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Billet de blog 16 février 2011

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« L’Histoire est en marche » la France s'émiette

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« L'Histoire est en marche» a dit il y a quelques jours Barack Obama qui est entrain, pas à pas, sans doute, de redessiner le monde en rentrant au même temps dans le cœur des peuples en accompagnant leur luttes contre des dictatures comme au Maghreb, au Moyen Orient , en Perse (Iran), etc... Et peut être, pourquoi pas, demain, lorsque d'autres peuples, comme la Corée du Nord, la Russie, la Chine (qui a cadenassé ces jours -ci Internet), etc; se soulèveront pour leurs dignité et leur propre Révolution démocratique.

Tandis que la France est absente dans cette marche de l'Histoire, invisible sinon morte par son silence assourdissant en Tunisie comme en Égypte. La droite au pouvoir censée théoriquement avoir un rôle de premier plan dans ce fantastique bouillonnement démocratique qui continue à se propager en Iran en Libye, Maroc, etc... La France semble bien loin de cette tache aujourd'hui celle qui fut la sienne hier. Ce qui n'a d'ailleurs pas échappé à l'ex Premier ministre, Dominique de Villepin, dimanche, sur le plateau de Canal+: « Nous devrions être les premiers à nous réjouir, parce que ces événements donnent raison à la vision de la France et donnent raisons aux principes que nous n'avons cessé de défendre [...] c'est cette vision-même qui est à l’œuvre aujourd'hui, celle des peuples, celle des grands principes de justice, de paix, donc oui, nous devrions être aux avant-postes et malheureusement, nous sommes un peu réticents et en arrière de la main, parce que la peur l'emporte et parce qu'il y a un manque de confiance en nous et dans le monde. »

Quand à la gauche, l'heure est aux rivalités personnelles toujours aiguë, à la petite phrase de dimanche, à qui soutient qui pour les primaires, quel candidat ou candidate que préfère celui-ci ou celle-ci. Lamentable en pareilles circonstances internationales rarement danses comme ces derniers jours. Lamentable comme ce spectacle médiatique, repris par plusieurs personnalités du PS dans les médias à propos du «souhait » de Mme Anne Sinclair qui nous a fait savoir, la semaine dernière, indirectement bien sûr et dans l'insinuation travaillée, qu'à partir de 2012, elle ne se voit pas à New York, simple compagne d'un directeur général du FMI, mais plutôt, éventuellement, comme la première dame de France. Lamentable aussi car toute la semaine, alors que les valeurs de « 89 » de la France se jouent sur d'autres fronts, sur autre continent depuis plusieurs semaines, les socialistes de réunion à réunion, de conclave à l'autre, de rencart en rencart, l’œuvre, pour eux, est de décortiquer, analyser, psychanalyser ce que voulait dire Sinclair par « je ne souhaite pas que Dominique se représente au deuxième mandat du FMI ». Ou alors encore, cette semaine, ce fait de donner tant de crédit aux propos « terroirs » archaïques et haineux de Christian Jacob.

En Tunisie, Barack Obama fut le premier chef d’État à dire son soutien public au mouvement démocratique dans ce pays contrairement à ce qui a été dit ou écrit ici où là; du début, graduellement, jusqu'à la fuite nocturne du dictateur. Aux premiers jours des évènements, le département d’État américain n'a pas hésité comme la France pour convoquer l’ambassadeur tunisien aux USA pour transmettre un message à Ben Ali dans lequel il lui fut intimer d' « écouter le peuple tunisien » et d' « engager des réformes politiques ». Suite à quoi l'ex autocrate, Ben Ali, a convoqué, lui aussi, l’ambassadeur des États-Unis en Tunisie pour élever une vive protestation.

Obama a en effet su magistralement accompagner cette première Révolution démocratique dans le monde musulman, ce premier « 89 » au Maghreb. C'est devant ce slogan écrit dans la langue de Voltaire, ce pionnier des «Lumières », « Ben Ali Dégage » que Obama a vu et su soutenir le chef d'état-major de l'armée de terre, Rachid Ammar, quand bien même que celui-ci soit limogé par Ben Ali, le 12 janvier pour son refus d'ordonner à ses soldats de tirer sur la foule et puis pour les réserves qu'il a exprimé sur la répression menée par la police. Le même jour d'ailleurs Ben Ali a déployé l'armée tunisienne dans la capitale et dans sa banlieue, pour la première fois depuis le début des affrontements. Et c'est Rachid Ammar, lui-même, semble-t-il, sous la protection américaine entre temps, à l'ambassade des USA à Tunis, qui a prévenu Ben Ali que « l'armée ne tire pas sur le peuple », qui lui aurait également conseillé de s'en aller, en lui affirmant, vendredi 14 janvier, qu'il ne disposait désormais que d'un créneau aérien de trois heures pour quitter le pays.

Sans ce soutien déterminant d'Obama, (car l'Histoire s'écrit aussi avec des «Si » et des « Mais »), à Rachidd Ammar, la situation n'aurait certainement pas évolué ainsi, c'est-à-dire que la « Révolution de jasmin », que tout le monde applaudit joyeusement après coup, aurait pu, soit par être mater complétement; soit réalisée comme aujourd'hui mais à coup sûr dans des marres de sang.

Cette expérience de Tunisie semble n'avoir eu aucune influence sur la France quant tenue des événements produits par la suite en Égypte. La France, qu'elle soit au pouvoir ou dans l'opposition, elle continua à briller par son stoïcisme philosophique. Sage, inaudible et bouche cousue. Se contentant des réactions souvent similaires derière les USA.

Bien évidemment que l'objet de ces lignes-ci n'est pas d'encenser la politique internationale d'Obama ou d'accabler sans raison celle de la France actuellement, c'est seulement un constat qui fait désormais faisceau de faits qui invitent à distinguer entre, ce que Raymond Aron appelait « le préférable et le détestable ».

Et donc de reconnaitre que quand un homme ou une femme tient la main « aux gens de peu », comme l'a fait Obama en Tunisie puis en Égypte, celui-ci ou celle-ci force en effet le respect et l'admiration quelque soit le statut ou le rôle social de cet homme ou de cette femme. Oui, certes cet exemple Obama aujourd'hui est troublant parce que inédit. Sans exemple. Historiquement, devant des configurations révolutionnaires telles elles furent en Tunisie et en Égypte, les Chefs d’État, souvent occidentaux, procèdent avec combines multiples et complexes, agissent en coulisses, dans le noir, et dans l'ombre et dans le sombre dont les dernières révélations sur la nature des relations de la ministre des affaires étrangères, Alliot-Marie, avec l'entourage de Ben Ali sont très symptomatiques.

Il y a là par conséquent deux voies complétement différentes. Deux visions parallèles du monde. Deux analyses géostratégiques bien distinctes. Une vison portée par la force des convictions et des idées émancipatrices, l'autre plongée dans l'affairisme de clans, de familles, d'amis et amies. Un certain courage d'un côté puis l'effroi et spéculation de l'autre côté.

En Égypte, très justement, c'est ce courage qui a conduit Obama à ne pas se détourner à ne pas fléchir et abdiquer. Les sollicitations insistantes d'Israël, de l'Arabie Saoudite, afin que le président américain modère ses déclarations et son positionnement par rapport à Moubarak n'ont rien changé. Sollicité de toute part afin que Obama lève le pied sur la « Révolution du Nil », y compris le président de l'autorité palestinienne, Obama a écouté le grand peuple Égyptien et « l'Histoire en marche ». Sans brusquerie, sans fausse note, progressivement, tenant compte des aspirations du peuple, écoutant certainement les avis de différentes chancelleries, Obama a fini par rester d'instinct avec les battements du cœur de la mobilisation du peuple en Égypte, peuple qui ne voulait pas lâcher ni reculer; il voulait le départ de cet ancien, le plus ancien dictateur « du monde arabe ». Deuxième leçon Obamienne: Écouter et répondre avec des faits aux peuples dans leur combat et non à l'aide d'éléments de langage...

Cette différence géopolitique entre le pouvoir actuel en France et celle de la Maison Blanche depuis que Obama a pris les commandes est, entre autre, dans cette élection en 2009 de cet autre autocrate (sous menace d'une probable révolution), Abdelaziz Bouteflika, en Algérie.

Nicolas Sarkozy a été le premier chef d’État étranger à féliciter Bouteflika sachant que cette élection est boycottée massivement par les algériens; d'abord par le fait que Bouteflika avait opéré par un acte chirurgical la Constitution pour pouvoir s'offrir un troisième mandat que la Constitution limitait à deux (chose que Poutine en Russie n'a pas osé faire) , puis, cette fraude électorale aussi flagrante dont le résultat (90,24%) suffit pour en comprendre la mesure.

En revanche pour Barack Obama, cette élection n'est qu'une énième escroquerie du pouvoir algérien du moins c'est ce que l'on peut lire entre les lignes du fait que Obama, à ce jour, n'a pas présenté ni envoyé ses félicitations au chef d’État Algérien.

Au même Bouteflika qui vient de réprimer pour la deuxième fois consécutive, ces derniers jours, des marches citoyennes à Alger à l'aide d'un arsenal policier et militaire semblable à un pays en guerre, l'Administration américaine lui a adressé un message ferme, et plus que cela dans le langage diplomatique on ne peut pas: «Nous prenons acte des manifestations actuelles en Algérie, et appelons à la retenue les forces de sécurité », écrit le porte parole du département d'État Philip Crowley dans un communiqué. « Par ailleurs, nous réaffirmons notre soutien aux droits universels du peuple algérien, y compris les droits de réunion et d'expression. Ces droits s'appliquent sur Internet » et « doivent être respectés », ajoute t-il, précisant que les États-Unis « suivront de près la situation ces prochains jours ».

Bouteflika va-t-il interdire et réprimer, comme il l'a fait précédemment, la manifestation de samedi prochain organisée par les mêmes organisateurs que celle de samedi dernier ? Pas sûr. Car il n'y a pas plus obéissante à ses Maitres qu'une dictature.

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