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Billet de blog 9 septembre 2013

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la dernière phrase d'Allende

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce 11 septembre est une date importante pour la conscience de l’humanité. En 1973 la vie civique, démocratique d’un pays a été détruite par un coup militaire. Ce pays est le Chili, ses citoyens avaient élu un président que misait sur la modification des lois iniques pour permettre le développement harmonieux et la liberté de tous. Dans ces années de guerre froide et de confrontation de deux bloques idéologiques les choses étaient encore plus difficiles. Le gouvernement du Chile fut systématiquement attaqué par les grands  groupes financiers. Le gouvernement des états unis dirigé par Nixon et Kissinger avait donné l’ordre de liquider cet homme que les chiliens avaient élu président. Le coup militaire a eu lieu le 11 septembre 1973. Dans un bombardement Allende s’est dirigé au pays, ces dernières paroles sont un  héritage précieux par sa sérénité et par l’espoir que s’en dégage

Je me contenterai dans ce court texte de porter à votre connaissance la dernière phrase. Elle est très importante car elle porte le nom d’un arbre. Cet arbre est un symbole puissant. Dans les dernier mots d’Allende ce symbole résonne plus fort que les bombes qui tombaient sur le palais présidentiel. Et ce sont les derniers moments de la vie d’Allende. Cet arbre est le peuplier.

Selon la mythologie grecque, la nymphe Leucé se métamorphosa en peuplier en tentant vainement d'échapper à Hadès qui la poursuivait. (Hadès règne sous la Terre et est pour cette raison souvent considéré comme le « maître des Enfers »)

Dans la tradition Celte, le peuplier est attaché à l'Autre Monde, au cycle karmique, c'est l'arbre de la mélancolie, du souvenir des êtres disparus... Le peuplier symbolisait chez les druides le vieil âge de l'homme en raison de ses feuilles blanches ; mais le peuplier est aussi toujours porteur d'espoir et promesse de régénérescence.

Après la Révolution, le peuplier fut choisi comme Arbre de la Liberté par suite de son nom latin (populus) rappelant le mot “peuple”. Il devient aussi l'Arbre de Mai.

Il existe plusieurs interprétations possibles du nom « peuplier » qui vient du latin populus et signifie « peuple ». On a dit que c'était parce que, chez les Romains, on le plantait dans les lieux publics. D'autres veulent que ce soit parce qu'il était extrêmement populaire (de populeir, « qui appartient au peuple »), notamment chez les Celtes qui lui vouaient un véritable culte. Mais celle que je préfère est la suivante : le bruissement que font ses feuilles au moindre souffle de vent rappelle le bruit confus d'une foule.

Alors vous voilà prêts à entendre la dernière phrase d’Allende, pendants que les avions bombardaient le palais présidentiel de «  La Moneda », où Salvador Allende et une petite vingtaine d’hommes résisteraient pendant plus de sept heures.

En Amérique latine, et au Chili le Peuplier se dit Alamo.

Les avenues plantées de peupliers se dit Alameda, le pluriel se dit Alamedas.

Dans ces dernières paroles, Allende,  sachant qu’allait perdre sa vie dans les heures qui suivaient,  il a choisie de nous laisser une expression  d’espoir. S’ouvriront plus tôt que tard les grandes avenues –Alamedas par où l’homme libre passera pour construire une société meilleure… sont mes dernières paroles, j’ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas vain…

SES  DERNIERES PAROLES EN ESPAGNOL

Trabajadores de mi Patria, tengo fe en Chile y su destino. Superarán otros hombres este momento gris y amargo en el que la traición pretende imponerse. Sigan ustedes sabiendo que, mucho más temprano que tarde, de nuevo se abrirán las grandes alamedas por donde pase el hombre libre, para construir una sociedad mejor.

¡Viva Chile! ¡Viva el pueblo! ¡Vivan los trabajadores!

Estas son mis últimas palabras y tengo la certeza de que mi sacrificio no será en vano

TRADUCTION

Travailleurs : j'ai confiance au Chili et à son destin. D'autres hommes espèrent plutôt le moment gris et amer où la trahison s'imposerait. Allez de l'avant sachant que bientôt s'ouvriront de grandes avenues (plantées de peupliers : Alamedas) où passera l'homme libre pour construire une société meilleure.

Vive le Chili, vive le peuple, vive les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles, j'ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain et qu'au moins ce sera une punition morale pour la lâcheté et la trahison.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.