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Billet de blog 4 septembre 2025

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Le Rif en deuil : Ahmed Zefzafi, une voix de dignité s’éteint

Le Rif pleure Ahmed Zefzafi, père du leader du Hirak du Rif. Figure de dignité et de courage, il avait porté inlassablement la cause de son fils Nasser et des détenus rifains. À Alhoceima, des voix s’élèvent pour demander un geste fort : la libération des prisonniers du Hirak et une véritable réconciliation avec le Rif. Dr Mhamed Lachkar/Tanger

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     Le Rif est en deuil, et avec lui une large partie du Maroc. Ahmed Zefzafi, père du leader du Hirak du Rif, s’est éteint, emporté par un cancer fulgurant. Sa disparition, soudaine et tragique, laisse derrière elle un vide immense et une profonde tristesse.
Ahmed Zefzafi n’était pas un homme politique au sens classique, mais il était devenu, malgré lui, une figure publique. Pendant des années, avec une dignité exemplaire, il a porté la voix de son fils, Nasser Zefzafi, figure emblématique du Hirak, ainsi que celle de tous les détenus du mouvement. Aux côtés de son épouse, il a mené un combat pacifique et acharné, toujours empreint de patience et de courage, incarnant la persévérance d’un peuple qui refuse de voir ses enfants réduits au silence.

  Aujourd’hui, la douleur de la perte se mêle aux blessures non cicatrisées du Rif. Dans un geste rare, le gouvernement marocain a autorisé Nasser Zefzafi à quitter sa prison de Tanger pour assister aux funérailles de son père à Al Hoceima. Ce moment, lourd de symboles, intervient dans un climat tendu, marqué par des appels à la grève générale dans toute la région. L’émotion populaire témoigne de la profondeur du lien entre cette famille et la cause rifaine.

  Mais cet acte ponctuel, empreint d’humanité, ne saurait suffire. Pour apaiser les blessures toujours ouvertes, un pas décisif s’impose : la libération de Nasser Zefzafi et de ses compagnons, encore enfermés à la prison de Tanger et condamnés à de lourdes peines allant jusqu’à vingt ans, simplement pour avoir porté des revendications sociales et culturelles. C’est un geste attendu, réclamé par des voix de plus en plus nombreuses, qui verrait dans la réconciliation un horizon possible.

   En ce moment de deuil et de grande émotion collective, un appel solennel s’adresse aux autorités marocaines et au Chef de l’État : faire preuve de clairvoyance et de courage politique en procédant à une libération immédiate et sans conditions des détenus du Hirak, et en accordant une amnistie aux activistes rifains de la diaspora afin qu’ils puissent retrouver leur pays. Un tel geste ne serait pas seulement une réponse à une douleur présente, mais le premier pas vers une réconciliation véritable, juste et tant attendue entre le Rif et le reste du Maroc.

Dr Mhamed Lachkar

Tanger : 4 septembre 2025

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