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Billet de blog 1 février 2014

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Le racisme ordinaire

 lumière qui s’éteint 

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lumière qui s’éteint

Le racisme ordinaire, ne se nomme pas, on le sent à peine, il rampe dans les bas-fonds de la bienséance, du politiquement correct, sauf... en cas de flagrant délire. Il suit son cours feignant d’entendre la véritable misère du monde… Rivière de haine, emportant sur les rives les grains de sables infraternels dont il s’abreuve, imposant ses dérives dans un flot impétueux, pour la conquête des pouvoirs. Forces puissantes, vagues fracassantes, s’éclatent sur les rocs de ceux qui s’illusionnent à vouloir  retenir les flots de la colère illégitime, injuste, égocentrique cabalistique, complotistes. Le racisme, c’est l’incessante rengaine des peurs, toujours les mêmes, celles de manquer d’espace, d'avoirs et de pouvoirs. Les guerres et les larmes qui crient viennent grossir ces flots incessants. Dans son lit l’or scintille, le pouvoir rime avec l’argent.

Plus la misère gronde plus les peurs crissent. Leurs fiels empoisonnent les sangs. Les gens se désolidarisent de manière globale, c’est du sauve qui peut. Ils forment des groupes, des communautés avec ceux qui leur ressemblent. Couleurs de peaux, couleurs de l’origines, couleurs religieuses, couleurs politiques, couleurs des besoins, couleurs des acquis, couleurs des tendances… couleur des peurs enfin.  Ils se croient dans le bien contre le mal, contre les autres... leurs frères. Ils se déchirent, s’avilissent, se salissent, s’annulent, contre eux-mêmes, jamais contre ce qui leur fait vraiment mal... Ils préfèrent s’anéantir plutôt que de reconnaître leurs propres failles et cesser de voir en l’autre cet être qu’ils sont eux-même.

Les vieilles guerres se remettent à table, l’orgie se pointe à fleur des seconds couteaux, les fourchettes se dressent à mort, les pouvoirs se mettent à table, « faut que ça saigne ». Tous les prétextes sont bons. Les boucs émissaires montés en farce gisent sur la nappe du banquet. Deux colombes attachées au bouquet de la paix. Les entrées en soufflet émettent les odeurs du voyage, ourlées de roulottes en papillote. Les desserts baignent en barquettes de chocolat happé renversé sur un lit bleu des plages du sud. L’hystérie s’assoie la bave aux lèvres, la pensée courte, le mensonge en bandoulière. Les leurres sont lâchées, les coupables enfourchés… Rien n’est pour autant réglé. La peur régne en maitre.

Complainte de la nullité, rêves à jamais dévastés.

Abel et Caïn

    Race d'Abel, dors, bois et mange ; 

    Dieu te sourit complaisamment. 

    Race de Caïn, dans la fange 

    Rampe et meurs misérablement. 

    Race d'Abel, ton sacrifice 

    Flatte le nez du Séraphin ! 

    Race de Caïn, ton supplice 

    Aura-t-il jamais une fin ? 

    Race d'Abel, vois tes semailles 

    Et ton bétail venir à bien ; 

    Race de Caïn, tes entrailles 

    Hurlent la faim comme un vieux chien. 

    Race d'Abel, chauffe ton ventre 

    À ton foyer patriarcal ; 

    Race de Caïn, dans ton antre 

    Tremble de froid, pauvre chacal ! 

    Race d'Abel, aime et pullule ! 

    Ton or fait aussi des petits. 

    Race de Caïn, cœur qui brûle, 

    Prends garde à ces grands appétits. 

    Race d'Abel, tu croîs et broutes 

    Comme les punaises des bois ! 

    Race de Caïn, sur les routes 

    Traîne ta famille aux abois. 

   II 

    Ah ! Race d'Abel, ta charogne 

    Engraissera le sol fumant ! 

    Race de Caïn, ta besogne 

    N'est pas faite suffisamment ; 

    Race d'Abel, voici ta honte : 

    Le fer est vaincu par l'épieu ! 

    Race de Caïn, au ciel monte, 

    Et sur la terre jette Dieu ! 

Charles Beaudelaire

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