Depuis la mise en place de la nouvelle Région, il a bien fallu constater que les élu-e-s qui la dirigent persistaient dans l'affichage de leur soutien à ces deux projets en Saône et Loire et dans le Jura.
Il nous paraissait utile de leur présenter de nouveau un certain nombre d'éléments qui conduisent à s'interroger sur le bien-fondé de ce soutien.
- Pierre & Vacances a publié en Avril 2016 des résultats semestriels qui montrent une baisse de 10% de son activité par rapport au même semestre de l'exercice précédent. Or celui-ci s'était soldé par une perte de plus de 12 M€. Perte qui sera donc probablement reconduite et accrue fin 2016.
Ainsi l'opérateur touristique qu'ils choisissent d'accompagner est en réalité un promoteur immobilier en difficulté, qui accumule des pertes depuis 2012. Pertes qui le contraignent à se livrer à une fuite en avant "constructiviste" qui repose sur la captation de financements publics, comme celui que les élu-e-s de BFC persistent à vouloir lui accorder.
- Dans le même temps PV-CP annonce à l'étranger d'autres projets de Center Parcs qui s'appuient sur des opérateurs privés et non pas sur les collectivités locales.
L'annonce en novembre dernier du financement du Center Parcs de Allgäu en Allemagne par la Société d'Investissements Immobiliers EUROSIC a été suivie au premier trimestre 2016 par la publication de l'accord conclu entre PV-CP et la société d'investissement LRM pour la construction du Center Parcs du Limbourg en Belgique.
Le financement des équipements par les collectivités publiques apparaît bien comme une « spécificité franco-française » sur laquelle il y a lieu de s’interroger, notamment en ce qui concerne l’influence que les dirigeants de PV-CP exercent sur les élus locaux et nationaux.
- Les engagements que PV-CP se propose de prendre vis-à-vis de la Région et des Départements pour maintenir le versement des loyers en cas de cessation anticipée de l'exploitation ne reposent que sur la caution solidaire de la maison-mère.
Or celle-ci est engagée dans un développement international qui la rend de plus en plus dépendante de partenaires étrangers - dont la société chinoise HNA Tourism Group déjà présente au capital à hauteur de 10%. Cette évolution de l'entreprise PV-CP vers des marchés et des partenariats nouveaux qu'elle maitrise peu, la place dans une situation de vulnérabilité (d'autant plus qu'un pacte d'actionnaire permet que HNA TG puisse prendre le contrôle de PV-CP en cas de décès de son PDG aujourd'hui âgé de 80 ans). Dans ce contexte ses engagements à moyens et longs termes paraissent extrêmement légers. Ils font clairement courir à la collectivité le risque de supporter seule le coût des équipements et de leur entretien en cas de défaillance dans l'activité touristique.
A la lumière de ces informations, l'investissement de la Région dans les équipements de loisirs des Center Parcs apparaît comme un choix peu judicieux et tout à fait risqué. "L'investisseur privé" compte investir fort peu dans la Région malgré sa forte présence médiatique et relationnelle.
Les promesses de développement économique local qui accompagnent les deux projets doivent être appréciées au regard de la ponction qui serait opérée sur le budget de la Région et des Départements : dans de nombreux domaines, les enveloppes sont à la baisse et les restrictions budgétaires seraient amplifiées par l'orientation de plusieurs dizaines de millions d'euros vers ces parcs de loisirs privés.
Nous nous sommes adressé aux conseiller-e-s afin qu'ils ne reconduisent pas les accords signés en 2014 par les anciennes Régions. Accords dont il a été dit à juste titre qu'ils constituaient un hold-up sur les finances publiques. Nous leur demandions qu'ils prennent en considération la fragilité de l'entreprise PV-CP et son concept particulier de développement en France qui l'amène à faire supporter tout l'effort financier par ses partenaires.
Ils pouvaient en considérant ces éléments revenir sur les accords passés en 2014 rendus caduques par la loi NOTRe et renoncer à la création des SEM qui y étaient prévues.
Mais le 29 avril le Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté sous la présidence de Mme MG Dufay (PS) a approuvé un budget comprenant une ligne de 16 M€ permettant de constituer une Société d'Economie Mixte destinée à acquérir, conjointement avec les départements de Saône et Loire et du Jura, aux frais des contribuables, les équipement de loisirs que Pierre et Vacances exploitera dans ses Center Parcs.