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Billet de blog 5 mars 2015

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Élections représentatives du m6r : une implication citoyenne inouïe !

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D'abord, un peu de théorie (pour comprendre ce qu'on est en train de faire), ensuite, quelques remarques de mon point de vue sur les élections en cours, et enfin, le mode d'emploi des élections de l'assemblée représentative du M6R (donc si vous avez la flemme de tout lire :'-(, allez voir à la fin du billet pour les détails techniques).

M6R, et le paradoxe des élections citoyennes

De l'avantage des candidat.e.s anonymes

Oui pourquoi des élections, alors qu'on se connaît à peine ? juste un pseudo, quelques posts sur la plateforme de discussion NLP (NLP = Nous le Peuple), quelques précisions par-ci, par-là, on va pas se raconter nos vies non plus. Comment peut-on choisir entre plusieurs personnes qui se présentent comme « citoyen.ne lambda, pas d'engagement politique, syndical ou associatif particulier, juste la volonté de participer à l'effort collectif à ma modeste mesure » ? après tout, tous ont l'air aussi sympathiques les uns que les autres, et très vraisemblablement ils le sont ! Difficile de choisir.

Si on veut faire les choses bien, avant de voter, on se renseigne sur les candidat.e.s, qui ils/elles sont, avec quels programme ils/elles se présentent, quels sont leurs engagements passés, etc. Tout ce qui peut permettre d'avoir confiance en quelqu'un pour nous représenter, tout ce qui nous fait croire, à tort ou à raison qu'il/elle fera ce pour quoi il/elle a été élu.e, qu'il/elle ne trahira pas, etc. Et cette confiance est un élément essentiel du vote : si le vote permet une élection, c'est-à-dire un choix (eligo en latin, signifie « cueillir » – choisir les fruits mûrs –, d'où choisir), c'est qu'on a des raisons de faire un choix, qu'on ne le fait pas à l'aveuglette (par exemple, si vous ramassez des fruits, je ne vous conseille pas de le faire au hasard… ou alors gare aux fruits verts, verreux, ou blets !).

Or, le paradoxe de faire des élections citoyennes comme nous sommes en train de le faire (ce qui est absolument inédit), c'est-à-dire sans partis politiques organisant les campagnes électorales, c'est que, d'une part, il est absolument primordial que les citoyen.ne.s lambda soient candidat.e.s, sans quoi il n'y a pas d'appropriation populaire du pouvoir possible. Mais d'autre part, chacun, et c'est parfaitement compréhensible, préfère avoir des raisons de faire confiance au/à la candidat.e pour lequel/laquelle il vote.

Alors les élections citoyennes nécessitent d'avoir des candidats anonymes, parfaitement inconnus, et qui n'ont rien d'autre à présenter que leur bonne volonté, leur bon cœur, leur solidité. Mais ces citoyen.ne.s lambda candidat.e.s n'ont aucun moyen de prouver qu'ils/elles sont dignes de confiance. A priori, ils/elles le sont, mais comment savoir ? Les proches le savent, si on interrogeait leur famille et leurs amis, ils nous convaincraient sans doute aisément de voter pour lui/elle. Mais justement, on ne connaît ni la personne, ni l'entourage.

Un dernier mot sur l'expression « citoyen.ne lambda » : c'est une façon paradoxale de désigner tous les citoyen.ne.s, puisqu'elle insinue qu'il y a des citoyen.ne.s alphé, béta, etc. Il n'en est rien : pour moi cette expression permet de signifier que, contrairement aux autres élections, les candidat.e.s se présentent en tant que citoyen.ne, et en tant que tel.le.s seulement. Il n'y a pas de citoyens alpha, personne ne se présente aux élections représentatives du m6r avec une armada militante derrière lui pour faire campagne.

Comment briser la tendance à la notabilité

Ceux qui sont déjà un peu connus, ou qui ont des engagements particuliers, quels qu'ils soient, sont jugés plus fiables, à supposer qu'on attribue de la valeur à cet engagement (certains vont juger digne de confiance un ancien élu, parce qu'il a des compétences particulières que les autres n'ont pas, du fait de son mandat, alors que d'autres vont au contraire se méfier).

Les élections sont donc censées reproduire l'ordre établi, puisque nous voterions seulement pour les gens déjà connus, et pour être connu, il faut être connu, et on retomberait dans cet agaçant cercle vicieux dont je parlais déjà par là. D'où la tendance à voter pour les têtes connues, ne laissant pas leur chances aux autres sans doute plus compétents, mais ne pouvant apporter d'éléments suffisants pour être jugés digne de confiance. Et, en général, savoir cela suffit à dissuader les candidatures citoyennes, puisqu'on se dit que n'étant pas déjà connu, on ne sera pas élu, donc inutile de se fatiguer. Ce qui a l'effet pervers de laisser les élections pourrir entre les mains de ceux qui ont déjà le pouvoir, ce qui entraîne à terme une dérive oligarchique. La notoriété s'est transformée en notabilité.

Il faut donc briser ce cercle vicieux en s'attaquant à ses fondements, et c'est exactement ce qui est en train de se passer ! Il y a plus de 1000 candidatures citoyennes, pour 108 mandats à définir, la plupart anonymes, et sous pseudo de toute façon. Même un vieil habitué de la politique s'en étonne :-) Preuve que le peuple est plein de ressources, et toujours aussi politique, pourvu qu'il ait un rôle politique réel. En tout cas, notre pari collectif, à nous tous signataires, est gagné !

Donc, si on se résume : les élections citoyennes amènent au paradoxe du/de la citoyen.ne candidat.e, ces candidatures sont cruciales et indispensables pour que le processus de représentation aboutisse (d'ailleurs pour être sûrs, il y a des tirés au sort), mais en même temps, faute de notoriété particulière, difficile de les distinguer les uns des autres. Pour se démarquer et montrer qu'ils/elles sont dignes de confiance, je conseillerais aux candidat.e.s de prendre position sur ce qu'ils/elles pensent, au-delà de leur position légitime, mais partagée, de citoyen.ne-candidat.e anonyme : dans leur profession de foi, mais aussi sur la plateforme, participer aux discussions s'ils/elles en ont le temps et la motivation, ou à défaut voter pour quelques uns des nombreux articles de la plateforme. Choisir des options qui vont permettre à ceux qui votent de pouvoir discerner un minimum pour qui ils votent, faire quelque chose pour vous démarquer un peu les uns des autres (photo ou avatar par exemple). Pour ce faire, vous pouvez parcourir l'arborescence en haut de la plateforme de discussion, regarder les sujets controversés ou plébiscité avec l'outil de tri, ou faire une recherche thématique par mot-clef. C'est juste un conseil, ça permettrait que l'élection ait le plus de signification politique possible.

Faute de quoi, les candidatures, pour intéressantes qu'elles soient, risquent d'être jugées peu crédibles, faute d'élément sur lesquels s'appuyer pour accorder sa confiance. À tort, très vraisemblablement, mais peu crédibles, et peu distinguables les unes des autres.

Élections représentatives du m6r : une implication inouïe !

Un fourmillement de candidatures citoyennes : une vraie réussite !

Oui, inouïe, au sens propre, on n'a jamais entendu parler d'une chose pareille ! (et on n'en entend toujours pas parler, la presse nous ignore superbement). Au comptage fait par un citoyen, rien que pour l'île de France, 126 candidats sont recensés pour 12 sièges à pourvoir ! Et encore, les candidatures sont ouvertes pendant encore quelques jours. Et dire qu'en lançant les candidatures, nous craignions de manquer de candidat.e.s…. Si tout le monde continue sur sa lancée, le M6R va dépasser les 1000 candidats, quel succès !

Un bémol, tout de même, majeur, mais il est encore temps de le corriger, comme le relevait Guillaume, la nette minorité de candidatures de femmes par rapport aux hommes : 15 % de candidatures femmes en tout ! Ce manque (relatif) de candidatures féminines a cet effet pervers que pour les femmes, être candidate suffit en général à être élue, les élections sont moins disputées, et les élections paritaires pourraient entraîner paradoxalement l'idée que les femmes sont moins légitimes que les hommes, moins investies, et que celles qui le sont sont élues parce qu'elles sont des femmes et que c’est plus facile, et non parce qu'elles défendent des choix politiques intéressants (même si par ailleurs elles défendent effectivement des choix politiques intéressants!). Cela est injuste pour les hommes qui doivent concourir dans une élection plus disputée, et injuste pour les femmes qui se voient délégitimées du fait qu'elles ont une élection « facile » (quoi qu'elles fassent, elles ont de grandes chances d'être élues). Donc pour éviter tout cela, les filles, soyez candidates ! Montrez l'exemple ! On se rend compte que le patriarcat rend l’acte de candidature moins évident pour les femmes, mais, en réalité, celles qui le font sont d’autant plus légitimes car elles ont déjà rompu les chaînes de la domination patriarcale, et montrent aux autres qu'il est possible de le faire.

Les élections entraînent le m6r dans une dynamique positive

De ce point de vue, le pari est gagné : les élections de l'assemblée (conjointement avec le coup de force du 49-3 sans doute), ont relancé le compteur à signatures comme jamais (en moyenne 200 par jour depuis le début du processus), permis une bien plus grande implication des signataires (plus de 10 000 inscrits sur NLP), et donné une légitimité aux élections en cours.

Foi de lectrice assidue, je n'ai jamais vu la plateforme de discussion Nous le Peuple aussi active. En janvier, on pouvait parfois craindre qu'il n'y ait plus qu'un article en une, ou presque plus rien, alors que ces derniers jours, il y a parfois jusqu'à 3 pages d'articles nouveaux ! Les discussions sont vives, argumentées, âpres parfois, mais toujours constructives. Les nouveaux inscrits sur la plateforme sont un peu perdus, c'est vrai qu'avec le temps, le site est devenu un peu touffu (mais pas d'inquiétude, nos informaticiens préférés sont en train de mettre au point une nouvelle mouture plus maniable, déjà, il y a une énorme avancée au niveau du tri des articles qui a été entièrement repensé).

 Forts de plus 80 000 membres, il est plus que temps que le m6r avance sur son auto-organisation. Nous ne pouvons plus continuer ainsi, sans instance légitime de décision, sans organisation autre que spontanée (ce qui s'appelle la désorganisation), sans moyen de décider ce que nous faisons. Donc le processus d'élection, pour critiquable qu'il soit, est une vraie réussite : ne boudons pas notre plaisir, le m6r est en bonne voie. J'ai répondu préventivement ici et aux objections qui n'ont pas manqué d'être faites. Je pense que l'un dans l'autre, l'élection de l'assemblée représentative entraîne une dynamique précieuse, massive, indiscutable, partagée par un grand nombre de signataires (contrairement à la phase de discussion précédente qui n'était le fait, essentiellement, que d'une petite élite), qui va nous donner le souffle dont nous avons besoin pour aller jusqu'à la 6ème République.

La phase d'élection (7 mars – 15 mars)

Passons aux choses techniques. Les candidatures sont closes le 6 mars à minuit. Les votes commencent dans la foulée.

Premier point important, on ne peut voter que dans sa circonscription, à savoir sa région (et on a bien fait d'en faire, vu le nombre de candidat.e.s!). Selon les circonscriptions, on pourra cocher autant de cases que de personnes à élire, à parité de genre. C'est à dire que si vous habitez en PACA, vous cocherez 8 cases, 4 hommes, 4 femmes, et si vous êtes dans le Limousin, vous cocherez deux cases, 1 homme, 1 femme. Le vote blanc est reconnu dans la mesure où vous avez un nombre de voix pour les hommes et un pour les femmes mais vous n’êtes pas obligés de tous les utiliser.

Les candidats sont classés dans un ordre aléatoire à chaque fois que la page de vote est générée (ordre différent pour chaque votant) : cela évite l'écueil du vote pour les premiers de la liste par ordre alphabétique ou par ordre de dépôt de candidature. Donc chaque signataire qui voudra voter verra un écran différent pour l’ordre des candidats.

Les professions de foi seront visibles sur la page de vote en passant le curseur sur le nom du/de la candidat.e. Vous pourrez également recliquer sur le nom du/de la candidat.e pour accéder à son profil sur NLP, et savoir quels articles il/elle a écrits, quels commentaires, quels votes il/elle a effectués, de quels groupes il/elle fait partie.

Il y aura une case à cocher à côté du nom du/de la candidat.e pour indiquer que l'on vote pour lui/ elle.

Il est possible de ne pas utiliser tous ses votes : vous pourrez vous abstenir partiellement. Ils seront comptés comme votes blancs.

Sont élus les candidats qui recueillent le plus de votes dans leur circonscription.

Il n'est pas possible de voter pour quelqu'un qui n'est pas candidat.

Les résultats ne s'affichent pas au fur et à mesure du vote, pour ne pas influencer ceux qui votent en dernier.

On termine les élections le 15 mars le temps de vérifier la validité des votes en faveur des candidats élus (les vérifications sont aussi faites tout au long du processus électoral). Et si tout se passe bien, les résultats seront proclamés publiquement le 18 mars, date anniversaire du début de la Commune de Paris si vous avez oublié :-)

Des questions ?? Laissez un commentaire et je tâcherai de répondre.

Sinon, rendez-vous sur Nous le Peuple pour candidater et voter !

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