nécessaires aux enjeux actuels et futurs.
Mais tout d’abord replaçons nous dans le contexte et la lecture scientifique interdisciplinaire qui en faite.

N.B : Pour ceux qui ne croient pas ou plus en la science (arrêtez de lire cet article à la fin de cette note), je répondrais ceci. Nous croyons en la science lorsque celle-ci nous apporte une réponse personnelle. Lorsque la science démultiplie nos potentialités humaines, nous y croyons. En voici quelques exemples, lorsque je me soigne et guérit d’un cancer, je crois en la science, lorsque je traverse le globe en avion pour profiter de mes congés payés, je crois en la science, lorsque je désengage mon corps et mon esprit d’une certaine réalité physique en pianotant sur mes écrans de Smartphones, et de consoles, je crois en la science, par contre lorsque celle-ci réduit mes potentialités de croissance individuelle, lorsqu’elle m’impose un cadre, comme le réchauffement climatique devrait nous l’imposer, je préfère la réfuter. Ici réside la dualité de notre Humanité, nous préférons voir une réalité positive tronquée, qui nous semble viable et soutenable pour notre vie, et ignorer toute variante négative qui suggère anxiété, nervosité ou colère face à notre propre futur.

Sans ignorer l’évolution à travers les âges de l’humanité, et les interruptions de celle-ci par des effondrements cycliques liés à la multiplication exponentielle de la croissance, et du phénomène même de l’énergie qui apparaît, croît, décroit et disparaît, que l’on peut qualifier tout simplement de « vie », nous sommes actuellement arrivés dans le cycle de décroissance qui souhaité ou pas, ne peut que se dérouler et précariser les acquis de l’humanité. Les autorités scientifiques ne cessent de nous alerter quotidiennement sur les dangers imminents des phénomènes comme la perte drastique de biodiversité, la sécheresse, la montée des océans et de leurs températures, la précarité alimentaire qui pèse sur le monde, le manque de ressources en eau, et bien plus encore.

Si on y ajoute la dernière étude relatant l’augmentation de la température d’ici à 2100, c'est-à-dire 7 degrés, nous savons pertinemment que les dates butoirs se rapprochent aussi vite que celle de l’extinction humaine.

A ce contexte unique, j’ajouterai juste que contrairement à d’autres types d’extinction de masse. La Terre mettra des millions d’années avant de retrouver l’équilibre nécessaire à la vie, mais au delà de ces informations critiques sur notre destin, où en sommes-nous avec ces données intégrées qui façonnent notre avenir. Il semblerait que 2 catégories d’humains soient amenées un jour à s’affronter.

Les destructeurs et les terriens.

Mais qui sont les destructeurs et quels sont leurs outils ?

Les destructeurs prennent leur place dans la société dans chaque strate et ont des échelles d’impacts différents.
Les premiers et les plus destructeurs sont les élites politiques.

Pourquoi ?
L’évolution humaine étant comme l’énergie, elle a besoin de croître. Nous sommes donc tous acteurs de notre propre croissance et avons contribué au développement du modèle actuel de « démocratie libérale » axée sur le développement de la croissance et du capital. Nous avons essayé de trouver le bonheur dans le consumérisme et l’augmentation du capital financier au détriment des ressources élémentaires nécessaires à la vie. Aussi conscience faite sur ces faits, les politiques étatiques mondiales sous couvert du Fond Monétaire International et de nombreuses autres organisations et instances continuent d’exhorter les états à croître et ne pas relâcher la croissance, or nous savons désormais tous que nous sommes en décroissance d’énergies et de ressources naturelles précieuses pour continuer un développement axé sur le consumérisme. Les politiques actuelles commettent sciemment un crime contre l’Humanité. Vous me direz certainement que les politiques ne sont que les marionnettes de la finance et que celle-ci est la réelle prédatrice, pourtant sans les politiques pour appliquer l’austérité nécessaire à l’augmentation des dividendes, la finance ne pourrait pas détourner l’économie réelle comme elle le fait pour ses simples profits.

La corruption, les conflits d’intérêts, l’inégalité face à la justice, la perte de moralité, tels sont les signes de la déchéance quotidienne des pouvoirs centraux qui continuent leurs projets dévastateurs sur l’environnement et sur notre humanité.

Pour rester en place et avoir la primeur du peu de croissance existante, les élites utilisent différents types d’outils. Le premier et non le moindre, est la propagande. Les présidents 2.0 sont des « communiquant» qui utilisent tous les ressorts médiatiques pour arriver à leurs fins. L’amplification et le choix de sujets restreints dans les journaux ou les chaînes télévisées appartenant à l’élite financière mondiale, est la seule démonstration à faire, pour comprendre la subjectivité de ce qui nous est distribué, priorisant nos objectifs à court terme et martelant constamment des mots clés comme, chômage, compétitivité, dette... N’oublions pas que l’esprit de masse existe. La vie en société sollicite de l’esprit humain le souhait d’avoir un futur commun basé sur les mêmes critères. Par l’éducation, et notre travail, nous coopérons à la normalité culturelle du pays où nous résidons. Ajoutez y des publicités sur tous les écrans, dans toutes les villes, éliminez le peu de végétation qu’il reste et soyez hypnotisé par vos désirs croissants de produits manufacturés, et vous ferez partie de la masse docile et bien éduquée possédant le dernier Smartphone ou le dernier SUV.

Cette propagande axée sur le principe même de croissance économique ne s’arrête pas là. Lorsque je suis au sommet et que je ne peux plus démontrer ma légitimité par mes actions, quel est donc le meilleur moyen de conserver ma place ?

Détourner les yeux de ceux qui me regardent. Alors que la crise financière systémique se fait attendre, que les droits humains primaires ne sont plus respecter, que les niveaux de vies se voient impactés et se détériorer, le meilleur moyen est d’opposer ceux qui me regardent. Voilà pourquoi, à travers le monde, un autoritarisme ambiant se fait ressentir, axant les pulsions humaines sur des différences infimes, mais bien sûr, toujours en corrélation avec le capital. Cela ne résoudra pas le réchauffement climatique, mais protégera pour un temps les gens de pouvoir.
Bien évidemment l’emprise financière, et militaire des élites sur leurs peuples, anesthésie les objections de ceux qui tentent de contester, continuant de laisser la masse rêver avec inquiétude de sa servitude volontaire.

Les seconds destructeurs mais non les moindres, sont cachés derrière leur faire valoir politique et sont les multinationales, ou la main obscure qui dirige les amendements de lois et qui ne se cachent plus d’imposer aux états leurs directives, et tout ceci avec une arrogance, comme Total qui augmente les dividendes en plein sommet sur le climat à l’ONU, ou encore le PDG de l’Oréal qui avoue adorer la pollution, tant qu’elle augmente son chiffre d’affaires. Capables de verser de forts dividendes et de s’enrichir toujours plus sur l’environnement, ils ont accélérés la mise en place de nouveaux besoins pour conditionner notre vie de consommateurs. Misant toujours plus sur nos désirs individuels forgés par la propagande, ils créent les problèmes pour ensuite créer les solutions qui à leur tour deviendront des problèmes. La forte puissance financière qu’ils représentent attise la convoitise de ceux éduqués par le capital et la compétitivité, creusant les inégalités, et stigmatisant ceux qui ne peuvent ou veulent suivre cette ligne de conduite.
Malgré les ressources scientifiques étayant les différentes causes du réchauffement, elles continuent l’extraction des ressources, la déforestation, l’anéantissement des écosystèmes, l’accélération de la pauvreté, préférant voir les non initiés s’entretuer que de repenser en profondeur leur système de développement et de privilèges.

Ce petit cortège de destructeurs de pointe est ensuite suivi par la masse qui y croit.
Tous les raconteurs d’histoires, tous les raconteurs d’une réalité effaçant les données climatiques, financières, et sociales actuelles, se fourvoient et participent à cet obscurantisme grandissant qui pointent du doigt des boucs émissaires utiles pour décharger la colère de chacun comme les migrants, ou encore les écolo, ou encore l’autre, celui qui nous sort de notre routine et d’un futur bien défini que nous souhaiterions voir gravé dans le marbre, pour nous les occidentaux, le travail, la richesse et le capital.

D’ici à 2100, 50 % de la population mondiale aura disparue. A cette affirmation scientifique d’autres répondent par un autre son de cloche, ce sont les terriens.

Mais qui sont-ils ?

Les Terriens sont entièrement ancrés dans la réalité naturelle et temporelle. Ils ont de nouveau ou savent depuis longtemps que l’interdépendance du vivant est un équilibre bien fragile, qui malmené comme il l’est par les multinationales et les politiques suit une rupture croissante par petits effondrements. A cette conscience, les Terriens comprennent que leur place, ici et maintenant doit être en accord avec la nature. Que ce qui lui est pris doit être compensé, que toute création humaine non naturelle engendre pollution, et détérioration des écosystèmes. Les Terriens veulent donc vivre sobrement et apprécier la vie pour ce qu’elle est, et non pour ce qu’on peut lui exploiter. L’Homme n’est pas le maître de l’univers, mais bel et bien un infime être faisant partie du vivant et ne le dominant pas. Le Terrien comprend également que la société de consommation qui lui a été vanté, n’est qu’un leurre, lorsque qu’il n’a pas accès à une alimentation saine, un air pur, et des sols riches en micro-organismes pour simplement vivre, aussi il souhaite retrouver le lien originel de l’Homme à son environnement et restaurer celui-ci. Il crée donc des jardins partagés, cultive, travail de manière artisanale, préférant le temps long et en accord avec les saisons, plutôt que le court termisme destructeur pour plus de capital financier. Il ne court plus après l’argent, mais après un bien être en osmose avec le vivant. Permaculture, autonomie, lien retrouvé, prise en main de l’action collective, ce type de résilience est en adéquation avec le futur chaotique qui nous attend.

Quels sont ses outils ?
Encore minoritaire, il ne dispose pas de fonds à investir, ni d’armée à utiliser, aussi il s’inspire d’anciens mouvements, de lutte non violente, de désobéissance civile, et comme c’est en user le capitalisme, il utilise les nouveaux médias numériques pour décupler sa visibilité.

En 2019, plus de 160 personnes engagés dans l’écologie ont trouvé la mort à travers le monde.
La résistance des destructeurs au changement bénéfique pour l’humanité démontre bien que la Guerre est engagée.
Etre en garde à vue pour avoir décroché un portrait du président Macron dans une mairie pour inaction climatique, être en garde à vue pour manifester contre des injustices sociales, voilà la conduite de la politique qui par contre laisse passer à travers la justice tous les conflits d’intérêts et la corruption qui gangrènent ses élites.

Voilà l’état du monde, qui nous ferait devenir fous. L’éthique n’existe plus, les droits universels ne sont que des lignes écrites sur du papier. La course à l’individualisme est sacrée sur l’autel funeste de la fin de notre Humanité.

Quelle prise de conscience faut-il avoir pour observer le monde de cette manière, me dirait-vous ?

Elle est assez simple, après avoir été un individu né à Bordeaux, après avoir été français, aujourd’hui j’ai compris que j’étais tout simplement humain, et que comme chacun d’entre nous ma quête de vie réside dans le bonheur que j’essaie de trouver sur le temps qui m’est imparti à vivre, et celui-ci se retrouve dans les besoins simples qui épanouissent mon corps physique et ma pensée. Le réchauffement climatique et l’avenir qu’il nous dessine me recentre sur mes besoins essentiels qui ne sont plus satisfaits, me nourrir correctement, boire une eau salvatrice et régénérante, m’abriter, m’éduquer, tisser des liens, et agir avec les autres, voilà ce qui nous a été dérobé par les destructeurs. Nombreux sont ceux qui ont ou qui sont sur le point d'acquérir cette élévation de conscience. A travers le monde, les peuples se soulèvent contre un capitalisme exacerbé qui nous ferait la morale sur nos vies alors qu’il détourne toutes les richesses de l’économie réelle pour enrichir les 1 % des plus cupides. Il faut se rappeler que les guerres sont déclarées par nos élites, et pourtant les morts se comptent parmi les peuples.

La convergence qui doit avoir lieu dépasse le retraité et sa pension de retraite, dépasse le chômeur et sa quête d’un emploi viable et correctement rémunéré, dépasse la colère des agriculteurs, des infirmières, dépasse toutes les conditions qui ont pour départ l’individualisme. Une société sereine est basée sur des principes d’égalité et de respect axé sur les besoins primaires de l’humain, sans cela les tensions augmentent.

Comme le dit le proverbe indien, nous allons très rapidement découvrir que l’argent ne se mange pas.

Alors nous pouvons soit céder au discours erroné et climatosceptique des élites, qui bien au chauds dans leurs appartements mise sur leurs richesses pour contrer le réchauffement, même si comme nous, ils n'échapperont pas dans le temps aux humeurs climatiques, soit nous collaborons tous ensemble pour restaurer nos besoins élémentaires en pacifiant nos relations, car finalement nous sommes tous humains et donc interdépendants dans nos actions, et seul l'union complète de l'Humanité fera la différence face à l'énorme défi climatique.

Le meilleur moyen de lutter est de saisir la brèche de l’absurdité de notre monde pour le renverser.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.