2 ans, c'est l'âge de mon chômage.
Moi : 57 ans, mais pleine d'énergie et de joie de vivre (enfin... en apparence).
Ex-collab' parlementaire, licenciée pour refus de mutation, qui ne figurait pas dans mon contrat. Il y avait d'autres problèmes qui se sont amplifiés avec le temps. Burn-out pendant 3 ans, lorsque j'étais en activité, mais j'étais dans le déni total. En plus, comble du comble, en 8 ans je n'ai jamais vu un médecin du travail ! Mon député-employeur ne jugeait pas cela utile pour ses employés... ou alors, ignorait-il la loi ? !
Bref, ensuite je fais en juin 2019 une formation de formatrice en orthographe. Pour que les personnes qui sont amenées à rédiger à longueur de journée puissent écrire sans faire de fautes ! Je suis passionnée ! J'utilise la totalité de mon CPF pour ça, car la formation d'une semaine coûte plus de 2000 euros.
Après, galère de s'installer en micro-entreprise : paperasserie cauchemardesque pour moi, essai de compréhension de choses absconses dans le domaine administratif et fiscal. Et aussi : obligation d'avoir un numéro d'agrément (qu'on ne peut obtenir que si on a dispensé une 1re formation, mais on ne peut pas vendre nos formations si on n'a pas ce numéro d'agrément = le serpent qui se mord la queue).
Survient le Covid. Sidération. Les entreprises au point mort. Exsangues. Tous les interlocuteurs se sont évaporés, je ne peux joindre personne = 4 mois où rien n'est possible.
Puis le déconfinement, avec les conséquences économiques collatérales qui ont suivi. Les priorités ne vont pas à la formation des salariés.
Je démarche les organismes de formation, afin de m'adosser à leur structure, au moins dans un premier temps : accueil plutôt favorable, mais quand on entre dans le concret, rien ne suit, plus personne ne répond. On m'assure que mes formations correspondent à un besoin bien réel des administrations et des entreprises, mais ça s'arrête là. Puis les vacances d'été, où tout le monde essaie de se relever tant bien que mal. Puis la rentrée avec ses incertitudes, ses nouvelles contradictoires, qui entraînent une frilosité, ou du moins une espèce d'attentisme de la part de tous.
Résultat : démotivation totale. Confiance cassée. Découragement. Et pas le moyen de gagner ma vie. Ni l'objectif de pouvoir le faire dans un proche avenir.
Angoisse, dégoût, peur, déprime, panique même, avec tous les dégâts qui vont avec.
Pourtant, toutes mes séquences pédagogiques sont prêtes et archi-prêtes, j'ai beaucoup travaillé, en inventant des supports originaux. Je les avais testées en février en animant une formation sur un groupe de six personnes, et ça fonctionne très bien, les retours ont été très positifs. J'aime transmettre, dans la bienveillance et la bonne humeur, expliquer les choses simplement, c'est bien plus efficace ! Et on me reconnaît des compétences pédagogiques (ce qui n'est pas le cas de tous les formateurs !). Mes formations sont effectuées en présentiel (= problème avec distance physique, masques !), je ne m'appuie pas sur des Powerpoint ou autres supports froids ; mes cours sont plus humains, plus personnalisés, plus participatifs : plus vivants quoi ! Il y a aussi des petits exercices amusants en groupes ou en binômes. Ce fonctionnement n'est plus possible dans la situation actuelle.
Donc, la réalité, c'est que je ne peux pas travailler, alors que de mon côté tout est prêt.
Moral dans les baskets, plus que quelques mois d'indemnisation par Pôle Emploi (indemnisation très maigre ne me permettant pas de subvenir aux dépenses incompressibles, malgré mes privations de tout). Je ne sais plus quoi faire.
NB : procédure Prud'Hommes en cours depuis 2 ans contre mon ex-employeur, député LREM. Entre les multiples renvois demandés par la partie adverse (pour raisons fallacieuses), des centaines d'heures passées à finaliser mon dossier, la grève des avocats début 2020, puis le Covid, puis les vacances d'été, puis 2 nouveaux renvois demandés toujours par la partie adverse, rien n'a été jugé.
C'est le vide total. Pour moi, il n'y a pas de futur. Je ne sais pas ce que je vais devenir.
En tout cas c'est très mal parti. Parfois, je n'ai même plus envie de vivre tellement ce monde me semble de plus en plus inhumain, mortifère.