
C'est une semaine diplomatique assez intense que vient de passer le président Nicolas Sarkozy. Une semaine -parenthèse- pour fuir les affaires domestiques et se consacrer à la politique internationale. Après Berlin est venu le Proche-Orient, une zone de turbulence où il a toujours tenté d'intervenir depuis son élection sans résultat tangible apparent.
Le mercredi 11 octobre 2009, il a reçu le premier ministre israélien, de retour de Washington où le Président américain, Barack Obama l'avait reçu en catimini. Netanyahou, refusant d'admettre qu'il a été reçu par la porte de service de la Maison-Blanche, allait essayer de se rattraper à Paris en présence de Nicolas Sarkozy. On s'attendait donc à ce que Sarkozy aille montrer son désaccord avec la politique de colonisation sauvage de son hôte israélien en le recevant avec discrétion et en huit clos, comme venait de le faire son homologue américain. Tout au contraire le Président français a cherché à damer le pion aux Américains en se présentant comme le plus grand ami d'Israël. Non seulement il l'a reçu en grande pompe et devant la presse mais il est allé jusqu'à téléphoner en sa présence à Mahmoud Abbas « Président sans pouvoir de l'Autorité palestinienne » pour lui conseiller de "poursuivre son action au service des Palestiniens et de la paix". Entendez par là qu'il faut reprendre les pourparlers avec les israéliens sans conditions préalables y compris l'arrêt de la colonisation pour sauver le processus de paix ???
Le communiqué conjoint, diffusé par l'Elysée, suite à cette rencontre souligne, après avoir évoqué « Le dossier nucléaire iranien », l'excellente relation bilatérale entre la France et Israël et ne fait aucune allusion à la politique de colonisation israélienne. Pourtant à la veille de l'arrivée du Premier ministre israélien à Paris, Bernard Kouchner avait reconnu qu'il y a « un vrai différend politique » entre le Premier ministre israélien et le Président français : le gel des colonisations pour relancer les pourparlers de paix.
Sarkozy en téléphonant à Abbas à deux reprises, s'était enfin aperçu que l'homme que tout l'Occident soutenait, était dos au mur, un cadavre politique qui n'avait plus de pouvoir. Il fallait donc recourir à la Syrie en application de la "méthode du balancier" qui consiste à privilégier un autre interlocuteur lorsque le dialogue est bloqué avec le principal partenaire, comme c'est le cas actuellement avec les palestiniens.
Benjamin Netanyahu avait déclaré avant de quitter Paris qu'il était "prêt à rencontrer le Président syrien Bachar Al-Assad à tout moment et n'importe où, sans conditions préalables", une proposition qui allait être réitérée le lendemain par les autorités israéliennes à Jérusalem. Apparemment il a chargé son ami Sarkozy de transmettre de ce message d' « offre de paix » à qui de droit.

Le vendredi 13 octobre 2009 allait être le tour du Président syrien Bachar al-Assad, d'être reçu à l'Elysée par Nicolas Sarkozy. Le régime syrien est devenu fréquentable après avoir été pendant longtemps « difficilement compatible avec la sécurité et la paix » pour sa politique au Liban, son alliance stratégique avec l'Iran et son soutien au Hamas.
"La Syrie n'a pas de conditions, la Syrie a des droits et la Syrie ne cèdera jamais sur ces droits", a-t-il déclaré à la presse à l'issue d'un entretien et d'un déjeuner de travail avec le Président français. « Tous ces jeux sur les mots de la part des Israéliens visent à ce qu'il n'y ait ni exigences, ni droits qui pourraient être récupérés", a-t-il ajouté.
Bachar Al-Assad n'a toutefois pas fermé la porte à une reprise des négociations avec l'Etat hébreu, par l'intermédiaire de la Turquie,
Il faut rappeler que des négociations indirectes entre Israéliens et Syriens avaient repris en 2008, après huit années de gel, par l'intermédiaire de la Turquie, mais Ankara avait stoppé sa médiation lors de l'opération israélienne contre Gaza.
Par sa position ferme et univoque, le Président syrien vient de faire essuyer à son homologue français un cinglent revers qui devait remettre fin à l'illusion que la grande Europe emmenée par la France de Nicolas Sarkozy, après le récent échec des états unis, peut jouer le rôle de médiateur dans le conflit du moyen orient. Or le Président français n'a pas beaucoup de cartes dans son jeu pour prétendre à jouer ce rôle.