L’académie des Sciences, invitée par la ministre de la Recherche Valérie Pécresse, à trancher la polémique sur l'origine de réchauffement climatique, vient de désavouer les thèses de Claude Allègre sur cette question dans un rapport rendu public jeudi, réaffirmant que l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère liée aux activités humaines, est la cause principale du réchauffement.
Avec son livre L'Imposture climatique, publié au printemps dernier, Claude Allègre avait déclenché de vives polémiques dans le milieu scientifique. Un livre dans lequel, il développait la thèse, diffusée à l'envi lors de ses interventions médiatiques, selon laquelle, l'ancien ministre de l'Education réaffirmait ses doutes sur la réalité d'un impact humain sur le climat en dénonçant ouvertement les conclusions des climatologues internationaux, liant changement climatique et augmentation du CO2.
Assaut qui lui avait valu une riposte nombrable du milieu des climatologues, avec notamment, cette lettre ouverte signée par 400 scientifiques regrettant ses méthodes et dans laquelle ils l'accusent, graphiques à l'appui, d'avoir truqué des diagrammes scientifiques pour qu'ils « cadrent » avec ses thèses.
Voici donc le rapport tant attendu de l'Académie, censé clore définitivement cette polémique sachant que Claude Allègre est plus exactement géochimiste, ce qui ne fait en rien de lui un spécialiste du climat.
« Plusieurs indicateurs indépendants montrent une augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003. Cette augmentation est principalement due à l'augmentation de la concentration du CO2 dans l'atmosphère », écrit l'Académie dans ses conclusions. « L'augmentation de CO2 et, à un moindre degré, des autres gaz à effet de serre, est incontestablement due à l'activité humaine », ajoute le texte.
L'Académie des Sciences juge aussi que « les projections de l'évolution climatique sur 30 à 50 ans sont peu affectées par les incertitudes sur la modélisation des processus à évolution lente », notant que : « Ces projections sont particulièrement utiles pour répondre aux préoccupations sociétales actuelles, aggravées par l'accroissement prévisible des populations ». Mais Claude Allègre estime impossible de prévoir à long terme l'évolution du climat.
Claude Allègre, lui, considère que les nuages ou l'activité solaire ont des impacts plus déterminants sur le climat que l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère, mais l'Académie des Sciences, souligne que « l'activité solaire, qui a légèrement décru en moyenne depuis 1975, ne peut être dominante dans le réchauffement observé sur cette période », même si les mécanismes en oeuvre en la matière « ne sont pas encore bien compris ».
Pour enfin aller à ces conclusions, un débat avait été organisé à huis clos le 20 septembre par l'Académie des Sciences. Le rapport a été remis jeudi matin à Valérie Pécresse. Quant à Claude Allègre, lui-même, étant membre de l'Académie, il a dû accepter ce rapport, et s'est rangé à ses conclusions.
Questionné sur ce revirement de Claude Alègre, le président de l'Académie, Jean Salençon, a simplement noté : « Il a le droit d'évoluer ».
En plus claire, le climatologue Jean Jouzel, membre du Groupe intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat, a commenté pour sa part : « Je prends ce rapport très positivement (...) Je le lis comme un désaveu des thèses de Claude Allègre, de Vincent Courtillot et d'autres. Même si dans ce texte, on fait beaucoup de places aux arguments avancés par les climato-sceptiques, je retiens quand même que le document réaffirme clairement les grandes conclusions du Giec ».
Quant à Claude Allègre, il soutient obstinément : « Je n'ai pas évolué, je dis toujours la même chose, je dis que le rôle exact du CO2 sur le climat n'est pas démontré ». Et sur ce fameux rapport de l'Académie, il déclare que : « Bien sûr que c'est un compromis, mais c'est un compromis qui me satisfait, parce que ce que je défends, c'est-à-dire l'incertitude dans la connaissance qu'on a du climat y figure explicitement, le mot incertitude est mis douze fois dans le rapport ».