
Ce livre est une enquête sur le passé, sur le parcours d'un homme, mais aussi sur une période trouble de l'histoire. Comment parvenir à traiter deux dimensions aussi fortes? A la fois la famille, le champ du personnel, et l'Histoire, la guerre? Comment passer d'un sujet à l'autre et surtout comment les lier dans le travail de mémoire et d'écriture?
Le passage de l'individu à l'Histoire est nécessaire puisque l'idée du livre est que nous sommes toujours, à tout moment, pénétrés par l'Histoire. En l'occurrence, le destin de David Wagner est significatif de cette période et de même le narrateur est héritier, comme nous tous, de cette période.
Après tout ce travail de réflexion et de recherche, comment situez-vous l'origine du mal? Est-elle banalement humaine, donc d'autant plus dangereuse qu'elle n'appartient pas à une anomalie exceptionnelle de l'histoire mais bien à un penchant de la civilisation ? Ou bien est-elle un fait terrible et unique dont nous ne pouvons qu'espérer ne plus jamais en voir la résurgence?
Cette question ne peut avoir de réponse et c'est bien pourquoi elle est intéressante. Nous ne pouvons que rôder autour de cette question, encore et toujours, en tâchant de réduire certaines causes évidentes (misère, ignorance...) en sachant néanmoins que le Mal existe aussi dans les meilleures conditions. Mais si nous connaissions l'origine du Mal, nous pourrions le guérir. Or, personne n'en est capable parce qu'il n'y a pas d'explication unique et parce qu'il reste toujours, même une fois démêlées les causes explicables, un mystère impénétrable
Quelle est la part entre éléments biographiques et éléments de fiction? Ou bien est-ce que comme tout bon magicien il ne vous faut pas révéler ce genre de source?
Tout est fait pour tisser un lien autobiographique avec le lecteur, pour que celui-ci croie à la vérité de tous les faits parce-que la lecture autobiographique me semble établir un lien plus fort que la lecture romanesque. Mais du partage exact de la vérité et de la fiction, je suis heureusement seul juge.