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Billet de blog 24 février 2010

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Le 1er mars 2010 !

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«Le premier mars sera une journée sans immigrés» Ce jour-là, pas de travail, pas d’école, pas de transport en commun, pas de resto, pas de cinéma, pas d’achats… «Nous, femmes et hommes, de toutes croyances, de tous bords politiques, et de toutes couleurs de peaux, immigrés, descendants d’immigrés, citoyens conscients de l’apport essentiel de l’immigration à notre pays, en avons assez des propos indignes tenus par certains responsables politiques visant à stigmatiser ou criminaliser les immigrés et leurs descendants». Ainsi débute le manifeste du collectif «La journée sans immigrés: 24 heures sans nous» (LJSI) et qui lance un appel pour faire du 1er mars prochain ou journée symbolique «sans immigrés».

Sur le modèle du «day without migrants» qui a eu lieu le 1e mai 2006 aux Etats-Unis, le collectif incite les immigrés à cesser le travail pendant une journée, le 1er mars 2010. Pour voir, et peser l’importance des immigrés dans l’économie française.

Une journée où les immigrés s’effaceront pour faire la preuve de leur nécessaire présence et manifester leur ras-le-bol de la montée en puissance des actes de stigmatisation des immigrés. «Il y en a marre de voir que certains hommes politiques et des médias fassent leur beurre sur les Beurs», s’est écrié un des animateurs du collectif.

D’entrée de jeu, les responsables du Collectif qui en présentaient l’historique et les objectifs au cours d’une conférence de presse en novembre 2009, dans une salle de l’Assemblée nationale ont tenu à préciser que ce collectif «n’a pas pour vocation de s’affilier à un parti ou à un autre». Bien que non partisan, pour autant, le mouvement est né «d’une goutte qui a fait déborder le vase» après les propos tenus par le ministre Brice Hortefeux, en septembre dernier lors de la journée des jeunes UMP, sur les Arabes «Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes». Ces déclarations, pour le moins racistes, sont venues après bien d’autres du même tonneau et ont conduit à la création de ce collectif et au lancement de «cette journée sans immigrés» du 1er mars 2010.

Nadia Lamarkbi journaliste, présidente du collectif aux côtés de l’historienne Peggy Derder, du journaliste et écrivain Nadir Dendoune (qui a fait le tour du monde en vélo et gravi l’Everest), également porte-parole du collectif, a déclaré que «Si les actions de boycott sont essentiellement à caractère économique, il est clair que leurs retombées seront politiques».

Le collectif se défend d’être «communautariste ». L’appel à la mobilisation n’a pas, d’ailleurs, été limité aux immigrés, mais concerne aussi «tous les citoyens conscients de l’apport essentiel de l’immigration».

«L’année dernière, le mouvement n’aurait peut être pas pris une telle ampleur, mais avec les tensions et les enjeux des débats ces dernières semaines, notre appel prend tout son sens», confie Nadia. «Le pire, c’est d’être confronté aux préjugés, aux injures des internautes, mais c’est aussi l’objet du combat». Encouragés par le succès de leur blog, et la multiplication des soutiens et des témoignages, le collectif dénonce et réaffirme «les bases humanistes de la démocratie française». Une dizaine de comités se sont déjà créés à travers tout le territoire et quelques contacts ont été établis en Europe.

«On a décidé de se mobiliser car la situation empire et qu’il faut une bonne fois pour toute, abattre les clichés sur l’immigration. Notre ambition est d’abord de marquer le coup, et de modifier le regard qu’on porte sur le phénomène en démontrant notamment le rôle économique de la population concernée» déclare Peggy Derder, la vice-présidente du collectif.

Encore une fois, la première journée sans immigrés a eu lieu aux États Unis le 1er mars 2006. A l’appel des représentants de la communauté hispanique, tous les immigrés avaient «boycotté la vie économique» paralysant ainsi la Californie. Une telle symbolique «c’est aussi une manière de protester contre la loi sur l’immigration choisie adoptée en France le1er mars 2005» rappelle Peggy. «Nous sommes bien conscients de la différence de la situation entre la France et les États Unis. On retient juste l’idée de pouvoir démontrer par le levier économique l’importance des immigrés et par la mobilisation l’attachement aux valeurs républicaines» résume Nadia.

Quant à savoir pourquoi avoir choisi la date du 1er mars, la présidente rappelle que le 1er mars 2005, est entrée en vigueur le «code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile» CESEDA ou dispositif de l’immigration choisie qui institue l’acceptation des immigrés sur les seuls critères économiques. Le rappel de ce que fut l’immigration et ce qu’elle est aujourd’hui et son absence de toute activité pendant 24h démontreront que sans cela, la France risque d’être bien grippée et son fonctionnement fortement stoppé. Conscients du défi que constitue le lancement de cette journée, du manque de tradition de boycott dans la société ici en France, les organisateurs s’attellent à élargir la mobilisation, à maintenir l’engouement de toutes les associations et mouvements qui ont rejoint le collectif et jalonner de rencontres le parcours qui mène jusqu’au 1er mars pour faire de cette journée un jour qui compte dans l’histoire de la France parce qu’elle aura fait bouger l’opinion publique à qui il est martelé que les maux de la France ont pour origine l’immigration.

Le collectif a relayé son combat sur la Toile, où Facebook a joué un rôle crucial, permettant de rassembler plus de 64 000 sympathisants. «Le virtuel est formidable pour créer la rencontre. Mais l’action de terrain est indispensable pour la démarche pédagogique, afin d’expliquer notre pensée», estime Peggy Derder, qui cite les distributions de tracts, les conférences de presse ou le concert de soutien organisé avec des chanteurs et des rappeurs fin janvier. «De nombreuses personnes, ajoute Peggy Derder, de tous horizons sociaux, du chauffeur de taxi au médecin libéral en passant par le petit vendeur, nous ont confirmé avoir posé une journée de RTT ou de congé sans solde, ou ont prévu de fermer boutique pour l’occasion. Pour les autres, il sera toujours possible de venir assister aux rassemblements organisés devant l’Hôtel de Ville à Paris et devant les mairies de France, à l’heure de la pause déjeuner.»

En attendant le jour J, l’idée a déjà fait mouche. Séduites pas le projet, la Grèce, l’Italie et l’Espagne ont emboîté le pas au collectif LJSI, programmant le même jour, une journée sans immigrés. Et le 1er mars, une délégation allemande sera présente à Paris.
Le collectif s’en réjouit: «la réaction européenne est un gros plus. Nous espérons maintenant une prise de conscience des pouvoirs publics».

Pour suivre la mobilisation du 1er Mars: contact@lajourneesansimmigres.org

http://www.lajourneesansimmigres.orghttp://forum.lajourneesansimmigres.org

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