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Billet de blog 16 octobre 2009

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Elle est une histoire d'un rescapé de l'holocauste !

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Cette histoire fait partie des histoires qui indignent, qui choquent, qui donnent froid dans le dos, et dont surtout nous parlons que rarement ou à des occasions ensuite très vite enterrées.

Elle est une histoire d'un survivant du plus odieux épisode de notre Histoire, que l'humanité a connu: Le Fascisme. Cette araignée qui a pu tissé sa toile sur toute l'Europe que l'on appelle la seconde guerre mondiale. Et enfin, il s'agit tout simplement de l'histoire d'un homme, cet homme qui a connu, vécu cet épisode dans sa chaire, au plus profond de lui, de tout son âme; car il est l'un des rescapé de cette horreur de l'holocauste.

Il s'appelle M Bistrizky. Il vivait près des zones de massacre de Babi Yar, où 33 771 Juifs furent tués par balle en septembre 1941. Leurs corps étaient jetés dans un ravin près de Kiev, en Ukraine, l’un des plus grands massacres de l’holocauste, de La toile d'araignée...

En 1993, M. Bistrizky alors décide avec sa femme d'aller s'installer en Israël, à Tel Aviv. A son arrivé il trouve un travail dans une usine. Il fait sa vie, plutôt commence à faire sa vie. Celle qu'il n'a sans doute pas eu. Travailleur de sa condition sociale. Ni fortune à lui ni fortune de famille. Tout loin des rêves d'exubérance. De possession ou d'accumulation. Juste pour effacer, peut-être, ce cauchemar qu'il a vécu durant la seconde guerre. Et puis sans doute, par besoin d'un certain petit recueillement avec soi même. Paix avec son âme. Une vie finalement et simplement. Une vie qu'il savait être que relativement tranquille vu le contexte dans la région dont sans doute avait-il conscience.

Seulement voilà que ce dont M. Bistrizky avait appréhension et doutes ce n'est pas de ce côté là qu'est venue la surprise et ce qu'il lui va faire vivre et payer 3 ans de misère et de nouveaux cauchemars. L'usine pour laquelle il a travaillé pendant 12 ans le met à la porte, le met au carreau. Il est licencié à l'âge de 69 ans. Sans droits, aucun, après tant d'années de loyaux services. Sans. Rien comme épargne. Personne comme famille en dehors de sa femme avec qui il a émigré de sa Kiev natale.

De nouveau, le calvaire commence ou plutôt recommence. Licencié à l'âge de 69 ans, aujourd'hui 71 ans, sans autres ressources pour répondre à ses besoins et ceux de sa femme il perd son logement puis sa femme. Ses deux choses essentielles. Ses deux uniques essentielles. Rechute. Nouvelle rechute. Dédale. Nouveau cauchemar comme pour réveiller l'ancien avec ses traumatismes inextinguibles. M. Bistrizky, erre dans les rues... seul... sans le sou...

Comment un survivant de l’holocauste peut-il se retrouver sans abri en Israël ? Indigne, inhumain et révoltant et honteux même si c'était dans un quelconque autre pays. «Certains jours, je pensais que le monde était fait de gens qui me veulent du mal. J' hésitais beaucoup à m’adresser à quelqu’un et j'avais peur d’être blessé»; avait-il confié à un travailleur social d'une association caritative Latet où il avait passé il y a quelques semaines le nouvel an juif.

Sa galère ou du moins en partie M.Bistrizky l'a vécu dans un immeuble abandonné sans eau ni électricité. Le jour où il fut découvert ensuite expulsé, presque tous ses biens furent volés. Il erra dans les rues, sur les bancs public, la peur au ventre à son âge il craignait les sans domicile fixe endurcis qui dormaient sur l’herbe des parcs de Tel Aviv.

Nomade, sans domicile, d'un squatte à l'autre, d'un jardin public à l'autre, d'un banc public à l'autre jusqu'à ce qu'il découvre un parc pour chien. Il s’installa, sans hésiter, dans le parc pour chiens. Dans ce chien de parc, il resta pendant huit mois dans ce parc pour chiens. Dans ce chien de parc il y a vécu durantt huit mois.

Il dormait là malgré son aversion pour les chiens. «Un de mes seuls souvenirs de l’holocauste était la vision de chiens se repaissant de cadavres près des zones de massacre de Babi Yar, où des Juifs furent tués par balle en septembre 1941. «Je n’avais jamais pensé que je me retrouverais à nouveau sans rien. Je persistais à espérer que les choses iraient mieux mais je ne savais que faire.» à déclaré M. Bistrizky à cette association Latet qui apporte une aide aux nécessiteux qui l’a découvert après que des habitants inquiets aient contacté cette association à son sujet. L’association a été étonnée d’apprendre qu’il vivait dans le parc pour chiens depuis huit mois, se lavant avec un tuyau d’arrosage dans le local à poubelles d’un immeuble, avec l’espoir que les déjections canines jonchant le par dissuaderaient des gens de l’agresser dans son sommeil. «C’est incroyable que ça puisse arriver» déclare Liron Yochai, le directeur de Latet. «Je ne peux toujours pas croire que des survivants de l’holocauste sont dans le besoin en Israël. Si ce n’était pas pour eux, nous n’aurions pas ce pays. C’est en raison de ce qu’ils ont subi qu’on nous a permis de construire ce pays. C’étaient leurs mains, leur argent.»

Pour cette association Latet qui fournit de la nourriture et des services à 1 500 survivants dit aussi qu'elle «n’ignore pas que 50 000 autres vivent sous le seuil de pauvreté en Israël». En 2007, le gouvernement israélien a approuvé un plan de 182 millions d’euros pour aider les survivants de l’holocauste. La plupart des organisations ont affirmé que c’était «Trop peu et que des centaines de millions de dollars étaient retenus dans les caisses des organisations dont la raison d’être est de distribuer ces fonds». M.Yochai explique: « Ils disent qu’ils épargnent cet argent mais j’ignore pour quoi faire. Dans quinze ans, il n’y aura plus de survivants de l’holocauste. Nous devons leur donner ce que nous pouvons maintenant.»

Bref !

Pourtant, dans le cas de M. Bistrizky qui travaille quand même occasionnellement le soir comme gardien dans une supérette et qui perçoit aussi une petite pension d'environ 300 euros d'Allemagne peut répondre financièrement pour louer une petite piaule en ville.

Les organismes s'occupant du logement qu'il a sollicité maintes fois pour un toit, ils lui répondent que: « Comme ton statut matrimonial est flou tu n'es pas éligible à un logement social.». «Tu parle un hébreu haché et que tu n'as pas de papiers à jours». Malgré l'aide et l'assistanceque l'association Latet a apporté à M. Bistrizky dans sa recherche d'un logement, ces organismes combien si bien veillant d'habitude répondent en négative à un rescapé de l'holocauste de 71 ans qui cherche désespérément un toit.

Dans l’incapacité de lui trouver un logement décent, Latet a contacté un journal local de la ville pour qu’il publie son histoire, l'histoire d'un rescapé de l'holocauste, l'histoire de M. Bistrizky. Depuis, c'est-à-dire à peine quelques semaines, l’association a reçu des centaines d’appels de personnes proposant de la nourriture, des vêtements et des chambres dans leurs maisons.

Une entreprise a proposé un appartement dans un immeuble pour personnes âgées et c'est là dans cet immeuble pour personne âgées que M. Bistrizky a choisi d'aller habiter.

La chambre est dépouillée mais propre. Tout de même, chez-soi, maintenant !

Il regarde, observe le haut, le bas, les murs, les objets qu'on lui a offerts et ceux qui sont avec lui dans ce déménagement heureux. Ses mains s’attardent sur les objets que des gens lui ont donnée: un four micro-ondes, une stéréo, un réchaud à gaz et un réfrigérateur...

La seule touche personnelle consiste en deux calendriers ukrainiens, rescapés comme lui de ses propres et nombreuses nuits à la belle étoile et qui sont sans doute pour lui les prunes de ses yeux. Sa fortune. Son capital. Il explique on s’arrêtant sur un fauteuil qu’il a placé près de la fenêtre: «parfois, j’ai peur de me réveiller et qu’il n’y ait plus rien. Que je retourne sur le banc du parc et que tout n’a été qu’un rêve.»

Enfin, en guise de remerciements pour ceux qui l'ont aidé et qui étaient près de lui pendant tout ce temps-là de galère jusqu'à cet instant même où il est chez lui, il leur dit: «Maintenant je pense - et j’essaye de continuer à penser - que la plupart des gens sont bons. Regardez tout ce qu’ils ont fait pour moi. Je me sentais très seul. C’est si bon que j’en suis presque effrayé.»

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