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Billet de blog 20 novembre 2025

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Un vaste scandale de corruption secoue l’énergie ukrainienne

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Kyiv traverse une nouvelle tempête politique. En pleine guerre, alors que l’Ukraine tente de rassurer ses partenaires occidentaux sur l’usage des fonds qui lui sont accordés, une affaire de corruption dans le secteur énergétique vient tout bouleverser. Une de plus, diront certains.

Selon les informations relayées par Reuters et le Kyiv Independent, le Bureau national anticorruption (NABU) a mis en examen, le 11 novembre, sept personnes soupçonnées d’avoir monté un système criminel autour de contrats énergétiques. Parmi les noms qui ressortent : l’homme d’affaires Timur Minditch, mais aussi l’ex–vice-Premier ministre Oleksiy Tchernychov, ce qui donne immédiatement à l’affaire une dimension politique.

La suite des événements n'a pas tardé. Le ministre de la Justice Herman Galouchtchenko a été limogé, un acte qui doit être entériné par le Parlement, tout comme la démission attendue de la ministre de l'Énergie Svitlana Grynchtchouk. Une double démission qui retentit fortement dans un pays en pleine guerre.

Ce scandale arrive dans un climat déjà très chargé. Comme l’ont souligné AFP et Reuters, une partie de la population ukrainienne se dit fatiguée de voir revenir les mêmes affaires malgré les promesses répétées de « tolérance zéro ». Et pour les partenaires occidentaux (qui financent une bonne partie de l’effort de guerre), cette affaire tombe au pire moment.

Certains analystes, notamment dans Politico ou Foreign Affairs, voient dans ce scandale le reflet des tensions entre Washington et certaines capitales européennes concernant la gestion de l'après-guerre en Ukraine. Cependant, aucune source internationale sérieuse n'affirme que les États-Unis auraient spécifiquement orchestré cette affaire pour influencer les Européens.

Que ce soit dans les déclarations de l’Union européenne ou celles de la mission de l’ONU en Ukraine, le message est sensiblement le même : en période de guerre, la crédibilité de l’État passe par l’indépendance de ses institutions anticorruption. Les partenaires occidentaux observent de près, et ils ne font pas mystère de leurs attentes.

Prochaine étape : la Défense ? Le Kyiv Independent a déjà évoqué l’existence de premières investigations autour de contrats liés à l’armée. Le texte initial avance que le ministère de la Défense pourrait être le prochain sur la liste.

Pour l’heure, aucune grande agence internationale n’a confirmé que le NABU allait officiellement ouvrir un dossier de cette ampleur. Mais compte tenu des polémiques révélées en 2023 sur des achats militaires à prix gonflés, cette possibilité n’a rien d’invraisemblable.

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