Nat pousse Laure dans son fauteuil d'handicapée sur le trottoir de la rue commerçante, très animée.
(Laure, inquiète )
- On paye comment maintenant quand on achète quelque chose ?
- La sol. C'est une carte spéciale. Tu sais bien ? Sol , comme solidarité, soleil, solde, solution...
- Incroyable !
- Ben oui, il s'en est passé des choses pendant les trois ans où tu es restée dans le coma et deux ans de plus de rééduc... L'incroyable surtout c'est que tu sois sortie de là, non ?
- Tu ne te rends pas compte...c'est bizarre, j'ai du mal à m'y faire moi à tous ces changement d'un coup. Tiens regardes tous ces gens comme ils ont l'air d'être heureux....Ils marchent lentement. On dirait qu'ils sont dans une fête ou je sais pas moi, dans un festival d'art ! Regarde-moi ça, il y a des artistes de rue partout !....(Laure renverse sa tête en arrière pour regarder sa sœur). Même toi ! Tu n'as plus du tout le même visage, c'est impressionnant...
(En éclatant de rire Nat stope le fauteuil et passe devant Laure pour lui parler de visu en se penchant un peu. )
- (Laure génée) - Attends....fais pas ça. Tu vas emmerder tout le monde. On va se faire engueuler !
- Pas du tout c'est fini ces temps-là, il faut que tu comprennes qu'avant « le grand remaniement de l'équilibre », nous étions tous très malades et malheureux, toujours sous la contrainte, en esclavage. Extrêmement stressés. On n'avait même pas le temps de réfléchir... On ne se rendaient pas compte du mal que nous nous faisions à nous-mêmes, aux autres et encore pire à notre environnement...Un seul leitmotiv, le gain et le pouvoir. On a failli tous y passer ! L'horreur quand on y repense (la tristesse envahit le visage de Nat l'espace d'un instant). La planète à encore quelques grandes plaies, mais ce n'est plus pareil, nous l'a soignons maintenant. Depuis le grand cataclysme en chaîne qui nous a tous réveillés d'un seul coup....(Son visage s'éclaire, tandis qu'elle se redresse en écartant les bras )Ho il aurait fallu que tu vois ça Laure ! C'était comme si la même pensée traversait la tête des survivants au même moment. Comme si nos sens s'étaient réveillés tous en même temps... Quelle chaleur !... Quelle libération !
- Oui mais on a bien œuvré avant ma jolie, j'en ai passé des nuits blanches moi avec tous les copains pour dénoncer ce tour de farce et attrape.... Les salauds !...On avait imaginé, pour commencer, un salaire minimum pour survivre sans soucis. Nourritures, factures courantes, soins, voir même la gratuité de tout cela. Vous avez opté pour « la sol ». C'est un peu pareil, non ?
- Oui c'est sur !
- Pour que cela puisse se réaliser, nous pensions qu' il fallait purger sérieux les riches qui s'en foutaient plein les poches sur notre dos...Comment il s'appelait déjà l'homme politique qui a pas mal interpellé les gens ? Jean Luc je ne sais plus comment? Il disait que l'on se faisait tondre HA HA HA !
- C'est fini tout ça ! Il n'y a plus de politiciens comme avant, il n'y en a plus du tout de riches. Ces anciens voleurs ont comme un sentiment de culpabilité les pauvres, ils ne sont pas responsables, ils étaient pris dans l'engrenage, voilà tout.
(Laure, cognant du poing sur l'accoudoir du fauteuil )
- Des salauds, je te dis !
- On était tous dans le coup. Il nous aura fallu cette conscience collective, cet instant magique pour se sortir de là. Comment te dire ... C'est comme si …. Écoute j'étais dans le jardin avec mes deux gosses accrochés à mes jambes... La terre tremblait ! Ou plutôt non, elle grondait. Une vibration, tu vois ? Un peu comme chez le dentiste on a eu le cerveau qui à vibré pendant au moins vingt minutes, je ne sais pas moi... Cela à dù nous remettre les idées en place.
- Tu parles ! C'est surtout la putain de révolution que l'on a fait naître dans les têtes ! Elle a commencé grâce à l'internet, wikileaksk, les anonymous, les indignés, Tu te souviens ? Ils ont même essayé de stopper l'hémorragie d'information en bloquant l'accès d'internet. Ha c'était le bon temps !...
- Tu rigoles, tu dis ça pour rire, j'espère !
(A Pour... Suivre)