Le lundi 5 octobre, la saison des Prix Nobel a débuté par la remise du prix Nobel de médecine à un trio, l'Américano-australienne Elizabeth Blackburn et les Américains Carol Greider et Jack Szostak, pour leurs travaux sur les télomères et l'enzyme télomérase qui protègent les cellules du vieillissement.
Pour le prix Nobel de physique 2009 il a été décerné hier mardi à l'Américano-Britannique Charles Kao, à l'Américano-Canadien Willard Boyle et à l'Américain George Smith pour des travaux sur la fibre optique et les semi-conducteurs, a annoncé hier le comité Nobel. Le comité Nobel qualifie ces trois scientifiques de «maîtres de la lumière» car leurs travaux ont permis «la création de nombreuses innovations pratiques pour la vie de tous les jours et apporté de nouveaux outils pour l'exploration scientifique».
Charles Kuen Kao, britanique d'origine chinoise, lui, est récompensé pour «une avancée dans le domaine de la transmission de la lumière dans les fibres pour la communication optique», selon le comité.
Willard Sterling Boyle et George Elwood Smith, le premier est un physicien canadien né en 1924 et le second un physicien américain né en 1930.sont couronnés pour «l'invention d'un circuit semi-conducteur d'images, le capteur CCD (charge coupled device)». Les découvertes de Kao «ont ouvert la voie à la technologie de la fibre optique qui est aujourd'hui utilisée dans quasiment toutes les communications téléphoniques et de données» précise le comité. Ils se partagent tous les deux le reste du prix Nobel de physique 2009 pour la réalisation des premiers capteurs CCD qui sont aujourd’hui omniprésents en photographie numérique . En 1969, ils travaillaient ensemble dans les mythiques laboratoires Bell, déjà à l’origine d’un prix Nobel de physique avec l’invention du transistor. C'est là que les deux hommes concrétisèrent les idées à l’origine de nos caméras vidéo et de nos appareils photos modernes.
L'an dernier, le prix de physique avait été attribué à un Américain, Yoichiro Nambu, et à deux Japonais, Makoto Kobayashi et Toshihide Maskawa, pour leurs découvertes séparées sur la physique des particules expliquant des anomalies dans des concepts liés aux origines de l'univers lors du «Big Bang», il y a 14 milliards d'années.
Dans chaque catégorie, le prix Nobel est accompagné d'une récompense de 10 millions de couronnes suédoises (980 000 euros) à partager entre les lauréats.
Quant au prix Nobel de la littérature dont la remise est prévue jeudi, on cite déjà des preneurs de paris, tels que Amos Oz, l’Algérienne Assia Djebar (membre de l’Académie
française) et l’Américaine Joyce Carol Oates, le Syro-Libanais Adonis, Antonio Tabucchi, Claudio Magris, Thomas Pynchon, Haruki Murakami, Juan Goytisolo...
Cette fois-ci, comme chaque année à pareille époque, les pronostics vont bon train sur les premières cotations. Les rumeurs du milieu littéraire suédois donnent la poésie comme genre favori au prix Nobel de Littérature. Cela constitue un événement. Depuis 1996, aucune œuvre poétique n’a reçu cette distinction. A cet effet, des noms d’illustres poètes, venus de différents horizons circulent déjà. Il s’agit, entre autres, du Suédois Tomas Tranströmer, le Syrien Adonis, Vargas Llosa, ainsi que la nouvelliste canadienne, Alice Munro, bien que le Nobel de littérature n’ait jamais été remis à un auteur de nouvelles. «On entend beaucoup dire qu’il est temps de récompenser un poète, alors peut-être que cette année ce sera le cas», déclare Stefan Eklund, du quotidien Svenska Dagbladet. La poésie a été nobélisée la dernière fois il y a 13 ans avec la Polonaise Wislawa Szymborska. Par conséquent «le temps de la poésie est venu», estime de son côté Hakan Bravinger, un responsable de l’édition Norstedt. Une seule certitude «ce sera à coup sûr un non-Européen», selon Björkholm. Et puis, il y a les noms qui reviennent chaque année. Parmi eux l’Israélien Amos Oz, les Américains Philip Roth, Cormac McCarthy, Joyce Carol Oates, la Canadienne Margaret Atwood ou l’Algérienne d’expression française Assia Djebar, dont un roman est lu depuis quelque temps à la radio suédoise. De là à y voir un signe. Mais, après Le Clézio, un nouveau lauréat francophone est-il probable? Or, cette année les pronostics sont d’autant plus compliqués que l’Académie suédoise a un nouveau secrétaire permanent, Peter Englund, dont on ne mesure pas encore l’influence. En outre, la liste des candidats n’est jamais publiée et les délibérations sont gardées secrètes. «On ne sait jamais, c’est ce qui fait le charme. Une fois par an, nous pouvons bavarder de littérature mondiale, discuter d’auteurs coréens... C’est fantastique, il faudrait que ça dure toute l’année», s’enthousiasme Bravinge.
Concernant la remise vendredi du prix Nobel de la Paix, de nombreux noms circulent aussi. Pour succéder à Al Gore, les médias et plusieurs experts ont cité notamment l'actuel dalaï-lama, Nelson Mandela, Mikhaïl Gorbatchev ou l'ancienne otage franco-colombienne Ingrid Betancourt. Le président américain Barack Obama est également mentionné pour ses efforts pour le désarmement nucléaire. Parmi les personnalités associées au choix du comité, il y a Jan Egeland directeur de l'Institut norvégien des affaires internationales, un des architectes des accords d'Oslo, a voté pour un Africain, médecin en République du Congo, qui soigne les victimes de viols, Denis Mukwege.
D'autres militants des droits de l'Homme en Colombie, en Jordanie, en Russie, en Afghanistan ou au Vietnam sont aussi de possibles choix.
On cite également des dissidents chinois apparaissent comme de possibles favoris pour le Prix Nobel de la Paix cette année, 20e anniversaire des événements de la place Tiananmen et 60e année de la République populaire.
La possibilité de voir distingués des dissidents chinois est fréquemment évoquée, année après année, mais la forte contestation du pouvoir exprimée cette année leur donne plus de chance d'être sélectionnés vendredi. Comme Hu Jia, un militant des droits de l'homme et un critique du pouvoir chinois, condamné à trois an et demi de prison pour «incitation à la subversion du pouvoir d'Etat», ou Wei Jingsheng, une des figures du printemps de Pékin, emprisonné pendant 17 ans pour avoir prôné la réforme du système. Il vit actuellement aux Etats-Unis.