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Billet de blog 4 janvier 2023

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Des mesurettes au goût amer...

Mr Ndiaye souhaite voir des enseignants du primaire intervenir à hauteur d'une heure hebdomadaire auprès des 6ième en difficulté scolaire en français. De prime abord, cette mesure semble de bon sens. Mais quand on connait le milieu de l'éducation, on en pressent les effets délétères

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Mr Ndiaye souhaite voir des enseignants du primaire intervenir à hauteur d'une heure hebdomadaire auprès des 6ième en difficulté scolaire en français. De prime abord, cette mesure semble de bon sens. Mais quand on connait le milieu de l'éducation, on en pressent les effets délétères.

Le signal envoyé aux enseignants du secondaire est que les difficultés relatives à la lecture et à l'écriture ne les concernent pas, qu'ils n'auraient pas les compétences pour mettre en œuvre des dispositifs efficaces en direction des élèves concernés. C'est une externalisation de la difficulté de ces élèves. On les place en dehors du champ des prérogatives du collège. Le risque est le désengagement des professeurs de français à qui on ne donne pas les moyens d'agir. Le message implicite serait que ces difficultés là ne les concernent pas, qu'ils y peuvent finalement peu de choses. De plus, face à des élèves, installés au fil des années dans des difficultés lourdes et durables, la mesure est insuffisante et apportera peu.

Les mauvais résultats aux évaluations nationales récurrentes et durables  montrent que nous sommes dans une rupture générationnelle qui, en mon sens, ne peut être seulement imputée au système scolaire mais probablement à la façon dont globalement l'enfance se vit en France dans nos sociétés aujourd'hui. Les causes sont multifactorielles et doivent être approchées dans leur complexité. Ne pas interroger cela, c'est ne pas prendre en compte le problème structurel auquel nous sommes confrontés  en tant que parents, éducateurs, enseignants. Bref, comme souvent, l'enjeu est certainement bien plus profond qu'il n'y parait. Donner à moudre aux personnels des "mesurettes" est énergivore, inefficace et mène à terme à l'épuisement et au désespoir des acteurs qui ont le sentiment d'avoir fait beaucoup pour peu de résultat... 

Hélène Hérin

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