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Billet de blog 26 septembre 2012

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Le sulfureux Tim Willocks explore le monde carcéral dans un polar noir réédité chez Sonatine

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Quelle bonne idée de la part de Sonatine d’avoir ressorti des cartons ce livre de Willocks. Intitulé « l’odeur de la haine » et rebaptisé « Green River » pour sa ressortie, voici le deuxième roman de Tim Willocks (1995). L’auteur est revenu à la mode ces dernières années avec la parution de « La Religion » : un fabuleux roman historique sur fond de guerre de croisade narrant avec une précision diabolique le siège de Malte en 1565(sans aucun parti pris dans la mesure ou le personnage principal alterne en permanence entre les deux camps) : épique, violent, furieux je pourrais en dire beaucoup plus mais je me cantonnerais à seulement de le recommander vivement  tout comme la majorité des écrits de cet homme (ses polars lugubres, limite gothiques sont excellents également). Et pour en finir avec la Religion, j’adresse un message clair aux Editions Sonatine : j’attends de pied ferme la traduction et parution des deux suites des aventures de Tannhauser (trafiquant d’armes et d’opium !!) !!!!

Revenons à notre rivière verte… Roman carcéral par excellence peuplé de taulards impitoyables, sanguinaires et fêlés du ciboulot. Certes le huis clos et de surcroit dans une taule est un sujet, une déclinaison énormément traitée, vue et revue, lue et relue mais celle-ci sort vraiment de l’ordinaire.

Comme d’habitude il y a un petit groupe de méchants « gentils » taulards dans le lot et parmi eux on retrouve le médecin Klein emprisonné depuis quelques années déjà et sur le point de sortir ainsi que la  jeune psychiatre de la prison Devlin enfermée parmi ses brutes par hasard. Malheureusement une émeute éclate juste avant sa libération et vous imaginez bien que les dernières heures du « doc » vont être plus compliquées et laborieuses que prévues au sein de la prison de haute sécurité la plus ancienne et dure du Texas…

Sur le papier je dois reconnaître que le pitch peut paraître tout à fait classique, usé jusqu’à la corde et c’est vrai !! Seulement Willocks, de profession psychiatre insuffle tellement de profondeur et de psychologie à ses multiples personnages que le roman en devient réellement passionnant de bout en bout.

Entre le docteur Klein  tiraillé entre survie et aide de son prochain, Abott le fou furieux mystique qui entend des voix plus ou moins divines, Angry le patron blanc des truands qui s’auto érige en véritable homme d’affaire à la tête d’un business extrêmement lucratif et qui n’a plus rien à perdre (quelques millions de dollars par an de CA !!!) de magazines de cul, dope et autres saloperies indispensables à cette population bien particulière et Wilson : la champion de boxe piégé par la mafia et condamné à moisir à Green River pour un crime qu’il n’a pas commis ; et j’en passe mais ca n’est pas triste !!

Le roman est parsemé d’injures plus ou moins raciste, raciales et les dialogues sont souvent crus et très vulgaires (pour plus de réalisme se justifierait sans doute l’auteur). Une fois l’émeute démarrée blancs et noirs s’entretueront avec joie, latinos et juifs également, bref la guerre sera totale et seuls les plus féroces ou les plus malins auront une chance de survie… Mais le plus fou et psychotique des personnages est sans doute ailleurs…

Pour une découverte en profondeur de l’univers carcéral américain je recommande vivement Green River mais gare aux âmes sensibles : le livre est dur et sans concession, la logique de domination raciale et sexuelle est permanente et peut dégouter plus d’un lecteur. Moi j’ai adoré…

 Retrouvez toutes nos critiques sur www.madamedub.com et notre maison d'éditions www.dubeditions.com 

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