Le Parlement panafricain a demandé dimanche 8 novembre l'exclusion du Maroc de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) et du Mondial 2010 de football. Cette sanction sans précédent qui vise de mettre le Maroc en quarantaine de ces deux événements sportif très importants car très populaires n'est pas d'ordre sportif comme on pouvait le penser mais bel bien politique.
Les autorités marocaines sont sanctionnées par les membres de cette institution suite à leur volonté de vouloir traduire sept militants saharaouis des droits de l’homme, devant un tribunal de surcroît un tribunal militaire. Ces derniers ont été arrêtés dès leur descente d’avion à l’aéroport de Casablanca le 8 octobre dernier après leur retour d’une visite effectuée dans les camps de réfugiés de Tindouf (ville algérienne). «Ils ont été déférés devant le parquet militaire de Rabat, et conduits par la suite au complexe pénitencier de Salé (ville limitrophe de Rabat), après être restés huit jours entre les mains des différents services de sécurité et de renseignements marocains civils et militaires, sans aucun contact avec leurs familles et leurs avocats».
La résolution a été adoptée à l’unanimité par les élus des pays membres du Parlement panafricain lors de la session qui s’est tenue à Midrand en Afrique du Sud la semaine dernière, tout en affirmant sa sa «solidarité» avec la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD). La sanction se veut tant symbolique que politique. «Le Parlement panafricain a demandé l’exclusion du Maroc de la CAN et du Mondial 2010 de football, pour les graves violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés.» a indiqué dimanche dernier le ministère sahraoui de l’Information.
Si sur le plan purement sportif la cause semble déjà entendue, sur le terrain de la diplomatie, Mohammed VI qui semble pour le Parlement panafricain «rien entendre du droit des Sahraouis à disposer librement de leur destin», vient en effet de subir un revers retentissant.
Le Parlement panafricain veut voire donc le Maroc rester chez lui pendant que le monde entier prendra chemin et converger en liesses humaines en direction du pays de Nelson Mondela le mois de juillet prochain.
Certes les chances de voir Les lions de l’Atlas au Mondial sud-africain sont compromises, ne possèdent qu’une mince chance de qualification. L'équipe marocaine trouvera sur son chemin les Lions indomptables (Cameroun). Et quand bien même elle franchira cet obstacle camerounais elle n'est pas si sûr de fouler les terrains Sud africain. Les Lions de l'Atlas qui certainement ne sont pour rien dans cette histoire ils auront à traîner comme un boulet, comme une casserole la position tranchée des autorités de leur pays concernant la question des droits de l'homme au Maroc et du droit du peuple sahraoui à s’exprimer librement sur son indépendance.
Quant à Mohamed Abdelaziz, le président de la RASD, il a dénoncé la «violation des dispositions du droit humanitaire international» et d'«aliénation du droit de libre circulation et de liberté d'expression». Dans un message adressé au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, M. Abdelaziz a souligné que l'enlèvement de ces militants des droits de l'homme est «tout à fait contraire aux efforts des Nations unies visant à consolider les mesures de confiance entre les deux parties au conflit (Maroc et Front Polisario)».
Cette campagne menée en faveur des militants des droits de l'homme, les responsables sahraouis en profitent en effet pour sensibiliser encore l'opinion internationale sur la question du Sahara. Ils espèrent que dans les prochains jours, l'opinion internationale se mobilisera plus sur le dossier du Sahara Occidental. La Minurso (Mission des Nations unies pour le Sahara Occidental) doit aussi inscrire dans ses prérogatives de protéger les droit des Sahraouis tout autant que l'Union européenne (UE).
Le président de la RASD Mohamed Abdelaziz a déjà saisi par écrit le Conseil de sécurité l'exhortant d'intervenir pour la libération des militants emprisonnés en soulignant le doute qui plane sur le climat de dialogue serein qui s'est établi lors des derniers pourparlers ayant eu lieu en Autriche et aussi de prendre toutes les mesures convenables pour éviter toute «détérioration de la situation». Le président sahraoui fera également part au Commissariat des Nation unies pour les droits de l'homme de sa profonde préoccupation à la suite de la campagne de répression que mènent les forces de sécurité marocaines dans les territoires occupés. Il est demandé à l'institution onusienne de faire pression pour que ces militants soient libérés avec toutes les garanties.
Cette sanction sportive à l'endroit de Rabat baptisée d'ores et déjà «résolution de Midrand», faisant ainsi écho au nom de la ville sud africaine, le lieu de la réunion, risque fort de parasiter les relations entre Rabat et Pretoria (Afrique du sud) qui ne sont, faut-il le souligner, ni simples et ni cordiales de par bien sûr l'histoire de ce pays; Afrique du sud, et de son long combat pour son indépendance. Et pour qui manifestement le combat du peuple saharouis est le quasi-identique combat qu'il avait mené pour son indépendance toute récente (1986).
Au mois d’août 2008, Dumisani Kumalo, ambassadeur d’Afrique du Sud et président en exercice, à l’époque, du Conseil de sécurité, avait vivement critiqué les déclarations de Peter Van Walsum, ex-envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental. Celui-ci avait affirmé l’option de l’indépendance «irréaliste» pour le peuple sahraoui. «Si nous nous engageons dans cette voie, nous devrions aussi dire aux Palestiniens de renoncer», a fait remarquer le diplomate sud-africain. Ce qui a eu pour effet de soulever l’ire des médias marocains. «L’Afrique du Sud disqualifiée du dossier» titrait le quotidien Le Matin en ajoutant: «L’Afrique du Sud a affiché pour la énième fois son hostilité au Maroc.» De son côté, l’agence de presse officielle MAP a estimé qu’«elle a violé les règles de bienséance diplomatique qui prévalent à chaque réunion du conseil».
Entre le pays de l’ex-plus ancien prisonnier politique du monde, Mandela, militant incontestable et incontournable de la lutte contre l’apartheid et le Royaume de Mohammed VI, la lune de miel n’est pas pour demain. Manifestement, elle ne sera possible que lorsque le peuple sahraoui aura accédé à son indépendance. Tout un symbole !
Le pouvoir marocain continue également sa politique de musellement de la presse. Ces questions sont en effet des questions tabous. Le tribunal de première instance de Casablanca a prononcé le 30 octobre son double verdict dans l’affaire dite du Journal Akhbar Al-youm (Information du Jour).Dans le premier procès, le ministère de l'Intérieur avait décidé de poursuivre le quotidien Akhbar El-Youm pour outrage au drapeau du royaume, dans «une caricature en relation avec la célébration par la famille royale d'un événement à caractère strictement privé». Il s’agissait d’un dessin du prince Ismail lors de son mariage, publié dans l'édition du 26-27 septembre. Le juge a décidé la fermeture définitive du quotidien et infligé une peine d’un an de prison avec sursis à l’encontre du directeur Taoufik Bouachrine et du caricaturiste Khalid Gueddar, assortie d’une amende de 9 000 euros chacun.
L’autre procès avait été intenté contre le journal par le prince Ismaïl lui-même pour «non-respect dû à un membre de la famille royale». Le directeur et le caricaturiste ont été condamnés à trois ans de prison avec sursis et à environ 270 000 euros de dommages et intérêts à verser «solidairement» au Prince.
Ces deux jugements font suite à une séries de sentences sévères prononcées récemment contre plusieurs titres de la presse marocaine dont la plus lourde est l’emprisonnement de Me Idris Chahtan directeur de l’hebdomadaire Al Michàal pour avoir publié un article sur la santé du roi Mohamed VI.
L’organisation reporters sans frontières (RSF) et l’ONG nord-africaine, Le Groupe de Travail sur la Liberté d’Expression en Afrique du Nord (WGFENA) ont exprimé leur indignation suite à ces graves atteintes à la liberté de la presse.
Ainsi que toutes ces questions font que la capitale du Royaume alaouite est en ce moment en délicatesse avec certaines de ses homologues. Comme par exemple, le 1er septembre dernier, à l’occasion de la célébration du 40e anniversaire de la Révolution libyenne, la délégation marocaine a quitté précipitamment Tripoli en s’apercevant de la présence de Mohamed Abdelaziz, le président de la RASD sur les lieux des festivités.
Ou alors les frictions diplomatique avec la Suède de ces derniers jours. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération marocain, Fassi Fihri a convoqué le 4 novembre l'ambassadeur de Suède à Rabat, Michael Odevald, pour lui exprimer le mécontentement du Maroc suite «au manquement grave aux pratiques diplomatiques de la part d'une conseillère de l'ambassadeur». Il a en effet accusé la conseillère Anna Block-Mazoyer d'avoir commis «une erreur professionnelle inadmissible» pour avoir communiqué au Front polisario un document gouvernemental. Dont les autorités marocaines ont exigé «le départ immédiat». Pour Rabat «Mme Block-Mazoyer a transmis à des éléments séparatistes, liés à l’Algérie et au Polisario, un document officiel qui a été remis par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération à l’ambassade de Suède à Rabat, dans le cadre d’une demande diplomatique. Ce document s’est retrouvé, par la suite, entre les mains des ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume». Le Maroc considère que ces documents ne sauraient en aucun cas « être utilisés contre les intérêts du pays d'accréditation ».
Ironie de l'histoire! Presque au même moment, le militant des droits de l'homme, Brahim Dahane, détenu dans une prison marocaine, venait de remporter le prix suédois Per Angers pour l'année 2009 pour ses efforts dans la défense des droits de l'homme au Sahara occidental. La commission internationale des juristes (CIJ), qui décerne ce prix créé par le gouvernement suédois estime quant à elle que «le militant Brahim Dahane, actuellement détenu au Maroc, a risqué sa vie en recourant à des moyens pacifiques pour défendre les droits de l'homme au Sahara occidental».
Le directeur du forum Histoire vivante et président du jury, Frank Axel, a révélé dans la foulée que « la commission avait retenu le nom de Brahim Dahane depuis le mois de septembre mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit de nouveau incarcéré !».