
Chers artistes et amis des arts,
Je suis peintre, sculpteur, vidéaste, chanteuse, et autres médiums…
Comme beaucoup d’entre vous, je subis depuis plusieurs années une vie de précarité qui se voudrait déstructurante si on se laissait aller. Si je n’avais pas étudié de très près les raisons de cette violence que l’on inflige à l’art, si savamment et en crescendo depuis les années 80, j’aurais, comme beaucoup, abandonné la lutte. Cela fait quarante ans que j’exploite mes capacités créatives . Je ne suis plus en âge de douter de mon travail. J’ai pu rencontrer des artistes, critiques d’art, essayistes, galeristes, dissidents des institutions culturelles actuelles et les spectateurs abasourdis par ce qu’on leur impose.
On peut sans peine faire le constat, au regard des salles d’expositions convenables qu’il nous reste pour montrer notre travail, que tout ceci s’apparente à une mise à l’écart. Notre pays naguère accueillait les dissidents artistiques de tous les pays, Allemagne, Italie, URSS, etc., pays qui n’acceptaient plus pour des raisons politiques, toutes les créations artistiques…Ce qui est un marqueur incontestable de mal-être pour les sociétés.
Les qualités d’imagination, de création, de délire aussi, dans un dialogue sensible sont indispensables à l’épanouissement des individus. Car s’il ne demeure qu’un seul style qui n’évolue plus depuis trente ans, ce dernier est marchand , très lucratif pour certains, puisque qu’il sert même de support pour jouer en bourse mais, par contre, sclérosant pour l’avenir, l’esprit, l’espoir, la jeunesse, l’imaginaire -valeurs qui nous tiennent à cœur.- Ces valeurs doivent continuer à être mises en avant, défendues, répandues et, pour cela, nous devons nous fédérer pour obtenir les moyens nécessaires à cette juste cause, moyens -dont les subventions, les lieux d’expo, l’accès aux médias sont nécessaires.
Nous pourrions attendre longtemps avant que les bonnes nouvelles ne nous tombent toutes peintes du ciel…
La question est :
- Avons-nous mérité de subir cet apartheid artistique et allons-nous continuer à accepter de le subir ?
- Avons-nous décidé définitivement de ne plus être acteurs de la vie artistique en France ?
Comme beaucoup, j’ai fait le tour des possibilités d’expositions, de diffusions que j’ai pu trouver. Les hôpitaux en font partie. La peinture, la sculpture, la musique, le cinéma français seraient-ils malades?...
Oui, si nous laissons le dictât régner et que nous restons seuls chacun dans notre coin à espérer devenir les élus des agents institutionnalisés qui choisissent qui a le droit de montrer son travail, de vivre ou pas. Les moyens financiers extraits aux citoyens sont colossaux même si la « crise » tente de les réduire. Les Côtes d’Armor comme tous les territoires sont très touchées.
Nous sommes les acteurs de la « culture française ». Nous devons redorer le blason de son exception culturelle perdue. Les galeries sont rachetées par des marchands étrangers. Les institutions culturelles françaises exposent et achètent principalement à l étranger, un seul genre artistique. Cette folie est uniquement française actuellement et n’existe pas ailleurs où le foisonnement artistique est légal. Il n’est plus permis dans nos écoles et dans nos universités ni même aux beaux-arts d’apprendre les techniques fondamentales des médiums qui firent vibrer nos sens jusqu’à aujourd’hui encore.
Les artistes aujourd’hui ont pour mission de ramener l’équilibre car l’art est à l’image de nos sociétés. Force est de constater que les leurres sont de mise. En tant que spécialistes artistiques, nous sommes les véritables acteurs de notre futur.
Il ne nous reste qu’une seule et unique porte d’espoir, celle de nous unir pour faire poids fédérer les intérêts communs, ouvrir les horizons qui nous sont chers aux autres, aider à générer d’autres courants de pensée, et ceci dans le but, non pas initial, mais impératif d’obtenir des moyens nécessaires pour faire connaître nos créations au public.
Je vous écris aujourd’hui car j’ai la volonté de me battre pour sauver la peinture, la sculpture, la musique, le théâtre, le cinéma…. l’art, véritable houille blanche de l’esprit. Je vous propose une arche de nuée de sens, « L'arche de sens" en créant une association la plus ouverte , la plus large et de tous les horizons possibles. Pour être efficace nous aurons besoin de la force et de l’imaginaire de tous. Je pense aux autres départements, pays et aux spectateurs qui sont eux-même pleinement acteurs de l’évolution et l’épanouissement artistique dans la mesure où il se crée naturellement un échange en dialogue, indispensable à l’épanouissement de tous.

