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Billet de blog 12 mars 2011

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Juppé va-t-il manger « des cerises en hiver » ?

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Le retour d'Alain Juppé, il y a quelques jours à peine, au Quai d'Orsay, ministère des Affaires étrangères, suite à l'éviction que l'on sait de Madame Alliot-Marie a été encensé de toutes parts. Un come-back qualifié de grand retour au poste que Juppé a en effet occuppé pendant deux années, de 1993 à 1995, durant la cohabitation entre François Mitterrand et Edouard Balladur.

Alain Duhamel va jusqu'à parler d'« un remake du Comte de Monte-Cristo » dans sa Chronique de Libération du jeudi 3 mars dernier et où il annonca dors et déjà «L’affaissement du sarkozysme le métamorphose soudain en sauveur (...) Alain Juppé est de retour en grand équipage et ce n’est pas pour jouer les seconds rôles.(...) Il était demandé et non pas demandeur, il a donc pu obtenir la garantie de disposer d’un véritable espace d’autonomie. (…) La nomination de Claude Guéant au ministère de l’Intérieur favorise ce changement, presque cette rupture. Michèle Alliot-Marie était une sorte de ministre déléguée aux Affaires étrangères auprès de l’Elysée, Alain Juppé sera un super-ministre des Affaires étrangères ».

Seulement lorsque l'on regarde la réalité en face, il n'y a rien de cela, le lyrisme ce n'est pas tout. Et ceux qui attendent peut-être un quelconque changement et équilibre de prérogatives dans ce ministère combien symbolique seront manifestement très vite déçus. Le premier évidemment c'est Alain Juppé qui n'ignorait pourtant en rien les difficultés qui entourait ce ministère puisque, lui-même, il les a dénoncé avec Hubert Védrine en juillet dernier dans une tribune au Monde.

La nouvelle précisément c'est Nicolas Domenach, journaliste de Marianne, qui l'a rapporté sur Twitter et qui écrit: «le visage de Juppé apprenant à Bruxelles les initiatives solitaires de Sarkozy sur la Libye: entre stupéfaction et rage...»

« Entre stupéfaction et rage...» du fait que, quand Nicolas Sarkozy recevait, jeudi, le Conseil national libyen des insurgés, et qui a proposé par la suite des «frappes aériennes ciblées» pour restreindre les bombardements de Kadhafi sur la population, Juppé, ministre des Affaires Etrangères était au Parlement européen et n'aurait donc même pas été prévenu de cette décision. Maurice Szafran de Marianne a déclaré sur France Info que Juppé«a appris [la nouvelle] carrément en direct depuis Bruxelles, il n’était absolument pas au courant.»

Voilà une fois de plus le « patron » vient d'affirmer que les affaires étrangères de la France restent son exclusif domaine et qu'il n'était pas disposé à les partager avec celui que Libération a trop vite cherché à qualifier de vice-président en puissance, le nouvel homme fort du gouvernement. Car de cela force est de constater que Juppé, l'homme qui s'est dit de ne jamais manger « des cerises en hiver » n'est en fin de compte pas mieux lotit que ces prédécesseurs Kouchner et MAM.

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