Z comme Zoo
Bienvenue au cirque des animaux
Je vais te conter une fable
Ouvre bien tes écoutilles c’est essentiel
Ça raconte les dernières élections présidentielles
Et oui
Cela n’a pas toujours été comme aujourd’hui
Il fut un temps où l’on pouvait encore s’exprimer
Avant que la presse et le pays tout entier
Ne soit acheté et bâillonné.
Assis loin du débat,
Le Paon ne s’enquit pas
De prêter l’oreille aux revendications
Des autres animaux en réunion.
Trop occupé à se pavaner
En bon médiateur des pourparlers
Rendre compte aux électeurs
Ou jouer à l’influenceur ?
« Pas de débat, pas de mandat »
Scandent plus loin les candidats.
Au centre du forum, bien installé
Le serpent crache son venin empoisonné
« Ils n'ont rien à faire ici, il faut les renvoyer ! »
Son bouc-émissaire est désigné.
L’araignée abasourdie par ces sifflements
Entend bien reprendre sa place d’antan
« La lutte contre l’immigration
C’est ma ligne politique, ma proposition. »
D’un pas boiteux approche la pie
Se tourne vers le serpent et dit :
« L’immigration zéro, personne ne l’a faite
Et personne ne la fera jamais »
Ça y est, le cirque a démarré.
Injures et propos calomnieux
"C’est un zoo, pas une basse-cour ! »
Intervient le coq furieux
« Le problème pour moi c’est la répartition du blé
Que le Paon et ses copains se gardent de partager
Et vous Madame, qu’est ce que ça vous fait
D’avoir un million d’euros en action placé
Dans une entreprise que je vais nationaliser. »
La pie prise à la gorge s’approche
Et d’un ton hésitant, balbutiant reproche
« Vous ne savez que hurler
L’agressivité ça vous connait
Un coq colérique ne pourrait donner qu’une chose ;
Un président monarchique. »
Le brouhaha se poursuit
Et sur l’occasion saute la brebis
« Ami des dictateurs, coq moralisateur
Vous n’aurez ni mon soutien ni mon vote
Je veillerai à ce que jamais vous ne soyez vainqueur. »
« Ces élections, c’est un jeu ! »
Enchaine le ver après avoir renvoyé sa numéro deux
« Nous devrions nous inquiéter du climat
C’est la vraie priorité du débat. »
Le bouc se lève et rétorque
« C’est lourdement que vous vous trompez
Parce qu’avec le ventre vide personne n’ira sauver
Ni la planète, ni la société.
Si vous voulez vraiment que ça bouge
La recette est simple :
Un bon steak et du vin rouge. »
À ce moment précis
Le porc entre dans la salle
Et entame son récital
Il est pâle, a-t-il perdu l’appétit ?
Peut être parce que comme le serpent et d’autres avant lui
Son geste déplacé fait les gros titres
Il aurait mieux fait de rester derrière son pupitre.
Plus certain d’être candidat
Il grogne tristement
« Il est un moment Où vous ne pouvez plus faire semblant. »
Mais attendez Il en manque encore trois !
Le cafard, la fourmi et le chien
Oubliés ou pas invités Je ne sais pas bien.
« Si si, je suis présent C’est un complot ! »
Le cafard démarre son numéro.
« Debout le Zoo doit se lever Souverain il va rassembler. »
Le chien rejoint ce colloque peu glorieux
« C’est parce que je n’ai pas de cravate que je ne suis pas pris au sérieux
Votre mépris social condescendant
Je reconnais bien là le crédo des dominants
Mais tous entendez mes aboiements
Le peuple reconnaitra celui qui ment. »
La fourmi se greffe à son discours
En arrière plan grandit le bruit des tambours
Ouvrière en lutte c’est au pouvoir qu’elle s’adresse
« Les petits candidats sont en détresse. »
Il est difficile de voter
Quand aucun des candidats n’est à votre gré
La faune arrivera-t-elle à endiguer
L’abstentionnisme général
Vis à vis des listes électorales ?
Des animaux désespérés
Que jamais leur sort ne puisse s’améliorer.
Vielle Dame Démocratie
Est en proie à une lourde maladie.
Apprenez que tout menteur vit aux dépens de celui qui le croit
Cette leçon vaut bien un débat.