De desseins en regrets et d'erreurs en désirs,
Les mortels insensés promènent leur folie.
Dans les malheurs présents, dans l'espoir des plaisirs,
Nous ne vivons jamais, nous attendons la vie
Demain, demain, dit-on, va combler tous nos voeux;
Demain, vient, et nous laisse encore plus malheureux.
Quelle est l'erreur, hélas ! du soin qui nous dévore ?
Nul de nous ne voudrait recommencer son cours:
De nos premiers moments nous maudissons l'aurore,
Et de la nuit qui vient nous attendons encore
Ce qu'ont en vain promis les plus beaux de nos jours.
Etc...
Mes pensées doivent m'indiquer
Où je me trouve: mais elles ne doivent me révéler
Où je vais. J'aime l'ignorance de l'avenir
Et je ne veux pas périr à m'impatienter et à goûter
Les choses par anticipations promises …
Le jour où l'on voudra obtenir quelque éclaircissement de réalité
Dans les inextricables matières politiques,
Economiques et sociales, ce n'est point en manipulant fiévreusement
Et sans fin des statistiques frelatées,
Fausses, officielles, inépuisables, que l'on aboutira
Jamais à quelques aboutissement.
Mais c'est en prenant quelques faits très simples
Comme d'acheter deux sous de pommes frittes
En essayant de les pénétrer d'intuition de plus en plus profondes
De tout temps j'ai aimé un chemin de terre
La proximité d'un filet d'eau tombé du ciel
Qui vient et va se chassant seul et la tendre gaucherie de l'herbe
Médiane qu'une charge de pierres arrête
Comme un revers obscur met fin à la pensée.
L'histoire des hommes... (!)
Est en rien la longue succession de synonymes
Ou du même vocable
Elle est enchemisé dans sa violence de sa nuit
Le corps de notre vie est pointillé
D'une infinité de parcelles
Lumineuses, coûteuses.
Mais quel sérail (?)
Je suis revenu de la Trappe,
Cette maudite trappe à fou;
Et si jamais le diable m'y attrape,
Je veux qu'on me casse le cou.
Ce maudit trou n'est qu'une trappe,
Ce maudit trou
N'est qu'une trappe à fou