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Billet de blog 10 janvier 2010

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La famille Ben Brik en grève de la faim

Azza Zarrad, épouse de Taoufik Ben Brik, a déclaré à Reporters sans frontières, le 6 janvier 2010,

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Azza Zarrad, épouse de Taoufik Ben Brik, a déclaré à Reporters sans frontières, le 6 janvier 2010, à l'issue de sa visite hebdomadaire à son mari dans la prison de Siliana, 130 km de la capitale tunisienne, l'intention de huit membres de sa famille d'entamer une grève de la faim illimitée pour dénoncer la détention du journaliste.

Ne voyant rien venir, en dépit des lettres adressées aux plus hautes autorités du pays, alors que l’état de santé de Taoufik Ben Brik ne cesse de se détériorer et d’inquiéter ses proches, malgré les multiples appels lancés par sa famille et ses avocats afin d’améliorer ses conditions de détention et exiger sa libération, le locataire du palais de Carthage reste insensible et ne veut rien entendre.

Bien au contraire, il a décidé de mener la vie dure au journaliste ainsi qu’à sa famille en multipliant les intimidations envers ses proches. Le téléphone et la connexion internet sont sous surveillance et souvent coupés ; les visites à la prison sont soumises à un régime particulier et dépendent du bon vouloir de l’administration pénitentiaire.

Face à cette situation intenable, «Quand les mots ne sont plus écoutés les seules armes qu’il nous reste, ce sont nos corps, a déclaré la femme de Ben Brik à RSF; Ses cinq frères, deux sœurs et moi-même entamons à compter de ce soir une grève de la fin illimitée. Ça ne peut plus durer. Il faut que le monde entier bouge»…

Malgré un lourd climat répressif, ces dénis de justice et atteintes au droit élémentaire d’expression la société tunisienne n’est en effet pas restée inactive. Le 30 décembre, un rassemblement de protestation composé essentiellement de journalistes et d’opposants tunisiens, a été brutalement réprimé puis dispersée par la police de Ben Ali devant le siège du journal Al Mawqaf, organe du Parti démocratique progressiste (PDP).

Ce premier mouvement de protestation a été suivi d’un second, organisé le 5 janvier par le Comité tunisien pour la protection des journalistes pour la libération de Ben Brik et de Zoheir Makhlouf (comité non reconnu par les autorités), pour observer une journée de grève de la faim et de dénoncer les arrestations arbitraires de journalistes et les atteintes à la liberté d’expression dans ce pays. «C’était un acte pacifique pour attirer l’attention des autorités sur les conditions de nos confrères et nous espérons être entendus», a déclaré un des organisateurs, Mohamed Hamrouni, cité par l’AFP. Cette initiative, selon le Comité tunisien pour la protection des journalistes, a reçu le soutien de plusieurs personnalités de la société civile tunisienne.

Cependant, selon RSF, le pouvoir tunisien a encore fait monter la surveillance d’un cran supplémentaire, à l’occasion de cette grève de la faim organisée par le Comité tunisien de protection de journalistes en solidarité avec Taoufik Ben Brik et Zouhaïer Makhlouf. «Les méthodes utilisées sont pernicieuses, visant à isoler totalement les journalistes de l’étranger. Privés de connexions Internet ou dans l’impossibilité de recevoir des appels téléphoniques de l’étranger, les journalistes tunisiens sont totalement coupés du monde, estime Reporters sans frontières, le harcèlement à l’égard de Taoufik Ben Brik se poursuit. Aujourd’hui [hier] sa femme a été interdite de visite. A la veille de la Journée internationale des droits de l’homme, le gouvernement tunisien est incapable de faire preuve de générosité. Cet acharnement à faire payer au journaliste sa liberté de ton est révoltant. Taoufik Ben Brik est malade. Il souffre au fond de sa cellule, mais visiblement cela ne suffit pas pour les autorités tunisiennes. On veut en plus le priver de son droit à voir sa femme et ses avocats. Nous sommes très inquiets pour lui» a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF.

Dans un état de santé précaire et fragile, souffrant à 49 ans de diarrhée chronique, d’urticaire et de symptômes grippaux, atteint aussi du syndrome de Cushing, maladie dégénérative des défenses immunitaires, Taoufik Ben brik a été privé en plus de cela de voir sa femme; un supplice, souffrance et douleur atroce supplémentaire que l’on veut lui infliger même dans son trou.

A sa sœur et l’un de ses frères seuls autorisés à le voir qui ont pu s’entretenir avec lui dix minutes, il leur a confiéce cri et cet appel: «On veut ma mort à petit feu. Faites-moi sortir de là »...

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