(Nat fait le tour en arrière du fauteuil pour pousser Laure, elles se promènent dans la rue).
- (Laure avec passion). C'était l'évidence même pour notre survie et pour l'évolution de nos esprits. Il y en a beaucoup qui pensaient que dans ce contexte les gens ne feraient plus rien. Genre, il faut les cogner pour qu'ils bossent. Faux ! au contraire, tout le monde est passionné par quelque chose et à partir du moment où il est libre de contrainte, il peut enfin développer ce qu'il aime et en faire profiter tout le monde. La preuve, ça à l'air de bien fonctionner...
- Oui, surtout que l'on a inventé en plus de « la sol », « l'ACP » « l'activité citoyen plus », qui consiste à faire, durant le temps qu'ils veulent, en échange de ses « sol plus », des heures de boulots pénibles. Tu sais, des travaux qui étaient réalisés par les pauvres dans le temps. Ceux qui s'y collent, obtiennent en échange des sols plus. Il y en a qui ont pu s'offrir des voyages ou des belles choses dont ils avaient envie et qui ne s'attrapent pas avec la sol. Moi par exemple l'année dernière, j'ai été nettoyer les chiottes publics pendant quinze jours, et bien on a pu partir à l'ouest, tu sais l'ancien USA, et on a pu visiter l'ancienne Goldman Sachs, un musée maintenant ou justement on pouvait voir toute la rétrospective de ces années de notre évolution en stand by.
- La sol, comme solidarité, soleil, solde, solution, musique je crois aussi en Amérique du sud, non ?
- (Calmement pour essayer de se faire comprendre) Oui, une carte électronique avec inscrits dessus tous nos besoins vitaux que l'on use au fur et à mesure. Il y en a toujours plus que pas assez comme ça on est tranquille. Mais par contre il n'y a que les choses de bases. Le reste, voiture, voyage, maison, aliment rare comme le miel par exemple tu ne peux l'avoir qu'avec de l' « ACP ».
- C'est vrai qu'il y en a très peu qui ne font rien par rapport à avant ?
- Surtout les derniers temps où il n'y avait que vingt cinq pour cent de la population qui étaient actifs, tu te souviens tout ces zombies dans les rues...
- Oui quelle horreur, quand ils étaient trop faibles on les ramassait pour les emmener je ne sais où.
- C'était un temps d'horreur absolu....La moitié de la population du globe est morte dans les pires conditions. Surtout les pauvres qu'on a laissé crever sans médicament, sans eau. Comme des chiens ! Ils glanaient leur nourriture à droite et à gauche. Ce fut le temps de la grande migration. Même plus la force de faire la révolution. J'en ai eu des gosses qui ont crevé dans mes bras, nom de Dieu.
- (Nat pose sa main sur l'épaule de sa sœur) N'y pense plus va. Tu es revenue maintenant et n’oublie pas que tu en es sortie, tu aurais pu y rester, le jour du grand nettoyage.
- Oui ces salauds ont rasé des pays entiers, du moins ce qu'il en restait pour s'approprier les terres tout simplement. Pendant ce temps-là, ici, tu entendais parler de sécheresse. J'ai eu beau lutter avec les pays pauvres, rien n'y fit, mais rien, (Laure rêveuse les larmes aux yeux). Ils ont failli avoir ma peau.