Le président du Venezuela Hugo Chavez et son homologue libyen Mouammar Kadhafi ont ouvert samedi le deuxième sommet Amérique du Sud-Afrique (ASA), en lançant un appel à l'union de leurs deux régions pour établir un nouvel équilibre mondial.
«Nous commençons à mettre en oeuvre ce processus qui nous semble vital: l'union de l'Amérique du Sud et de l'Afrique», a déclaré le dirigeant vénézuélien, en ouverture de ce sommet rassemblant une trentaine de chefs d'Etats des deux régions à Porlamar, principale ville de l'île vénézuélienne de Margarita (nord-est).
«Le monde du XXIe siècle sera multipolaire. On ne parlera plus de monde bipolaire. L'Afrique sera un grand pôle du XXIe siècle. Elle commence déjà à l'être et l'Amérique du Sud aussi. Nous formerons de véritables puissances et notre union contribuera à l'équilibre du monde», a ajouté M. Chavez.
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«Nous avons nos droits, dont celui de créer nos organisations pour notre propre développement», a déclaré Mouammar Kadhafi, président en exercice de l'Union africaine, évoquant notamment la création d'une «Otan du Sud» d'ici 2011.
Il a également prôné une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, pour qu'il représente mieux l'ensemble des pays membres de l'Onu. Cet appel à l'union a aussi été repris par le «père» de ce sommet, le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. «Il n'y a pas de défi mondial que l'Afrique et l'Amérique du Sud ne peuvent affronter ensemble, ni de défi qui puisse être affronté sans l'Amérique du Sud et l'Afrique», a-t-il lancé.
Depuis le premier sommet ASA, la coopération sud-sud entre les deux régions est cependant restée balbutiante, « un bilan vraiment très faible» déplore Chavez.
Ce sommet est censé concrétiser plusieurs accords de coopération, en matière de finances, d'énergie, d'agriculture, de santé ou encore de tourisme. Le projet de déclaration finale évoque aussi la création d'un nouveau système financier ou la lutte contre le trafic de drogue qui affecte les deux régions. Chavez devrait aussi profiter de cette réunion pour relancer son projet de Banque du Sud, qui est resté lettre morte depuis son lancement en grandes pompes fin 2007. Il souhaiterait que des pays africains se joignent aux sept pays sud-américains signataires en cette période de crise mondiale.
Les dirigeants sud-américains souhaitent également faire mention à la crise politique que vit le Honduras depuis le coup d'Etat qui a renversé le président Manuel Zelaya fin juin, question sur laquelle il n'y a pas consencus à défaut de document officiel qui fasse Foi de cette Union. «Nous devons approuver ces deux documents (...) Il faut placer la barre plus haut et que la coopération se concrétise davantage», a plaidé le président vénézuélien.
Il prône l'élaboration d'un plan détaillé, avec des objectifs et des ressources, qui fera l'objet d'une évaluation avant le prochain sommet dans deux ans en Libye. Il défend aussi l'idée d'une réunion stratégique présidentielle, chargée de définir les priorités de la coopération entre les deux régions pour les dix prochaines années.
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a proposé samedi la création d'une alliance militaire du Sud, calquée sur le modèle de l'Otan et sans objectifs «bellicistes». «Nous devons créer une Otan pour le Sud. Ce n'est pas une action belliciste. Nous avons nos droits, nous devons créer des organisations», de ce type, a déclaré M. Kadhafi, lors de ce sommet réunissant une trentaine de chefs d'Etat. «L'Amérique du Nord est liée dans tous les domaines à l'Europe, alors qu'il y a un vide dans l'Atlantique Sud. Nous devons créer une alliance pour pouvoir garantir une action historique et stratégique qui permette de combler ce vide», a-t-il ajouté.
L'objectif du dirigeant libyen, président en exercice de l'Union africaine, est que cette alliance stratégique soit opérationnelle en 2011, lorsqu'il accueillera la troisième édition du sommet ASA. «Il faut commencer à travailler à la mise en place de ces projets afin qu'ils soient prêts d'ici deux ans. Si nous travaillons, nous y arriverons», a-t-il assuré pour conclure, dimanche, ce sommet ASA qui reste encore qu'un projet de très nombreuses bonnes volantées...
En revanche, le président du Venezuela, Hugo Chavez, et son principal allié africain, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, se sont retrouvé, lundi , cette fois pour célébrer leur alliance «anti-impérialiste»., en échangeant cadeaux et décorations dans l'île vénézuélienne de Porlamar (Nord). «Nous sommes en train d'écrire des pages d'une nouvelle histoire. Nous sommes en train de changer l'histoire, d'affronter l'impérialisme, la bourgeoisie, le sous-développement, le colonialisme», a lancé le dirigeant vénézuélien lors d'une cérémonie publique.
Le Venezuela et la Libye «sont unis dans un même destin, dans la même bataille contre un ennemi commun», a assuré Kadhafi, avant de lancer devant des centaines de militants surchauffés : «Et nous allons gagner !»
Les deux hommes se sont ensuite donné une énième accolade pour sceller la fin de la visite du leader Kadhafi, placée sous le signe de l'entente cordiale entre les deux pays producteurs de pétrole, qui doivent signer prochainement plusieurs accords de coopération dans différents domaines.
Depuis son arrivée vendredi, Kadhafi a été accueilli comme un Roi chez lui pour sa première visite en Amérique latine depuis son arrivée au pouvoir il y a 40 ans. Une immense limousine blanche l'attendait à l'aéroport et sa tente traditionnelle avait été dressée dans le même hôtel de luxe, qui a accueilli ce week-end ce fameux deuxième sommet (ASA).
En outre, il est reparti chargés de cadeaux symbolisant l'amitié entre les deux hommes. Hugo Chavez, chef de file de la gauche antilibérale latino-américaine, lui a notamment remis le collier de l'ordre du Libérateur, la plus haute distinction vénézuélienne, ainsi qu'une réplique de l'épée du héros national Simon Bolivar, considéré comme l'un des pères des indépendances sud-américaines. «C'est la réplique de l'épée qui a libéré l'Amérique il y a 200 ans», a déclaré M. Chavez, qui a affirmé qu'elle était sertie de «plus de 3 000 pierres précieuses».
En échange, M. Kadhafi a offert à M. Chavez une selle et des protections de cheval en argent, tissées à la main, «symboles de la lutte contre l'invasion italienne» de la Libye (1911-1942).
Au début du mois, il avait déjà remis la «Médaille du 40e anniversaire de la grande révolution d'Al-Fateh (1er septembre)» au président vénézuélien, pour le remercier d'avoir assisté au 40e anniversaire de son arrivée au pouvoir le 1er septembre 1969. Lundi soir, les deux dirigeants ont également signé une déclaration commune dans laquelle ils ont réaffirmé l'importance de lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes, y compris le terrorisme d'État, et de réformer les Nations unies pour mettre fin à «l'hégémonie» du Conseil de sécurité.
«Nous devons rejeter le droit de veto au sein du Conseil de sécurité. Nous ne l'accepterons jamais, pas davantage que les sièges permanents», a déclaré Kadhafi, qui a appelé «l'Amérique du Sud, l'Asie et l'Afrique» à s'unir pour former «le nouveau front du Sud».