M. Lachkar (avatar)

M. Lachkar

Médecin, écrivain

Abonné·e de Mediapart

140 Billets

1 Éditions

Billet de blog 27 avril 2010

M. Lachkar (avatar)

M. Lachkar

Médecin, écrivain

Abonné·e de Mediapart

Barack Obama : que cherche-t-il en recevant à Washington des entrepreneurs musulmans ?

M. Lachkar (avatar)

M. Lachkar

Médecin, écrivain

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Plus de 200 entrepreneurs originaires d’une cinquantaine de pays musulmans se retrouvent dans la capitale américaine les 26 et 27 avril pour le Sommet international des entrepreneurs musulmans. Annoncée par Barack Obama lors de son discours du Caire en juin dernier,cette rencontre vise à « trouver les moyens d'approfondir les liens entre les leaders du monde des affaires et des entrepreneurs sociaux des États-Unis et des communautés musulmanes à travers lemonde ».

Parmi les invités figurent aussi bien de tous jeunes chefs d'entreprise que des personnalités plus connues, comme la Pakistanaise Roshaneh Zafar , présidente de Kashf Foundation, un institut de micro-finance destiné aux femmes pauvres créé en 1996, ainsi que l'économiste bangladais Muhammad Yunus, à l’origine de la Grameen Bank et lauréat du prix Nobel de la paix en 2006 pour ses travaux sur le micro-crédit.

Mais il est surprenant que les américains se soient permis d’inviter aussi des entrepreneurs israéliens , sous le prétexte que le Sommet est non pas axé sur « des questions politiques » mais « entrepreneuriales » et que l’État hébreu est un pays « très dynamique» au Moyen-Orient, qui mérite une place pour cette occasion. « Nous pensons que l'entrepreneuriat est un domaine où les gens peuvent travailler ensemble pour servir leurs intérêts mutuels », se justifie un porte-parole de la Maison Blanche.

Imposer la présence d’une délégation israélienne à ce forum « américano-musulman » nous rappelle le projet lancé il y a plusieurs années déjà, celui de la construction d'un nouveau Moyen-Orient, « démocratique » et « moderne » qui garantirait les intérêts économiques et géostratégiques des américains et notamment la sécurité d’Israél. La paix économique au détriment de la paix politique, voilà ce que cherche après tout Israël depuis toujours et qui met tout en œuvre pour étouffer les droits politiques des Palestiniens.

En apparence, l’objectif de l’administration américaine est de faire bénéficier ces «entrepreneurs» musulmans d’un "accès au capital, au financement de l’innovation technologique ainsi qu’à des programmes d’échanges". Mais dans la réalité, elle espère plutôt , à travers cet événement, réconcilier l’opinion publique musulmane avec les Etats Unis.

Obama se trompe totalement en misant sur les entrepreneurs et les gouvernements des pays musulmans. Il peut se rassurer que l’image de son pays est plus que reluisante chez ces derniers qui en fin de compte ne défendent que leurs propres intérêts. Si l’image de l’Amérique est ternie chez les musulmans, c’est à cause de la guerre en Irak et en Afghanistan, le scandale des sévices contre des prisonniers d’Abou Ghraïb, le camp de Guantanamo et le soutien inconditionnel à l'Etat d'Israél.

Si Barack Obama veut gagner la sympathie des peuples musulmans, il devra changer de politique vis-à-vis des Palestiniens, de leurs droits nationaux, de leurs territoires occupés, de la judaïsation des lieux de culte musulman , des prisonniers qui croupissent dans les geôles israéliennes et des réfugiés qui n’ont pas le droit au retour. Il doit exiger publiquement et immédiatement la mise en œuvre de toutes les résolutions du Conseil de sécurité sur la Palestine et de contraindre par tous les moyens politiques, diplomatiques et économiques Israël à reconnaître le droit des Palestiniens à un Etat viable dont la capitale est Al Qods.


Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.