
Dimitri Bortnikov est un immigré russe qui vit à présent à Paris. « Le syndrome Fritz » narre les souvenirs d’un clandestin. Malade, cloué au lit, il divague, se rappelle et interpelle ses souvenirs, retrace le parcours d’une vie multiple, dense et dure. Un parcours chaotique, mais riche, vivant, écorché, passionné…
Fritz est un enfant seul et taciturne. Obèse, moqué, il prend la manie de devenir le « Bouffon », se cacher derrière un personnage grotesque pour pallier aux moqueries de son grand-père alcoolique ou au violences de son père qui le méprise. Ironie de la vie, la seule à l’aimer profondément est une vieille grand-mère aveugle. Repoussé par les siens qu’il fuie, Fritz se lie à des figures de La tragédie rien à foutre! On était trop jeunes et trop affamés pour elle. Nous on voulait vivre. C’était ça, ce que clamaient nos veines tranchées, nos mâchoires éclatées, nos furoncles sanguinolents. On suppliciait nos corps parce qu’on crevait la dalle de vivre, la nuit surtout. Et quand on perdait la boule, personne n’y croyait ».
Véritable volonté de puissance, force d’affirmation, la dernière partie tranche avec la précédente par son positionnement et son style. C’est là la force de l’écriture de Bortnikov, qui s’adapte avec talent aux exigences de la narration et à l’évolution du récit. Seule note négative, la fin, qui, originalement peut être, ne boucle pas le récit.
Un livre excellent, dont la force de l’écriture plaira à beaucoup d’amateur de la puissance de la littérature russe.
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