Rien n'a été fait.
Depuis le début de cette pandémie, des évidences apparaissent : maintenir 25 élèves dans un espace confiné relève d'une prise de risque assumée. Si les plus jeunes de nos concitoyens semblent moins sujet à développer des formes graves de la maladie, celles et ceux qui continuent à les recevoir chaque jour afin "de préserver l'éducation de nos enfants" assument le fait d’être en contact rapproché avec le virus. Le premier ministre Jean Casteix l'a lui-même énoncé dans son intervention au soir du 6 décembre "la progression du virus s'est fortement accélérée chez les enfants de moins de douze ans, c'est logique car cette catégorie d’âge ne peut pas encore être vaccinée" ( si la charge virale semble diminuer chez les vaccinés, elles n'est pas pour autant annihilée...)
Rien n'a été fait.
48 950 c'est le nombre d’écoles en France. La majorité de ces écoles ne disposent pas de moyens de renouvellement d'air. Alors on ouvre les fenêtres. Beaucoup de bruit pour rien a été fait autour des capteurs de CO2, et après ? le capteur sonne, le taux de dioxyde de carbone est trop élevé, et après ? on ouvre les fenêtres ? Encore faut-il pouvoir les ouvrir, il fait froid dehors l'hiver. Des évidences. Alors le ministre de l'éducation national Jean Michel Blanquer a demandé aux Maires d'équiper leur établissements en capteur de CO2 et de purificateurs d'air, et ensuite, les enseignants ouvrent les fenêtres et attendent ? Et comment les Maires s'y retrouvent dans l'offre pléthoriques de ces capteurs, et à quoi bon, car si ils sonnent, qu'elle est la solution de replis ? Le virus a mis en avant la désuétude des salles de classes et les conditions insuffisantes de renouvellement de l'air dans ces espaces : 15 mètres cube par heures et par élève pour les écoles élémentaires, 18 pour les collèges et les lycées, combien de classes sont-elles aux normes ?
Rien n'a été fait, tout reste à faire.
Les maires sont en premières lignes sur ce front, lorsqu'ils ne sont pas à tailler les serments de vignes ou à couper les cheveux. Comment leur expliquer qu'ils pourraient tout simplement passer des accords-cadres avec des professionnels de la construction qui pourraient les accompagner dans leurs prises de décisions ? "Être architecte c’est être celui ou celle qui décide d’organiser la vie dans la cité, celui qui fait de la politique au sens le plus trivial du terme, celui qui essaie d’en définir les règles. Quand les règles ne correspondent pas aux lieux, les difficultés sont là. Quand les lieux ne correspondent plus aux règles ou aux usages, le malheur peut s’installer." Emmanuel Macron 24 mai 2019.
29 034 architectes étaient inscrits au tableau de l'ordre en 2021, à peine suffisant si l'on imaginait "une école, un architecte". Ces contrats de commandes publiques, sans mise en concurrence, ne seraient pas des contrats de maitrise d’œuvre à proprement parler, NON, ils auraient pour but de poser les problématiques et de définir les moyens à mettre en œuvre pour y remédier. Pour donner suite à ces accords cadre, la commande publique pourrait alors s’enchainer et les études ciblées être lancées, dans l'objectif d'aboutir à la réalisation de travaux orchestrés. OUI, des travaux écrits comme l'on écrit une partition, car les questions du renouvellement d'air dans les classes n'est pas la seule à mettre en musique : celle de la rénovation énergétique est aussi nécessaires à prendre en compte dans l'écriture de cette partition, un autre enjeu, et pas des moindre.
Tout reste à faire, et rien n'est fait.
En attendant, je demande à tous les enseignants dont les classes ne respectent pas les normes de renouvellement d'air d’exercer leur droit de retrait afin qu'ils arrêtent de mettre leur vie, celle des parents et celle des enfants, en danger. Cela permettra la prise de conscience collective de la nécessité d'agir sur la question de l’intérêt des politiques publiques à mener, aussi bien sur les questions de l'éducation que sur les questions de la santé de tous.
Hugues Beaudouin, Architecte,
Conseiller à l’Ordre des Architectes Occitanie,
Membre de Défense Profession Architecte.