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Billet de blog 16 septembre 2009

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L'égyptien Hosni Farouk à la tête de l'Unesco!

Le Conseil exécutif de l'organisation des Nations unies pour l’éducation, les sciences et la culture (Unesco) doit élire un nouveau directeur pour l’organisation avant le 23 septembre. L'Unesco doit départager, le 17 septembre à Paris, neuf prétendants à la succession du Japonais Koïchiro.

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Le Conseil exécutif de l'organisation des Nations unies pour l’éducation, les sciences et la culture (Unesco) doit élire un nouveau directeur pour l’organisation avant le 23 septembre. L'Unesco doit départager, le 17 septembre à Paris, neuf prétendants à la succession du Japonais Koïchiro.

Les neuf candidats, parmi lesquels un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Iakovenko, et l'ex-ambassadrice de l'Équateur à Washington, Ivonne Baki, seront départagés par un vote à cinq tours au maximum. Le candidat désigné sera ensuite confirmé en octobre par la Conférence générale, l'assemblée plénière des 193 membres de l'organisation.

Dans cette élection, l'inamovible ministre de la Culture égyptien depuis vingt-deux ans, ce francophone et francophile fait figure de favori. Le candidat égyptien, Farouk Hosni, soutenu par la Ligue arabe, l'Union africaine et l'Organisation de la conférence islamique, bénéficie de la logique d'alternance qui ferait de lui le premier responsable du Moyen Orient à la tête de l'Unesco depuis sa création en 1945.

Seulement, voilà qu'une vive controverse a semé le trouble dans les capitales européennes après qu'il eut déclaré en 2008 devant le Parlement égyptien qu'il «brûlerait lui-même» les livres en hébreu qu'il trouverait dans les bibliothèques du pays. Cette déclaration de l'an dernier, de Farouk Hosni, a provoqué la colère d’Israël et l’embarras des Occidentaux en répondant ainsi à un député islamiste qui le «harcelait» dans les couloirs du Parlement égyptien. Il s’est depuis excusé pour cette phrase «tirée de son contexte». «J’ai dit ça comme on aurait dit: «Va au diable!», se justifie-t-il. Dans le monde entier, on dit des choses comme ça.»

Claude Lanzmann, Bernard-Henri Lévy et Elie Wiesel, avaient qualifié Farouk Hosni d’«homme dangereux» dans une tribune publiée, en mai dernier, dans journal Le Monde. La revue américaine Foreign Policy l’accuse, elle, de faire le lit de la «judéophobie rampante» en Égypte.

«Si j’étais antisémite, pourquoi aurais-je engagé la restauration des synagogues du pays depuis 1998?», rétorque l’intéressé. «Rien, écrit-il encore sur son site Internet (www.faroukhosny.com), ne m’est plus étranger que le racisme, la négation de l’autre ou la volonté de porter atteinte à la culture juive.»


L’Egypte, qui a mobilisé tout son appareil diplomatique, a ratissé large et obtenu de nombreux engagements de pays occidentaux. Elle a mené pendant deux ans une intense campagne pour soutenir celui qui est le plus ancien ministre de Hosni Moubarak, et de cette élection elle en a fait une affaire de prestige national.

A 71 ans, cet artiste peintre d’Alexandrie serait sûr, qu'au soir du 17 septembre, de bénéficier des voix de 32 des 58 pays membres du conseil exécutif de l’Unesco qui siègent selon le principe de la rotation. Le candidat désigné sera connu au plus tard le 23 septembre.


La candidate autrichienne Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures, présentée un moment comme une concurrente conséquente aucandidat égyptien, a reconnu la semaine dernière à Stockholm qu’elle ne pourrait même pas disposer d’une position commune des Européens sur sa candidature. Sans doute pas de position commune des Européens sur un candidat dès le premier tour du processus de désignation a déploré Mme Ferrero-Waldner.

Mais au-delà de cet handicap: «il y a trois candidats» venant de l’UE, a fait remarquer le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini; «Mme Ferrero-Waldner, de nationalité autrichienne, l’ambassadrice lituanienne à l’Unesco, Ina Marciulionyte, et l’ambassadrice de Bulgarie à Paris, Irina Bokova, qui sont sur les rangs», la disqualification de Mme Ferrero semble venir du fait d'avoir siégé en tant que ministre des Affaires étrangères de son pays dans le gouvernement allié du parti d'extrême droite de Jor Haider et qui a fait, par conséquent, converger toutes es critiques à sa candidature.


Tout semble donc acquis pour le candidat égyptien et il n’est pas inintéressant de prendre en compte les tractations qui ont suivi sa candidature. En ce qui concerne par exemple les Etats-Unis, dont on dit qu’ils étaient eux aussi opposés à sa candidature, cette impression peut sembler sans le moindre fondement depuis le 4 juin, date à laquelle le président Barack Obama avait choisi la capitale égyptienne pour s’adresser au monde arabe.

Du côté français, l'entourage du président Sarkozy laissait entendre que Paris soutiendrait bien M. Hosni. «L'Egypte est un grand facteur de paix dans cette région du monde et on est bien content de l'avoir», a-t-on fait valoir, soulignant que pour les mêmes raisons, «Israël ne s'oppose pas à ce candidat et les États-Unis non plus». En fin de compte, la candidature de M. Hosni fait bel et bien l'unanimité.


«La désignation de M. Farouk Hosni à la tête de l'Unesco serait tout à fait positive», écrit par ailleurs M. Klarsfeld dans un communiqué. «Elle me paraît également tout à fait souhaitable parce que l'Égypte est la terre d'une des plus anciennes et remarquables civilisations et qu'elle joue aujourd'hui un rôle très important», dit-il.

«Je le soutiens en raison de sa prise de position sur la Shoah et de sa repentance exprimée publiquement», a déclaré Serge Klarsfeld, président de l'Association des fils et filles des déportés juifs de France.

Prié de dire si cette «repentance» n'était pas opportuniste et seulement dictée par la candidature du ministre à la tête de l'Unesco, M. Klarsfeld a répondu: «seul l'avenir nous le dira». «En principe, il tiendra ses engagements. Sur la culture, il restaure les synagogues et préserve les documents d'état civil de la communauté juive d'Egypte», a-t-il ajouté.

Avec un tel soutien, très symbolique et sans exemple, de M. Klarsfeld, à la candidature de M. Hosni, on peut dire, sauf tonnerre ou miracle de dernière minute, que l'affaire est d'ores et déjà pliée.

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