http://www.mesopinions.com/petition/politique/application-abandon-total-delai-12-ans/28646
Quand la peste sévit, cesse-t-on de soigner la grippe ?
J’ai voulu voir cet amendement voté récemment comme une bonne nouvelle. Parce que nous pouvons signer des pétitions massivement et rallier par-delà les partis et leurs fades querelles. C’est possible parce nous vivons dans une démocratie où nous pouvons nous exprimer et que la volonté de justice existe sous toutes les bannières politiques. Du moins au pied de ces bannières, à la base.
Ceci est une bonne nouvelle car les réseaux sociaux qui ont mis un grotesque Mr T au pouvoir et convoyé tant de propos nauséabonds sont aussi à NOUS si nous choisissons de nous les approprier.
Bonne nouvelle pour tous ceux qui ne vont pas baisser les bras et laisser le débat de la campagne présidentielle rebondir de libéralisme en xénophobie. Bonne nouvelle, sans ironie aucune alors que je partage le même écœurement, la même désespérance de voir les justes colères se déverser dans le mauvais entonnoir. Quand tant de gens s’enferment dans ce discours victimisation qui autorise la vitrification brutale de toutes les différences, aplanies sous une autorité brutale et jamais éclaboussé par le sang de ceux qu’elle désigne comme boucs émissaires.
« refuser » est un verbe qui se conjugue à haute voix
Bonne nouvelle pourquoi ? Parce que nous avons la possibilité d’exprimer notre indignation ce qui est refusé dans tant de pays. Nous ne nous censurons pas à cause d’une cyber-police chinoise , nous n’avons jamais à lâcher la main de l’être aimé au passage lugubre de bassidjis iraniens, nous n’assistons pas au spectacle de corps jetés sur le côté de la route comme au Mexique. En un mot : nous avons le luxe inouï de pouvoir lutter sans risquer notre vie. Cependant nous risquons notre dignité en ne nous exprimant pas.
Ne rien faire parce qu’il y a d’autres crimes impunis ou parce que la victoire n’est pas garantie n’est qu’un masque de la paresse. L’inaction est un masque vénitien au long nez que trop d’entre nous portent parce que la vraie justice perd nombre de combats.
Ce masque aux rides amères, à la bouche tordue de dépit, est devenu si populaire qu’on en oublie que c’est un artifice en papier mâché, un jouet. Si je ne l’enlève plus, je vais désapprendre à sourire et croire c’est le visage véritable de mes concitoyens.
Si le verbe « sourire » vous inspire le mépris ou la perplexité dans un billet politique j’en suis désolé car d’une part c’est un signe d’aigreur et de l’autre on ne gagne pas un combat en affichant une moue de dépit, les bras baissés.
La victoire çà s’arrache avec le sourire, dans le bruit, dans la rue, dans les mots. Et le mot « refuser » est un verbe qui se conjugue à haute voix car personne n’entend ce qui se marmonne sous les masques.
Pour ma part je ne peux pas accepter de vivre dans ce carnaval, à regarder passer les chars des banques, les marionnettes politiques, la bouche ouverte dans l’espoir de gober un pauvre confetti du Roi Travail. Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux.
Et çà je le refuse.