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Billet de blog 29 septembre 2025

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Maroc : lettre d’un boomer aux manifestants de la Génération Z212

Depuis deux jours, de jeunes Marocains de la  Génération Z , descendent dans la rue pacifiquement pour revendiquer: éducation, santé et emploi. Pourtant, au lieu d’ouvrir un dialogue, le gouvernement a choisi de répondre par la répression, renforçant le fossé entre les autorités et une génération qui réclame simplement d’être entendue.

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Chers jeunes,

En vous voyant marcher dans les rues ces deux derniers jours, je revois mes propres pas d’autrefois. Moi aussi j’ai manifesté, dans un temps où la répression était terrible, implacable. Nous étions jeunes comme vous, portés par la même flamme.

Mais une différence subsistait : nous savions clairement ce que nous voulions, et nous avions un horizon qui donnait sens à nos sacrifices. Je ne vous dis pas cela pour vous juger, mais pour rappeler que la force de la jeunesse n’atteint sa plénitude que lorsqu’elle s’accompagne d’une vision. Les rêves sont nécessaires, mais ils doivent se transformer en objectifs précis.

Car sans cela, la rue demeure un cri. Avec cela, elle devient une voie. Depuis ma jeunesse, je n’ai jamais cessé de manifester pour une cause ou une autre. En 2011, je n’ai pas hésité un instant à rejoindre le mouvement du 20 février.

J’ai fait de même avec le Hirak du Rif en 2017, où je me suis senti directement concerné, malgré mon âge. Aujourd’hui, j’aimerais tant marcher à vos côtés.

Peut-être me sentirais-je un peu étranger parmi vous, vous qui avez l’âge de mes petits-enfants. Je ne sais même pas si vous m’accepteriez parmi vous. J’ai tenté de comprendre vos revendications en en parlant avec mes propres enfants, mais je dois l’avouer : je n’ai pas tout saisi. Certainement parce que que je reste un homme carré, façonné par un autre temps, un homme du passé.

Pourtant, croyez-le, mon cœur bat avec le vôtre.

Il bat toujours avec tous ceux qui refusent la résignation, l’humiliation et l’injustice. Ma solidarité va à toutes celles et tous ceux d’entre vous qui ont subi la répression, car vos blessures sont aussi les nôtres. Même absent, je vous soutiens pleinement. Parce que vous êtes l’avenir de ce pays, et c’est entre vos mains que se joue son destin.

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