Une date à retenir: le 8 septembre 1925
Le centième anniversaire du débarquement espagnol à Alhoceima (septembre 1925) est un moment délicat pour les descendants des vaincus de la guerre du Rif. Se taire reviendrait à laisser s’imposer un récit unique, celui des vainqueurs, présenté comme une “opération héroïque” alors qu’il existe un autre versant de l’histoire : celui d’un peuple en résistance, vaincu militairement mais porteur d’une cause légitime.
Il n’est pas nécessaire, ni même souhaitable, de commémorer cet événement dans le même esprit que l’Espagne. Pour les Rifains et leurs alliés de mémoire, il s’agirait plutôt de réapproprier la date pour :
• Rappeler le contexte historique : le débarquement fut l’aboutissement d’une coalition franco-espagnole destinée à écraser la République du Rif.
• Rendre hommage aux combattants et civils rifains qui ont payé de leur vie ou de leur exil.
• Mettre en lumière les conséquences durables : répression, déplacements forcés, bombardements chimiques, et un traumatisme transmis de génération en génération.
• Transformer la mémoire en outil de réflexion : montrer comment cette histoire éclaire encore aujourd’hui les rapports de force, les luttes pour la dignité et l’autonomie.
En d’autres termes, il ne s’agirait pas d’une célébration mais d’un contre-événement : un moment pour raconter notre version, faire entendre la voix des vaincus, et rappeler que la défaite militaire n’a jamais effacé la légitimité de la cause.