À tous les habitants et habitantes du Sud-Gâtinais, plateau et forêt
Contre la construction du méthaniseur de Larchant
Depuis les nombreuses années que sont implantés des méthaniseurs industriels en Europe, nous savons maintenant d'expérience que les habitants subissent effluves de digestat, incidents et fuites de fluides et gaz, allers-retours incessants des camions, rendant la vie sur place insupportable. Le prix du gaz, subventionné, diminue toujours, ce qui pousse les exploitations à s'agrandir pour retrouver un peu de bénéfice, aggravant encore la situation. C'est une politique à marche forcée, niant toute réalité écologique et locale. L'Allemagne est l'exemple le plus frappant avec 140 incidents rien qu'en 2009 selon la LSV (Organisme d’Assurance Sociale Agricole en Allemagne) et un retour en arrière du gouvernement en 2014 sur les aides publiques. En cause "l’industrialisation du secteur, qui posait de graves problèmes environnementaux, liés aux risques accrus de pollution des eaux et de fuites de gaz. L’accaparement de terres agricoles pour un usage exclusivement énergétique, au détriment de l’alimentation, a aussi été vu avec inquiétude dans le pays"
Où sommes-nous, ici ? En Parc Régional Naturel du Gâtinais. Le Parc Régional Naturel du Gâtinais est réputé pour son terroir : on y vante les mérites de sa faune, de sa flore, de son miel, de sa forêt, de ses balades, de ses gîtes, de son petit artisanat, de ses espaces naturels protégés, des producteurs locaux, en circuits courts avec l'habitant, et tant d'autres bonnes choses. Mais il ne faut plus se repaître de mots.
Sur le plateau, les éoliennes poussent comme des champignons, empiétant toujours plus sur des normes qui varient au gré du vent. On n'y respecte plus aucune distance aux habitations, ni au Parc Naturel Régional. Les villages concernés n'ont pas voix au chapitre, malgré leur opposition. Il leur faut mener de longs et épuisants combats, pour des résultats improbables. Dans ces villages, depuis longtemps, plus de commerces, plus de boulangerie, plus de maraîchage, plus de lieux de vie. La PAC a fait son œuvre. Chacun vit là, effaré, cloîtré dans ses quatre murs, en attendant que ça passe. Mais ça ne passe pas. Et pour cause : quelle jeunesse veut encore s'installer ici, dans ces lieux désertés, au milieu des monocultures et des mâts d'éoliennes ? C'est la fuite. Les anciens le savent, qui revendent leurs terres et leurs dettes à plus grands qu'eux, avant de partir en retraite vers quelque Ailleurs, supposé meilleur. Mais l'Ailleurs, c'est toujours un Ici. Et c'est Ici que nous vivons.
Qu'est-ce que l'Ici de Larchant, par exemple, à 500 mètres du méthaniseur ? Ce sont des années d'initiatives locales, montées pierre après pierre, à la sueur et à la ténacité, des fermes, des commerces, des lieux de vie, sur un terroir magnifique, au croisement entre la forêt et le plateau, un endroit visité par des milliers de gens du monde entier, pour ses balades, sa grimpe, et que dire de son restaurant. Ou de sa Réserve Naturelle Régionale, classée Natura 2000. Ce pourrait être l'intitulé du Parc Régional Naturel du Gâtinais, pas seulement en mots, en actes. Grâce à ces initiatives, des gens reviennent, de tous âges, de tous bords, de tous métiers, s'installent, donnent de l'espoir à ceux du plateau, à ceux de la forêt, à tout le monde. Dans les villages, à Villiers, à La Chapelle, à Châtenoy, à Guercheville et en d'autres, des fermes, des commerces, des restaurants, des lieux de vie ouvrent aussi, des gens se rencontrent, et des gens vivent mieux. Ce sont de bonnes choses, en face des mauvaises.
Quand un matin, sans consultation citoyenne, ni à Larchant ni dans aucun des villages concernés, sans aucun vote, ni conclusion des recours légaux en cours, des camions arrivent et commencent à terrasser, les gorges se nouent. On n'a plus de mots. On sent déjà les camions et l'odeur venir partout, sur les balades, sur les joggings, sur les randonnées, sur les restaurants, sur les places, sur les boulangeries, sur les Natura 2000, sur les enfants qui jouent dehors, sur les légumes, les fermes et les forêts, sur les soirées douces, sur tout, même sur les tracteurs qui paient leurs tributs aux champs. Tout s'envole...
Alors on monte sur le plateau, le cœur serré. Pour les bonnes choses, pour l'Ici, pour vivre, pour la forêt comme pour la plaine. On n'a plus qu'à mettre son corps devant. À ce qui veut détruire nos vies, à ce qui ne nous écoute pas, à ce qui nous laisse sans voix, ils opposent leur corps. Et leur corps, c'est le nôtre. Leur Ici, c'est notre Ici.
Des habitantes et habitants du Sud-Gâtinais, forêt et plateau
Sources
1- https://www.ineris.fr/fr/retour-experience-relatif-procedes-methanisation-leurs-exploitations
2- https://www.lafranceagricole.fr/engins-agricoles/article/769085/les-mthaniseurs-allemands-lorgnent-sur-la-place-du-gaz-russe#:~:text=Mais%20en%202014%2C%20l'%C3%89tat,et%20de%20fuites%20de%20gaz.