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Billet de blog 10 décembre 2024

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Brahim Ouchelh, les mémoires d’un révolutionnaire marocain

Brahim Ouchelh fait partie de cette  génération de Marocains, engagée à gauche, au début de l’indépendance. Il vient de publier ses mémoires. De la turbulente Libye où le kadhafisme se fait les dents à l’Algérie de Houari Boumediene, Ouchelh fût un acteur de faits majeurs. En raison de l’intérêt de ces mémoires, j’ai rédigé cette « lecture ».

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Note de l’auteur du présent article : les informations qui forment la charpente de cette lecture libre des mémoires de B. Ouchelh ne proviennent pas toutes de son récit. De même, les analyses d’ordre politique et/ou historique engagent la seule responsabilité de l’auteur de l’article

*

Brahim Ouchelh fait partie de cette  génération de Marocains, engagée à gauche, au début de l’indépendance. La dite génération flirte avec le nationalisme arabe notamment dans sa version pro-palestinienne et anti-américaine. Elle rêva, et même tenta de renverser, les armes à la main, la royauté incarnée à l’époque par l’absolutisme tout féodal de Hassan II.

Ouchelh vient de publier ses mémoires chez un éditeur à Paris1 où il vit depuis le milieu des années soixante-dix. Après plusieurs années passées dans la turbulente Libye où le kadhafisme se fait les dents et ne jure que par la Palestine et la révolution arabe, il s’installe pour quelque temps dans l’Algérie de Houari Boumediene, la Mecque de tous les révolutionnaires du Tiers monde. Et même de quelques têtes brûlées de ceux de l’Occident.

De la lutte armée

1971. En mission commandée, Ouchelh met le cap sur Tripoli. Il a à peine vingt six ans et brûle de passer à l’action, la « vraie». Car il lutte déjà dans le mouvement étudiant depuis son adolescence. Mais pour lui, organiser des réunions d’étudiants où l’on parle trop sans presque rien faire, c’est végéter, c’est faire du surplace. Or le « peuple » attend tout ou quasiment tout de ses intellectuels et autres Résistants. Un spécimen des premiers, objet de cet article, et un Résistant-en-chef incontesté, se rencontrent dans un bistrot à Paris. C’est le coup de foudre, politiquement parlant.

De fait, Brahim Ouchelh ne croit pas ses oreilles quand il apprend de l’un de ses jeunes camarades que le Che Guevara marocain, autrement dit Fqih Basri, cherche à le voir en personne. Condamné quatre fois à la peine capitale tant par la justice coloniale que par celle de Hassan II, le Fqih fait feu de tout bois pour abattre le régime de celui-ci. Le dynaste alaouite représente, à ses yeux, une féodalité moyenâgeuse, un « valet du colonialisme », qui plus est assassin de Mehdi Ben Barka.

Malgré les cinquante-cinq ans qui se sont écoulés depuis cette première rencontre, l’auteur la raconte comme si elle a eu lieu hier : « j’étais attablé dans un café près du métro Duroc à Paris, je vis le Fqih arriver le visage illuminé par un large sourire ­(…) Basri établit vite une relation d’amabilité et de confiance (…)­ Il prit soin de (me) révéler certaines informations de première main ­(…) Je m’engageais à ne pas révéler cette rencontre. Je rentrais dans le monde du secret. »

L’ayant rencontré à l’occasion de la sortie de son livre, Ouchelh du haut de ses 79 ans, et malgré son attitude critique envers certains choix politiques du Fqih, parle toujours de lui avec beaucoup de fierté et d’émotion. Ses yeux brillent et son débit s’accélère. Quelques soit ses défauts, il est l’homme des principes, toujours prêt à donner sa vie pour la cause du Maroc et de la Palestine. Ainsi comme il le raconte dans le chapitre XVII de son livre, Basri n’hésite pas à critiquer l’attitude belliqueuse de Saddam Hussein vis-à-vis de la révolution iranienne qui vient de renverser le Shah. Un autre « serviteur » du colonialisme et d’Israël à ses yeux. Il prononce ces critiques sévères (Ouchelh parle même de diatribe) à Bagdad, qui plus est, face à de proches collaborateurs du président irakien.

Mounif Errazaz, secrétaire général de la direction panarabe du Parti Baas à qui s’adresse Basri, répond sans convaincre personne, que les Perses et les Chiites sont les pires ennemis des Arabes. Il semble oublier que la majorité des Irakiens sont de confession chiite même si le gouvernement baathiste est d’obédience século-sunnite.

Basri défend bec et ongle la nécessité stratégique d’une alliance entre les « forces progressistes arabes », dont l’Irak de Saddam, et l’Iran révolutionnaire. Cela permettrait à ces forces de changer le rapport de force afin de mettre fin à l’expansionnisme israélien et la domination américaine sur le Proche-Orient. Pour le Fqih la chute du régime pro israélien du Shah est un acquis qu’il faut, coûte que coûte, s’efforcer de fructifier.

L’année suivante, de nouveau à Bagdad, la  délégation marocaine présidée par Basri et dont fait partie l’auteur, demande à revoir Errazaz. Leur interlocuteur officiel, disparaît sans répondre. Il revient quelque temps plus tard. Il leur fait visionner, dans leur propre salon, une vidéo qui fait froid dans le dos: on y voit Saddam Hussein égrener, devant une assemblée de plusieurs centaines, une liste de « traîtres » parmi les dirigeants importants du Baas et de l’Etat. Ceux-ci, livides, se présentent et reconnaissent les « faits ». Ils sont directement amenés vers le peloton d’exécution. On est en 1980, le dictateur irakien, qui s’assure secrètement le soutien américain (notamment en armement), se prépare à lancer une grande offensive contre l’Iran.

Kissinger dira plus tard que « notre intérêt est qu’ils (l’Irak et l’Iran) s’entre-déchirent » jusqu’à la fin des jours. De fait, cette guerre neutralise les deux puissances régionales belligérantes. Elle permet du même coup à Israël dirigé par le droitiste  Menahem Begin de lancer la guerre sanglante contre le  Liban à l’occasion du quinzième anniversaire de la guerre des Six-jours. Begin et son ministre en charge des armées, Ariel Sharon, réussissent, au prix de dizaines de milliers de victimes et la destruction partielle de Beyrouth, à déloger l’OLP et ses forces du Liban. La voie est ouverte vers l’accord brinquebalant  d’Oslo, la liquidation politique de l’OLP qui en résulte, et la montée en puissance du mouvement islamiste dans les territoires palestiniens occupés.

Mais laissons les tourments du  faux processus de paix et revenons au salon et à la vidéo. Est-ce une menace à peine voilée à la délégation marocaine ? Ouchelh, ne le pense pas. D’ailleurs Basri ne pourrait céder devant de tels procédés. C’est peut-être juste un conseil fraternel appuyé pour s’en tenir strictement aux choix de monsieur alkaïd almulham (guide inspiré, titre officieux de Saddam). Notre auteur, dégoûté, quitte le lendemain l’Irak. C’était la dernière fois qu’il y mettait les pieds.

Une révolution au Maroc avant le jour J

Au tout début de son engagement, Ouchelh pensait de la manière suivante à peu près : si les Marocains  avaient pu chasser le colon en si peu de temps et suite à quelques embuscades artisanales, comment se fait il qu’ils peinent tant à lever le doigt contre le « nouveau colon ». De fait, sa génération et notamment celle qui a le cœur à gauche, traitait le régime de Hassan II de néocolonial. Il symbolisait pour elle le sous-développement, l’injustice sociale et les accointances avec l’Occident impérial.

Finalement le 3 mars 1973, la révolution dont rêvent des milliers de Marocains depuis au moins une décennie, éclate. Des actes armés ont lieu dans plusieurs endroits du Maroc. Notamment dans le Moyen-Atlas près de Khénifra, et à Rabat. Le poste militaire de Moulay Bouazza est attaqué par les guérilleros dont certains camarades personnels de Brahim Ouchelh. Celui-ci reconnaît toutefois que, ni lui ni ses co-équipiers de la radio de Tripoli, n’étaient  au courant ni du jour J ni des derniers préparatifs opérationnels. D’ailleurs, comme tous les Marocains, ils apprennent l’information par les médias officiels du royaume.

Quel est donc le chef ou le commandant suprême de ces forces rebelles organisées sous forme de cellules à l’intérieur du pays ?

Plusieurs témoignages des acteurs de cet événement convergent : il n’y en a tout simplement pas. Même Basri, à partir de l’étranger, a agi, du moins jusqu’en 1973, comme un chef d’orchestre sans baguette. Il pensait que la partition suffisait. Cela dit, plusieurs personnalités fortes se dégagent du magma révolutionnaire qui semble encore en effervescence. On peut citer parmi ces leaders qui s’imposent par leur charisme et travail, Mahmoud Bennouna, Omar Dahkoun et Mohamed Oumeda. Mais même ces cadres aguerris n’ont d’influence directe que sur les militants de leur zone. Bennouna au Sud de l’Atlas, Oumeda parmi les tribus Amahzoun et Oukhouya…

Oumeda mérite une mention spéciale car il a une triple légitimité : en plus de son engagement très jeune au sein du mouvement indépendantiste pacifique, il a combattu le colonialisme les armes à la main durant les années cinquante, et c’est un homme de tribu très influent. Comme preuve de sa capacité de mobilisation, l’auteur écrit : « Oumeda  engagea dans ses rangs Oulhaj M. Amahzoun le (propre) beau-frère de Hassan II. Oumeda avait donc comme objectif d’armer des tribus entières ». Ouchelh reconnaît toutefois que la direction du mouvement n’a pas pris au sérieux Oumeda quand il avait commandé deux mille fusils durant les préparatifs révolutionnaires.

La réaction vive et rapide du roi Hassan II

Suite à la découverte de la bombe du théâtre Mohammed V et aux autres événements du début du mois mars, Hassan II déclenche une vaste opération contre-révolutionnaire aussi bien militaire et politique, que discursif et idéologique. Les dissidents, quelques soient leur position vis-à-vis de l’action armée sont traités de terroristes à la solde de l’étranger. Les civils qui ont le moindre rapport avec l’Unfp sont arrêtés, souvent soumis à la question façon Moyen-Age. Certains succombent à la torture. Des communautés et tribus entières auxquelles appartiennent des guérilleros sont mis sous haute pression. Selon la méthode traditionnelle appelée Alhayha, au moins plusieurs centaines de Marocains et Marocaines, sont utilisés comme boucliers pour débusquer les derniers guerriers planqués dans la montagne ou qui sont en fuite -direction l’Algérie.

Bennouna le chef des troupes révolutionnaires au Sud de l’Atlas se barricade dans une maison à Amellagou avec des camarades proches. Il tient en respect pendant cinq heures la troupe qui l’assiège. Il refuse de se rendre et meurt les armes à la main, le 5 mars 1973.

Comment se fait-il qu’une « révolution » qui se prépare depuis plusieurs années tourne aussi court, aussi rapidement ? Il s’agit même d’un véritable coup d’épée dans l’eau !

De fait, même les premiers responsables de l’organisation politico-militaire, et parmi eux l’auteur des mémoires objet de cet article, se posent jusqu’à aujourd’hui une telle question. Il y a eu sans doute un ou deux doubles agents qui ont vendu la mèche. Mais cela ne suffit pas, vu le nombre de cellules engagées, bien entraînées, savamment cloisonnées, et disséminées sur une bonne partie du territoire. Après avoir étudié quelques archives et mémoires d’acteurs et interrogé  plusieurs protagonistes qui incluent Ouchelh et Nafie ainsi que feu Bensaïd et Diouri, il me semble que c’est la bombe déposée intempestivement et à l’insu de l’état-major de facto, au théâtre Mohammed V de Rabat, qui a tout fait échouer. Comment ?

La radio et la télévision officielles en font grand état. Certaines cellules sautent les pieds joints dans un piège que peut-être personne n’a tendu. Elles considèrent la bombe comme le signal du déclenchement, dans les montagnes,  de l’insurrection armée. Celle-ci doit être accompagnée par des soulèvements populaires et des actes de sabotage en ville. La concomitance des deux actions vise à éparpiller les forces de sécurité. Les masses paysannes devant, in fine, submerger les centres urbains où se concentre l’État, mais qui sont démographiquement minoritaires, aussi bien sur le plan local que national.

Le dépôt de la bombe (acte irréfléchi ou provoqué par une taupe !) est en tous cas ultra contre-productif sur le plan politique et médiatique. Le régime s’en donne à cœur joie : les opposants quels qu’ils soient sont décrits comme des fauteurs de trouble et d’irresponsables même si l’un des commandants Omar Dahkoun déclare devant le tribunal que la bombe déposée audit théâtre était rendue inoffensive, ses fils de détonation ayant été sectionnés. Mystère.

De fait, la majorité des cellules aussi bien militaires que civiles ne bougent pas. Or le régime et sa terrible police politique accumulent des archives depuis une dizaine d’années sur des milliers d’activistes et des centaines de responsables locaux et nationaux de l’Unfp. A partir de la date du 3 mars, la sécurité ne fait pas dans le détail. Elle arrête, selon toute vraisemblance, les citoyens fichés et même ceux qui se sont éloignés de l’activisme politique.

La majorité des personnes présentées devant la justice n’ont rien à voir avec l’action armée. Toutefois personne d’entre elles ne se désolidarise clairement des membres arrêtés les armes à la main ou tués dans le combat. C’est dire la force de l’engagement et de l’identité du parti de Ben Barka. Cela dit, le gravissime faux-pas que représente la bombe du théâtre n’est pas la seule raison de l’échec.

Le caractère polycéphale de la structure révolutionnaire intérieure est hérité du caractère collégial strict de l’Unfp. De fait l’organigramme de ce parti comprend bien un secrétariat général (S.G.). Mais cette instance n’élit pas de secrétaire général. Ainsi Ben Barka n’était pas même Primus inter pares. Mais un simple membre du S. G. Cette collégialité intégrale qui paralysait la structure politique (Unfp), se révéla mortelle sur le plan militaire.

La majeure partie de la population était loin d’être enrégimentée ou même convaincue par l’option armée du courant révolutionnaire au sein de l’Unfp. Les dirigeants les plus en vue du parti et à l’exception notoire du Fqih ne se sont jamais déclarés explicitement en faveur du renversement armé du régime de Hassan II, même si certains d’entre eux maintenaient des liens  avec la fraction révolutionnaire.

L’Option révolutionnaire (OR), une organisation hétérogène

Ce n’est que quelques années après l’échec du 3 mars 1973 que la branche révolutionnaire extérieure de l’Unfp sent le besoin de mieux s’organiser. Elle prend le nom d’Option révolutionnaire. L’OR s’avère un groupe hétéroclite. D’une certaine façon, son chef, Basri, le personnifie aussi à ce titre. Car il semble lui-même flotter idéologiquement entre le marxisme et l’Islam, le panarabisme et l’humanisme universaliste, la liberté des mœurs personnellement affichée et le conservatisme moral identitaire.

De fait, au sein de l’OR coexistent plusieurs sensibilités idéologiques ainsi que des choix personnels parfois irréconciliables voire exclusifs. Ainsi un jour du mois de Ramadan , Ibrahim Makhouss, dirigeant Baathiste et ancien ministre syrien des Affaires étrangères, est invité par Fqih Basri à prendre le repas de rupture du jeûne avec lui. Makhouss débarque, une demi-heure environ  avant le coucher du soleil dans la grande villa algéroise, mise à la disposition du leader révolutionnaire marocain par le président Houari Boumediene. L’ancien ministre pique une date de sur la table et la déguste. Mal lui en prit.

L’un des militants de l’OR est présent. Il n’a jamais fréquenté d’école moderne.  Il remarque le « forfait » du dignitaire alawite. Il se met en colère et se dirige vers la cuisine. Il cherche frénétiquement quelque chose.

Alerté par l’énervement ostensible de son camarade, Ouchelh l’apostrophe :

- Mais qu’est-ce que tu cherches Hammouda2 ?

- Je cherche un poignard. Ainsi cette espèce d’impie nous respecterait mieux la prochaine fois.

Il faudrait dire, du moins à l’époque, que pour tout Marocain qui se respecte le jeûne du Ramadan est sacré. De même, Cheikh al Arab, dirigeant militaire du mouvement mais qui sera tué avant sa création officielle, imposait à ses subordonnés l’observance stricte des « devoirs » religieux.

De tels militants qui occupent parfois de hautes fonctions dans la hiérarchie organisationnelle, côtoient et travaillent quotidiennement avec des intellectuels agnostiques. Or ceux-ci ne résisteraient point devant une tranche de jambon ou un verre de gros rouge. En règle générale la coexistence se fait sans mal, car il y a un ciment fort qui soude tout ce personnel révolutionnaire : la haine de la « féodalité » et du despotisme qui règnent dans le pays.

En pleine révolution iranienne, Ouchelh convoite le siège du chef de la révolution

On est en avril 1979, autrement dit l’Iran est encore en pleine effervescence post-révolutionnaire. La fuite du Shah ne met pas fin à la violence dans les rues. La situation politique est encore confuse. Des affrontements sporadiques ont lieu dans quelques grandes villes entre les révolutionnaires et les troupes d’élite du souverain renversé. D’ailleurs la nuit, un pavillon de l’hôtel où Ouchelh et Basri sont logés, est emporté par un projectile RPG lancé apparemment par des éléments du Savak, la terrible police politique de l’ancien régime.

Basri et Ouchelh, invités de marque de la révolution, rencontrent les plus hauts dignitaires du nouveau régime. Ils passent même, une fois, la nuit chez l’ayatollah progressiste Montazeri, considéré comme le numéro deux de la structure politique en formation. Ils sont reçus également par des dirigeants de gauche tels Massoud Radjavi et la célèbre féministe et guérilléra -en-cheffe Ashraf Dehghani.

Alors que la mort tutoie encore tout le monde dans le pays, nos deux intrépides voyageurs se rendent à Qom, un haut lieu du shiisme iranien. On leur avait expliqué à mi-mot qu’ils seraient les hôtes d’honneur, aux côtés d’un important dirigeant de l’OLP, d’un rassemblement de solidarité avec les peuples palestinien et marocain.

Après un meeting dans une cour de médersa3 où les turbans aussi bien noirs que blancs4 dominent la scène, la petite délégation marocaine est invitée à se rendre dans une bâtisse traditionnelle à quelques encablures de là.

Se trouvant dans une grande pièce tapissée, de long en large mais sans chaises ou ce qui en tiendrait lieu, notre auteur se dirige vers un tapis. Celui-ci est replié de façon qu’il en devient un siège confortable. Le traducteur s’interpose sans explication aucune. Quelque temps plus tard la salle se lève en entier, les présents, hommes et femmes, crient des slogans religieux et politiques. C’est leur façon de souhaiter la bienvenue à l’imam suprême. Car il s’agit bien de l’Ayatollah Khomeini himself. Il vient saluer les représentants des peuples palestinien et marocain. Il s’assoie sur le siège qui attire irrésistiblement notre auteur.

Après l’allocution du guide de la révolution, Basri lui répond en arabe, langue que l’imam maîtrise parfaitement…

***

1 Brahim Ouchelh, Maroc : L’engagement d’une génération. Pour une nation libre et un peuple émancipé, Paris, Ed. Les Trois Colonnes, 2024.

2 Le nom a été changé pour des raisons évidentes 

3 La médersa est une école traditionnelle souvent réservée aux études secondaires et/ou supérieures

4  Les mollahs qui portent le turban noir sont des descendants du prophète Mohammed. Ceux qui portent le turban blanc sont des savants religieux.

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