Mon entrée au Club de Médiapart, il y a juste dix mois coïncidait avec les hésitations que je vivais au sujet d’un livre/témoignage dont j’avais écrit à peine la moitié. Je ne savais pas quoi faire ? Réaliser mon projet : terminer l’écriture et éditer le livre ou me contenter de publier des extraits écrits sur mon blog que je venais de créer. Vu les encouragements que je ne cessais pas de recevoir après chaque extrait publié, je m’étais retrouvé, un peu, dans l’obligation de faire les deux à la fois. Terminer le livre et continuer à poster quelques extraits sur mon blog que j’ai stoppé depuis que j’ai remis mon manuscrit définitif à l’éditeur.
En adhérant à Mediapat, je venais de découvrir un monde nouveau, celui de l’écriture et du débat. Je me suis donc entraîné à survivre dans une ambiance qui m’était au début complètement inconnue mais jamais hostile. Un monde qui était très différent au mien. Je m’étais engagé à surmonter ma différence et à supporter le regard scrutateur des autres. Lentement, j’ai appris à discerner les règles du jeu, à distinguer les clans et à rendre visibles les tendances. Je ne cherchais pas à me positionner, ni à défendre les uns contre les autres. Ce n'est pas mon genre. Je dois avoué que je me sentais bien accueilli, certains commentaires (et beaucoup de messages personnels) sur mes premiers billets étaient même très touchants. Ils m’ont encouragé à continuer à écrire.
Au début, j’hésitais beaucoup, je n’étais pas sûr de moi, je craignais tant de faire mal, de blesser, d’être mal compris. Mais à aucun moment, je me suis obstiné à défendre que ma vérité fût la seule et unique vérité. J’ai toujours tenu à écouter l’autre, à le comprendre malgré nos différences. Je ne prends jamais l’initiative de rompre le lien avec mon interlocuteur pour me retrancher derrière ma vérité à moi, celle de mes certitudes, y compris sur des sujets aussi sensibles comme la religion. Je n’ai fui que rarement la confrontation des idées. Je ne m’enfermais jamais, j’ai toujours choisi la lumière plutôt que l’obscurité. Par transparence et par respect aux autres, je n’ai jamais refusé de décliner mon identité et mes engagements ; c’est ma conviction qu’on peut partager ou pas, à chacun ses choix.
Quand un billet m’intéresse, je le lis entièrement. Je me contente d’en lire quelques uns seulement, c’est vrai. Je commence toujours par le billet et ensuite les commentaires, jamais l’inverse. Quand je lis un article ou un billet, je suis à l’écoute de son auteur que je cherche souvent à connaître pour éviter un jugement précipité. Quand quelqu’un n’est pas d’accord avec moi, à aucun moment cela signifie qu’il est mon ennemi ? Quand ma vision des choses est différente de l’autre, je m’interdis de lui imposer de les voir et de les penser comme moi ? J’offre toujours l’opportunité à l’autre d’être mon opposé, de s’exprimer comme il le souhaite.
Quand je ne partage pas le point de vue de quelqu’un, je défends le mien par des arguments à travers le dialogue. Je ne renie pas l’autre. Je n’éprouve envers lui aucun mépris, aucune haine. Une fois même je fus insulté, mais je ne réponds jamais aux provocations, je laisse tomber et j’oublie vite. Je ne suis pas venu dans ce Club pour me faire des ennemis, plutôt je suis venu chercher des amitiés, mais sans complaisance. Dieu merci, je ne suis pas déçu, je me suis fait quelques amis que j’apprécie beaucoup.
Mes relations avec certains ont fait leur chemin et nous avons crée ensemble une Edition « Islam et Occident ». J’ai accepté de ma propre volonté et avec un grand bonheur de débattre sur Médiapart sur la question de l’Islam et de ses relations avec l’Occident d’une façon plus générale. Je pense que j'avais certainement un avantage par rapport aux autres camarades , car si mon islamité ne me pose aucun problème, tout autant était le cas de mon « occidentalité ». Personnellement, je me tiens à une définition de l’Occident qui se repose sur les valeurs de rationalité, de relativité, de tolérance et de respect des droits humains. Dans ce cas je me sens moi-même "occidental". Je n’ai pas besoin d’être né à Paris ou d’y vivre pour adhérer à ces valeurs. C’est pourquoi je me suis toujours senti à l’aise dans ce Club auquel je compte continuer à appartenir encore pour longtemps. Merci à tous ceux qui m'ont accepté et encouragé pour continuer à faire partie de cette grande famille malgré tous mes défauts.
Dr Mhamed Lachkar
Alhoceima (Maroc) le 04/8/10