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Billet de blog 3 décembre 2009

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Quelques réactions dans le monde après la votation Suisse

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La communauté internationale, outre les pays du monde musulman, n’a pas tardé à dénoncer le résultat du référendum organisé par la Suisse, qui a abouti à l’interdiction des minarets. «Vote de la peur et de l'intolérance, décision inquiétante» sont les qualificatifs utilisés pour condamner cette interdiction.

Mardi, ce fut la haute-commissaire des Nations unies, Navi Pillay, qui a critiqué et dénoncé la mesure helvétique, estimant que cette décision «clairement discriminatoire» et a été le résultat d'une campagne électorale «attisant la peur».

Selon cette instance onusienne, «l’interdiction de la construction de minarets en Suisse est discriminatoire, divise profondément la société et risque de mettre la Suisse en contradiction avec ses engagements internationaux» en matière de droits de l'homme. Navi Pillay a affirmé : «J'hésite à condamner un vote démocratique, mais je n'ai aucune hésitation à condamner les campagnes attisant la peur de l'étranger dans de nombreux pays, dont la Suisse, qui permettent de tels résultats.» Et «Les politiques fondées sur la xénophobie et l'intolérance sont extrêmement préoccupantes, où que ce soit».

Tout en dénonçant «la tendance extrêmement inquiétante» révélée par «les affiches ouvertement xénophobes utilisées pour ce référendum et d'autres campagnes récentes visant les demandeurs d'asile, les migrants ou les étrangers en général». La haute-commissaire onusienne a rappelé que le Comité des droits de l'homme de l'ONU avait averti, le 3 novembre dernier, qu'une interdiction des minarets constituerait une violation des engagements souscrits par la Suisse dans le cadre de la Convention de l'ONU pour les droits civils et politiques.

Quant à la porte-parole du bureau de Bruxelles de Human Rights Watch, Lotte Leight, qui intervenait lors d'une conférence de presse organisée par les Groupes de droits humains en Occident, lesquels ont tous condamné l'organisation de ce référendum, a qualifié l’opération de «honte». Elle dira également qu'elle était «sûre que le résultat du référendum sera contesté par la Cour européenne des droits de l'homme».

La présidence suédoise de l'UE a jugé «surprenant» de soumettre un tel sujet à référendum. «Il n'y a pas de problèmes entre les musulmans et les Européens dans l'Union européenne», a déclaré la ministre suédoise chargée de l'Intégration, Nyamko Sabumi. «Les Musulmans sont Européens», a-t-elle assuré.

Du côté de l'Allemagne «ce vote traduit la peur d’une islamisation de la société et cette crainte doit être prise au sérieux», a néanmoins estimé un responsable du parti de la chancelière Angela Merkel, la CDU, Wolfgang Bosbach.

Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères, s’est déclaré hier «scandalisé par une expression d’intolérance». «je suis un peu scandalisé par cette décision» qui «est négative pour ce qui concerne les inquiétudes mêmes des Suisses parce que si on ne peut pas construire de minarets, cela veut dire qu’on opprime une religion», a déclaré le ministre. «J’espère que les Suisses reviendront sur cette décision assez vite», a-t-il ajouté. «C’est une expression d’intolérance et je déteste l’intolérance.» «La construction de minarets n’est pas grand-chose. Est-ce que c’est une offense dans un pays de montagnes qu’il y ait une construction un peu plus élevée?», a demandé Bernard Kouchner.

Pour le Le chef du parti présidentiel UMP, Xavier Bertrand, a estimé de son côté que la question de l’interdiction des minarets ne se posait pas en France. «Est-ce que la question nous est posée en France concernant les minarets?» «Bien sûr que non», a-t-il affirmé.

En Suisse, le secrétaire général de la Conférence épiscopale, Mgr Felix Gmür, a qualifié ce vote de «coup dur pour la liberté religieuse et l'intégration». Le Vatican a abondé dans le même sens, évoquant une «entrave à la liberté de religion», tout en reconnaissant l'existence d'un «sentiment d'aversion et de peur». Le Rapporteur spécial de l'ONU pour la liberté de religion, Mme Asma Jahangir, a déclaré avoir «de profondes inquiétudes» et dénoncé une «discrimination évidente».

Pour la ministre des affaires étrangères Suisse, elle trouve «Chaque atteinte à la coexistence de différentes cultures et religions met aussi en danger notre sécurité. Car la provocation risque d’appeler d’autres provocations, l’outrage d’attiser l’extrémisme», a commenté MmeCalmy-Rey devant le Conseil ministériel de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, réuni à Athènes. «Nous sommes préoccupés par ce vote» a-t-elle ajouté. MmeCalmy-Rey a également expliqué que le vote des Suisses par «une réaction de repli, de défense dans le contexte d’un monde globalisé, de crise économique, et de montée du chômage». «La liberté d’exercer la religion musulmane est restreinte en ce qui concerne son expression publique», a regretté la ministre. Elle a noté qu’il «appartiendrait à la Cour européenne des droits de l’homme de décider de la compatibilité de la nouvelle norme constitutionnelle suisse avec la Convention européenne des droits de l’homme». En attendant «ce vote ne modifie en rien les objectifs de la politique étrangère de la Suisse. La Suisse entretient des relations étroites aux plans social, politique et économique avec tous les pays musulmans». Le référendum contre les minarets «va au contraire nous motiver à poursuivre davantage à rechercher l’ouverture, et le partenariat entre pays musulmans et non musulman», a-t-elle assuré.

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe s'est elle aussi déclarée «très préoccupée». Amnesty International évoque «une violation de la liberté religieuse incompatible avec les conventions signées par la Suisse».

Dès dimanche, le grand Mufti d’Egypte, Ali Gomaa, avait dénoncé une «insulte» pour tous les musulmans. Tout on leur demandant cependant de ne pas «se sentir provoqués par cette interdiction».

Le secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) Ekmeleddin Ihsanoglu s’est dit lundi «déçu et préoccupé» par la «recrudescence des incitations antiislamiques en Europe», appelant lui aussi à des réactions «pacifiques». La Nahdlatul Ulama, principale organisation musulmane d’Indonésie, plus grand pays musulman au monde, y voit un signe de «haine» et d'«intolérance», tout en appelant elle aussi à «ne pas réagir avec excès».

Ce vote «reflète l’islamophobie extrême» des Occidentaux a jugé pour sa part le Pakistanais Khurshid Ahmad, vice-président du Jamaat-e-islami, parti islamique radical siégeant au parlement.

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