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Billet de blog 18 janvier 2010

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Haïtie: Un drame sur qui des scientifiques tentaient de nous alerter ...

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Il y a à peine un peu plus d'un an, le 25 septembre 2008, le quotidien haïtien Le Matin publiait un article au titre très significatif: «Risque sismique élevé sur Port-au-Prince».

Ce titre suggestif et évocateur faisait échos aux conclusions des études du géologue et ancien professeur à l'institut de géologie appliquée de La Havane, Patrick Charles, pour qui, aucun doute n'était permis: le drame était inévitable. «Toutes les conditions sont réunies pour qu'un séisme majeur se produise à Port-au-Prince», prédit alors le géologue avec une «conviction inébranlable».

Démonstrativement face à ceux qui l'interrogeaient, Patrick Charles, explique que «Port-au-Prince est construite sur une grande faille qui part de Pétion-Ville, traverse toute la presqu'île du sud, pour aboutir à Tiburon. En 1751 et en 1771, cette ville a été complètement détruite par un séisme. Je parie mes yeux que cela se reproduira. La science peut aisément le confirmer, déclare alors le scientifique, précisant que le danger est imminent. Une grande catastrophe plane sur notre tête».

Le géologue s'appuie notamment sur de nombreux faits matériels. Patrick Charles cite les secousses enregistrées quelques jours avant son entretien avec les journalistes du Matin, qui, selon lui, «annoncent des séismes de plus forte intensité».

Ces déductions ont été confirmé par le directeur du Bureau des mines et de l'énergie (BME), l'ingénieur Dieuseul Anglade, qui prédit même - à raison comme on le verra a posteriori - la force du séisme: «Durant deux siècles, aucun séisme majeur n'a été enregistré dans la capitale haïtienne. La quantité d'énergie accumulée entre les failles nous fait courir le risque d'un séisme de 7,2 d'amplitude sur l'échelle de Richter. Face à une telle menace, très peu de mesures préventives ont été annoncées par les autorités», atteste l'auteur de l'article.

«Le compte à rebours a commencé. Il faut agir pour sauver ce qui peut encore l'être», conclut Patrick Charles ..

Le 26 mars 2009, six mois plus tard, un nouvel article alarmiste et craintif paraissait dans, Le Novelliste, sous le titre: «Le spectre d'un séisme destructeur».

Le quotidien s'appuyait sur les propos tenus par l'ingénieur, Claude Prépetit, lors d'une conférence organisée dans l'hôtel Montana, aujourd'hui détruit: «L'accroissement démographique, les constructions anarchiques et le déboisement rendent encore plus vulnérable l'écosystème haïtien. Haïti, de part sa position géographique, est menacée par plusieurs catastrophes naturelles telles que cyclone, séisme (tremblement de terre), tsunami, glissement de terrain, etc. Nous avons une saison cyclonique chaque année, toujours à la même période. Se trouvant en bordure de la plaque caraïbéenne» a déclaré l'ingénieur Prépetit, lors de cette conférence organisée par l'Alliance pour la gestion des risques et la continuité des activités (Agerca).

Le géologue a insisté de surcroît que Haïti a déjà été victime d'un tremblement de terre destructeur au XVIe siècle, «Et si on en a déjà connu dans le passé, a-t-il souligné, donc on doit s'attendre à ce qu'il se reproduise dans le futur et à n'importe quel moment. De même qu'il y avait eu de grands dégâts à l'époque, on doit s'attendre au pire aujourd'hui en raison de notre condition environnementale alarmante, la possibilité d'un séisme est réelle. Nous devons, par conséquent, penser aux impacts de cette menace sur la population, sur les infrastructures routières, hydrauliques et électriques et poser des actions pour au moins diminuer notre vulnérabilité et limiter les dégâts».
Il a précisé également qu'« Avec un sol totalement dénudé et érodé comme le nôtre, les débordements et les glissements de terrain deviennent extrêmement importants et peuvent provoquer des inondations et de sérieux dégâts, car le pays est dans une situation très précaire».
Pour pallier ces dégâts, Prépetit a invité alors tous les secteurs à prendre conscience de: «L'accroissement démographique, les constructions anarchiques et la dégradation de l'environnement rendent Haïti encore plus vulnérable aux catastrophes naturelles. Le pays peut, en conséquence, être frappé par un tremblement de terre destructeur ou par un tsunami, Si nous n'arrêtons pas ces constructions, conseille-t-il, nous risquons de voir Port-au-Prince se transformer en un vaste cimetière.» Des prédictions qui prennent aujourd'hui une bien malheureuse résonance...
Cette conférence, qui s'est tenue donc comme on l'a dit à l'hôtel Montana, a été pourtant ponctuée des interventions de plusieurs personnalités, notamment du directeur général du ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales, du président de l'Agerca, de la coordonnatrice du projet Agerca et du consultant de la Protection civile.

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