Madame du b (avatar)

Madame du b

Abonné·e de Mediapart

218 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 octobre 2011

Madame du b (avatar)

Madame du b

Abonné·e de Mediapart

A l'occasion de la sortie de son premier roman "Juste avant" aux éditions Flammarion, rencontre avec Fanny Saintenoy

Madame du b (avatar)

Madame du b

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Fanny Saintenoy travaille au cabinet du Maire de Paris. “Juste avant” est son premier roman, qu’elle publie chez Flammarion.

MadameDuB.com : « Juste avant » est votre premier roman, qui témoigne d’évènements importants de votre vie. Qu’est ce qui a été premier chez vous, le besoin d’écrire un roman ou celui de témoigner de l’accompagnement d’une personne âgée vers la mort ?

Fanny Saintenoy : En fait j’ai toujours eu envie d’écrire, depuis que je suis petite, que j’ai quinze ans. Mais je sentais que pour pouvoir écrire réellement il me fallait en passer par coucher cette histoire sur le papier. Que je ne serais pas tranquille tant que je n’y serais pas arrivée. En fait les évènements dont je parle sont assez vieux, ils datent d’il y a dix ans ! J’avais commencé à écrire sur la vie de Juliette, déjà parce que son parcours est assez exceptionnel, et parce que je voulais faire quelque chose de beau avec toute cette douleur. J’avais commencé à écrire, avant qu’elle ne meure. Et puis elle est morte et je me suis interrompue. Je ne m’y suis remise que plus tard.

MadameDuB.com : Au-delà du témoignage vous pensez avoir envie d’écrire de la fiction après cette expérience ?

Fanny Saintenoy : Oui, c’est une idée que j’ai depuis longtemps. En fait comme j’ai écrit ce livre depuis un moment, j’ai eu le temps de concevoir d’autres idées de livres, à vrai dire les personnages que j’ai en tête m’accompagnent depuis si longtemps que j’ai l’impression qu’ils existent. Mais depuis « Juste avant » je n’ai pas beaucoup de temps, je m’y mettrai dès que possible.

MadameDuB.com : Votre livre est en quelque sorte une poétique de la fin de vie. Était-ce votre projet d’écriture initial, ou bien est-ce le travail d’écriture qui a rendu cela possible ? Avez-vous été surprise par le résultat final ?

Fanny Saintenoy : Oui c’est vrai. Quand j’ai commencé à écrire je ne voulais que témoigner de sa vie, même si je savais qu’elle s’acheminait vers la mort. Et puis c’est arrivé et j’ai réfléchi le livre différement. Mais c’est vrai que l’on me dit souvent que c’est un livre doux et apaisé. L’écriture m’a permis de faire un travail de réconciliation avec ce qui se passait. Ma mère est morte avant que je ne puisse achever la version finale du livre, mais lorsqu’elle a lu ce qui était à l’époque, elle a été bouleversée par ce que cela lui rappelait. Sans nul doute l’écriture aide dans ce processus d’acceptation.

MadameDuB.com : Votre histoire de famille a ceci d’original c’est que cinq générations de femmes ont pu se côtoyer. Vous sentez-vous dans un rôle de transmission, tant vis-à-vis de votre arrière grand-mère qui était la doyenne que vis-à-vis de votre fille que vous évoquez ?

Fanny Saintenoy : Non, pas vraiment, disons que je ne me sentais pas investie d’un rôle de transmission ou d’un devoir. Mais j’avais toujours eu cette envie d’écrire sur sa vie. Même si elle aurait sûrement été surprise, ou du moins cela l’aurait fait rire ou gênée. Ce n’était pas vraiment son genre. Mais c’est aussi touchant qu’il reste ainsi quelque chose d’elle. Dans ce sens oui je suis contente du phénomène de transmission. Je me rappelle que Juliette me parlait d’histoires et elle disait qu’elle était la plus ancienne à s’en souvenir. Et maintenant, depuis que ma mère est morte, c’est moi. C’est quelque chose que je n’ai pas réalisé tout de suite.

MadameDuB.com : Avez-vous eu besoin de faire des recherches historiques pour certains passages de votre livre ? On pense notamment à la vie du mari de Juliette qui était résistant. Ou bien était-ce là des histoires dont on parlait beaucoup dans la famille ?

Fanny Saintenoy : Beaucoup d’histoires étaient déjà connues en effet, on en parlait beaucoup dans ma famille. C’est en partie la raison pour laquelle je voulais écrire ce livre. Ensuite comme je le raconte, j’ai fouillé dans les affaires de Juliette et j’ai trouvé beaucoup de documents. Par exemple j’ai trouvé un jour cette carte postale de l’Exposition Universelle, et à partir de là j’ai imaginé la visite de Juliette. Mais après j’ai imaginé beaucoup de choses. Ce qui est étonnant d’ailleurs car maintenant que ces personnes ne sont plus en vie, j’ai l’impression qu’elles existent autant comme personnages de fictions que comme souvenirs…Il n’y a comme qui dirait plus personne pour me contredire…Quand à mon arrière grand-père, je ne le connaissais pas. Il a disparu à Buchenwald et on ne saura jamais ce qu’il est devenu. C’est un peu grâce à ce livre que j’ai pu vraiment faire connaissance avec lui.

MadameDuB.com : Votre livre transmet une vision parfois difficile de la maison de retraite et de la solitude qui y règne. Aviez-vous l’intention de témoigner de la difficulté de ce passage de la vieillesse ?

Fanny Saintenoy : Disons que ce n’était pas mon intention première, mais c’est vrai que d’aller visiter Juliette là-bas était parfois difficile, et c’est quelque chose que nombreuses familles ont connu aussi. Après, tout le monde ne vit pas ça mal pour autant, c’est juste que Juliette ce n’était pas vraiment son truc, c’était difficile, même si après elle n’en n’a pas vraiment souffert outre mesure.

MadameDuB.com : Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré ?

Fanny Saintenoy : Je lis surtout des classiques. J’ai lu Jorge Semprun récemment et cela m’a touché de me dire qu’il a peut-être connu à Buchenwald mon arrière grand-père !

Plus de rencontres et de livres sur www.madamedub.com

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.