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Billet de blog 30 août 2009

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Au Pays de papa !

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Au pays de papa, au pays où mon papa fut Roi 41 ans durant qui peut bien rêver monter sur son trône, le trône de papa ?

Évidement difficile, compliqué, trop compliqué même.

Les élections pompeusement baptisées «démocratiques» jusqu'aux intronisations «démocratiques» de quasi monarques, ces élections sont pour le moins que l'on puisse dire des cirques dans amphithéâtre d'aveuglés ou le seul borgne est le Pouvoir politique.

De l'élection à l'élection, des élections aux élections, particulièrement sur ce continent elles sont toutes kif kif bourquo...

C’est dans cet état d’esprit malheureusement que l’élection présidentielle Gabonaise d’aujourd’hui, dimanche 30 août, compte rendre son verdict la fin de la journée ou dans la soirée puisque dans cette élection à un seul tour, «le fils de papa» est déterminé à ne rien lâcher pour que personne n’occupera que lui le Trône de papa Omar Bango.

Donné, en effet, comme le grand favori, Bango fils, mais il ne passera pas, comme une lettre à la poste.

La partie ne semble pas si facile que cela.

Le scrutin en question s’annonce plus ouvert que prévu après le désistement de cinq candidats sur les 23 initialement en lice, parmi lesquels Paul Mba Abessole, l’opposant historique à Omar Bongo, et leur ralliement à l’ancien ministre de l’intérieur, André Mba Obame, véritable révélation de la campagne électorale.

Il s’est donné les moyens de faire parvenir son message politique aux Gabonais ses meetings ont connu des affluences qui ont surpris les observateurs, en exploitant bien sûr sa propre chaîne de télévision. Cette coalition, annoncée vendredi dans des conditions chaotiques, est le résultat de pressions populaires en vue d’une candidature unique face à Ali de papa, candidat du Parti démocratique du Gabon au pouvoir.

Malgré les nombreuses irrégularités observées dans la préparation de ce scrutin et de lourdes suspicions de fraude au profit du représentant de la Cours Bongo, cette initiative est capable de changer la donne électorale et le scrutin s’annonce au bout du compte des plus incertains pour Ali le Prince.

La trouille de voir le trône de papa lui échapper et que quelqu’un d’autre l’occuper, le prince Bango, prétexte déjà des raisons de sécurité, par le billet du gouvernement actuel dont il n’a quitté son prestigieux ministère de la Défense que lorsque la compagne ait commencée, il lui fait prendre la décision d’instaurer le huis clos dans les bureaux de vote, ce qui n’est par conséquent ni un gage de transparence ni d’une élection démocratique.

Le principal rival de Ali Bongo, l’ancien ministre de l’intérieur André Mba Obame a appelé pour sa part la population à rester dans les bureaux de vote et à ne pas respecter une telle décision de huit clos dans les bureaux de vote, et à faire preuve d’une grande vigilance. Cette provocation supplémentaire du Prince Ali peut très facilement mettre le feu aux poudres et être à l’origine de troubles comme c’est souvent le cas sur ce continent.

D’autant plus que les autorités chargées d’organiser et de gérer l’élection n’ont répondu à aucune des doléances des candidats de l’opposition, notamment celle de reporter le scrutin pour assainir le fichier électoral.

La presse internationale est confrontée à des restrictions drastiques, rares sont les journalistes qui ont obtenu les visas nécessaires pour couvrir cet événement à qui, se précipistent-ils (Les Bongos et cie) pour lui donner allure Monarchique et peuple Sujet.

Ali le Prince ne manque pas de culot, dans une interview accordée vendredi à RFI, l’un des rares médias étrangers accrédités à Libreville, il fulmine et tempête: «Nous n’accepterons pas le désordre» en intimidant ainsi ses adversaires.

Sous des apparences de sérénité, la situation est donc très tendue dans le pays et tous les ingrédients sont réunis pour que la moindre incartade se transforme en affrontements susceptibles de dégénérer.

«L’ivoirisation» du pays semble bien planer autour du scrutin présidentiel d’aujourd’hui. La peur s’est invitée à Libreville.

Sous un prétexte ou sous un autre beaucoup d’habitants quittent la capitale gabonaise pour se rendre dans leurs villages respectifs, fuyant des troubles possibles. Pour ceux qui n’ont pas cette possibilité ou qui ont décidé, malgré tout, de faire face à la situation, ils se sont rués sur les magasins pour constituer des stocks alimentaires qui leur permettraient de se barricader chez eux, le cas échéant.

Le scrutin présidentiel au Gabon est à un tour. Celui des candidats qui remporte la majorité relative est directement proclamé président, quel que soit son score. Étant donné la taille démographique du pays et le faible nombre d’électeurs qui en découle, le nom du vainqueur devrait être connu assez tôt dans la soirée d’aujourd’hui.

Et si, comme cela est fort probable, Ali Bongo est proclamé gagnant, les pires des scénarios sont à craindre.

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