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Billet de blog 27 septembre 2009

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Mahmoud Darwich un poète tourmenté !

Il y a un an, le 9 août 2008, Mahmoud Darwich nous a quitté. Il est parti dans son chant éternel…

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Il y a un an, le 9 août 2008, Mahmoud Darwich nous a quitté. Il est parti dans son chant éternel…

Sa voix, qui a dit non pour le poste de ministre de la Culture que lui avait proposé Arafat, disant qu’il préférait Sartre à Malraux résonne en permanence dans la terre de Palestine et bien au-delà de cette terre mortifère, mais, également, bien dans les cœurs de ceux qui l’aiment, l’écoutent et le considèrent à travers le monde. Ses poèmes, sa voie percent au milieu du sang et gravats et peignent la douleur de l’errance. Sa plus vive douleur, la plus atroce et cruelle fut l’exil ; toute sa vie. De toute sa vie: « Celui qui m’a changé en exilé m’a changé en bombe… Palestine est devenue mille corps mouvants sillonnant les rues du monde, chantant le chant de la mort, car le nouveau Christ, descendu de sa croix, porta bâton et sorti de Palestine. » Chantait le poète. Même après que le corps a cessé de bouger, de voyager et d’errer, après même que la voie s’est éteinte et qu’elle n’est plus celle qui protestait et chantait, que tout est charogne, dépouille et cadavre, Mahmoud Darwich, n’avait pas eu ce droit de se reposer, de se délasser dans la terre de ses ancêtres.

Comme un suprême balbutiement de l’histoire, l’exil, encore l’exil, même sous terre le hante dans son repos éternel. Au cimentière où sont enterrés les membres de sa famille dans le village de Birwa en Galilée, des colons font promener leurs troupeaux. L’attribution, le juste de reposer parmi les siens ne lui a pas été accordé. Le savait-il déjà vivant ? Le pressentait-il ? -« Ô mort, attends moi que je fasse ma valise ». Le comprend-t-il, sans doute pas ! « Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l’école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix. Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir ».Un an après la disparition de l’exilé en espoir, Alger, capitale de ce pays aussi tourmenté que Mahmoud Darwich, lui rend hommage du 01 au 03 octobre prochain.Le programme se veut d’emblée chargé et riche en hommage à la hauteur du talent et la densité poétique de cet être exceptionnel, de cetteSplendide figure poétique. Au Musée d’art moderne et contemporain, le Mama, une exposition «Une nation en exil», pendant 30 jours, de l’artiste peintre et plasticien Rachid Koraïchi, ami du poète Darwich, qui proposera des gravures inspirées des poèmes de Darwich. «Un moment particulièrement fort de ma vie a été le travail avec Mahmoud Darwich à Tunis. Dans ce projet, il n’était pas question pour moi d’illustrer ses poèmes. J’aimais beaucoup ses textes et il appréciait mon travail. Je voulais donc saisir esthétiquement l’émotion à la naissance de son poème. (...) Ainsi, je suivais le jaillissement de ces textes dans une exaltante aventure picturale qui dura trois ans. (...) Il s’agissait d’ouvrager l’ensemble à la manière des Mou’allaqât», confie le calligraphe. Suivra un court spectacle de danse contemporaine élaboré dans l’intimité des textes de Mahmoud Darwich par la danseuse Nacéra Bealza. Dans l’enceinte immaculée du Mama, la danseuse algérienne tentera par la beauté de la danse, de restituer la belle et émouvante poésie de Darwich. Le lendemain matin, à la Maison des artistes, Dar Abdeltif, une lecture poétique orchestrée par la poétesse Inaâm Bayoufh qui entremêlera sa voix à la beauté mélodieuse d’un oud (luth).
L’après-midi sera entamée d’une résidence d’écriture entre Najwan Darwich (Palestine) et Abdallah El Hamel (Algérie). Dans la soirée, place à la musique palestinienne. La salle Ibn Zeydoun abritera un concert de Moneïm Adwan Quatuor, décliné entre chant, de oud, violon, ney et percussions. Les compositions du luthiste et chanteur palestinien Moneïm Adwan, né à Rafah, dans la bande de Ghaza, en 1970, ne manqueront pas d’émouvoir le public par ses créations s’inspirant du patrimoine traditionnel palestinien. Moneïm Adwan chante depuis son enfance. Il découvre le oud à 17 ans et part l’étudier à l’université de Tripoli (Lybie). Ses chants, empreints de mélancolie, interprètent des textes qui parlent de l’histoire de son pays, de la vie quotidienne palestinienne, de l’amour. Sa carrière de musicien le mène aujourd’hui sur les scènes de nombreux pays.

Enfin, le moment le plus attendu, est celui qui fera l’objet d’un colloque qui se tiendra également au Mama et portera sur la vie et l’oeuvre de Mahmoud Darwich. Un colloque qui tentera de sonder la poésie de Darwich et d’en d’ébattre tout simplement par amour de ce lutin. Trois rencontres en présence de proches, de compagnons de Mahmoud Darwich. Ecrivains, poètes, traducteurs, penseurs, leur travail a intimement côtoyé l’oeuvre de Mahmoud Darwich. Prendront part à ce colloque : Mohammed Bennis (Maroc), Abbas Beydoun (Liban), Inaâm Bioud (Algérie), Rachid Boudjedra (Algérie), Breyten Breytenbach (Afrique du Sud), Francesca Corrao (Italie), Najwan Darwich (Palestine), Adel Karachouli (Allemagne), Rachid Koraïchi (Algérie), Luz Garcia (Espagne), Farouk Mardam Bey (France), Hakim Miloud (Algérie) et Elias Sanbar (France).

La force d’évocation de Mahmoud Darwich, sa grandeur d’âme, son génie des mots et la générosité de sa vision ensoleilleront le cœur d’Alger le temps de ce moment. Attestant de la présence exceptionnelle de Darwich, au-delà des mots et de la mort fera à coup sûr vibrer les cœurs et tourmenter les têtes dans la joie et la mélancolie aussi certainement car: « Si quelqu’un, écrivait Mahmoud Darwich, parvenait à une brève description des fleurs d’amandier, la brume se rétracterait des collines et un peuple dirait à l’unisson : les voici, les paroles de notre hymne national. »Les admirateurs de Darwich, pendant cet événement, replongeront pour le souvenir encore si chaud dans cette voix qui tumulte, fascine et envoûte...

Darwich

Aimait

A croire

En l’espoir !

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